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olympiques. Les uns y tiennent boutique, et ne songent qu'à leur profit; les autres y paient de leur personne, cherchent la gloire; d'autres se contentent de voir les jeux, et ceux-là ne sont pas les pires.

Les Orientaux, bien que très-voluptueux, sont tous logés et meublés simplement. Ils regardent la vie comme un voyage, et leur maison comme un cabaret. Cette raison prend peu sur nous autres riches, qui nous arrangeons pour vivre toujours.

La richesse endurcit le cœur aussibien que le corps; elle accoutume au sang, à la cruauté. On a fait Diane ennemie de l'amour, et l'allégorie est trèsjuste; les langueurs de l'amour ne nais sent que dans un doux repos: un violent exercice étouffe les sentimens tendres. Dans les bois, dans les lieux champêtres, l'amant, le chasseur sont si diversement affectés, que sur les mêmes objets ils portent des images toutes différentes. Les ombrages frais, les bocages, les-doux asyles du premier, ne sont pour l'autre que des viandis, des forts, des remises, où l'on n'entend que rossignols, que ramages, l'autre se figure les cors II. Partie.

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t les cris des chiens; l'un n'imagine ¡ue dryades et nymphes, l'autre piqueurs, meutes et chevaux.

L'abus de la toilette n'est pas ce qu'on sense, il vient bien plus d'ennui que de vanité. Une femme qui passe six heures i sa toilette, n'ignore point qu'elle ne ort pas mieux mise que celle qui n'y passe qu'une demi-heure; mais c'est autant de pris sur l'assommante longueur du tems, et il vaut mieux s'amuser de

soi que de s'ennuyer de tout.

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La langue française est, dit-on, la: plus chaste des langues; je la crois, moi, la plus obscene: car il me semble que la chasteté d'une langue ne consiste pas à éviter avec soin les tours déshonnêtes, mais à ne les pas avoir. En effet, pour les éviter, il faut qu'on y pense; et il n'y a point de langue où il soit plus difficile de parler purement en tout sens que la française. Le lecteur toujours plus habile à trouver de sens obscenes, que l'auteur à les écarter, se scandalise et s'effarouche de tout. Comment ce qui passe par des oreilles impures ne contracteroit-il pas leur souillure? Au contraire, un peuple de bonnes mœurs a dest termes propres pour toutes choses; et

ces termes sont toujours honnêtes parce qu'ils sont toujours employés honnêtement.

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Consultez le goût des femmes dans les choses physiques, et qui tiennent au jugement des sens, celui des hommes dans les choses morales, et qui dépendent plus de l'entendement. Quand les femmes seront ce qu'elles doivent être, elles se borneront aux choses de leur compétence, jugeront toujours bien; mais depuis qu'elles se sont établies les arbitres de la littérature, depuis qu'elles se sont mises à juger les livres, et en faire à toute force, elle ne se connoissent plus à rien. Les auteurs qui consultent les savantes sur leurs ouvrages, sont toujours sûrs d'être mal conseillés; les galans qui les consultent sur leurs parures, sont tou jours ridiculement mis.

La meilleure maniere d'apprendre à bien juger, est celle qui tend le plus à simplifier nos expériences, et à pouvoir même nous. en passer sans tomber dans l'erreur. D'où il suit qu'après avoir longtems vérifié les rapports des sens l'un par l'autre, il faut encore apprendre à vérifier les rapports de chaque sens par lui-même, sans avoir besoin de recourir

à un autre sens; alors chaque sensation deviendra pour nous une idée, et cette idée sera toujours conforme à la vérité.

On croit que la physionomie n'est qu'un simple développement des traits déja marqués par la nature. Pour moi, je penserois qu'outre ce développement, les traits du visage d'un homme viennent insensiblement à se former, et prendre de la physionomie par l'impres sion fréquente et habituelle de certaines actions de l'ame. Ces affections se marquent sur le visage, rien n'est plus certain, et quand elles tournent en habitudes, elles y doivent laisser des impressions durables. Voilà comment je connois que la physionomie annonce le caractere, et qu'on peut quelquefois juger de P'un par l'autre, sans aller chercher des explications mystérieuses, qui supposent des connoissances que nous n'avons pas.

Pour vivre dans le monde, il faut savoir traiter avec les hommes; il faut connoître les instrumens qui donnent prise sur eux, il faut calculer l'action et réaction de l'intérêt particulier dans la so ciété civile, et prévoir si juste les évé memens, qu'on soit rarement trompé

dans ses entreprises, ou qu'on ait du moins toujours pris les meilleurs moyens pour réussir.

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L'attrait de l'habitude vient de la paresse naturelle à l'homme, et cette paresse augmente en s'y livrant on fait plus aisément ce qu'on a déja fait, la 'route étant frayée devient plus facile à suivre. Aussi peut-on remarquer que T'empire de l'habitude est très-grand sur les vieillards et sur les gens indolens très-petit sur la jeunesse et sur les gens vifs. Ce régime n'est bon qu'aux ames foibles, et les affoiblit davantage de jour en jour. La seule habitude utile aux enfans est de s'asservir sans peine à la nécessité des choses, et la seule habitude utile aux hommes, est de s'asservir sans peine à la raison. Toute autre habitude est un vice.

L'existence des êtres finis est si pauvre et si hornée, que quand nous ne voyons que ce qui est, nous ne sommes jamais émus. Ce sont les chimeres qui ornent les objets réels; et si l'imagination n'ajoute un charme à ce qui nous frappe, le stérile plaisir qu'on y prend se borne à l'organe, et laisse toujours le cœur froid.

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