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presse et l'y oblige, la Sublime Porte n'est-elle pas forcée aussi de mettre en avant, avec raison, l'affaire de l'Asie, dont l'exécution est différée sans motif depuis la conclusion de la Paix? Ces particularités bien fondées sont également rapportées à la sagesse consommée des amis doués de droiture et de justice.

Aux réponses que le Ministère Ottoman a données à ce que la Cour de Russie dit, touchant son exactitude à remplir les Traités, il est obligé d'ajouter ce qui suit: Le IIme Article du Traité de Cainardgé, conclu entre la Sublime Porte et la Cour de Russie, lequel regarde l'extradition des Transfuges, stipule expressément que, dans le cas que, parmi les Sujets respectifs, soit Musulmans, soit Chrétiens, il s'en trouvera qui, ayant commis quelque délit, se seront réfugiés auprès de l'une des Puissances Contractantes, dans quelque intention que ce puisse être, sur la demande qui en sera faite, de pareils Individus seront rendus sans délai. Cependant, lorsque le ci-devant Prince de Moldavie, Michel, ce méchant, le Premier Complice d'Ypsilanti, qui, venu de la Russie, a été le moteur de cette grande Rébellion, a passé en dernier lieu en Russie, avec ses Adhérens, la Cour de Russie les a accueillis, et les a pris sous sa protection.

Se fondant sur les Traités, et dans l'intention de faire disparaître le danger qui s'oppose actuellement à la nomination des Princes, la Sublime Porte a demandé et réclamé avec justice leur extradition, et elle a donné des explications sur le pour et le contre. De longues discussions s'en sont suivies, ce qui n'a pu qu'augmenter le danger susmentionné. En attendant, la Cour de Russie, parlant de générosité (chose qu'on ne trouve pas dans les Articles du Traité), a pris les Transfuges sous sa protection.

Or, le fait est que quand même, ainsi que Monsieur l'Ambassadeur l'a notifié dans sa Conférence, l'éloignement desdits Transfuges des Frontières, et leur demeure dans quelque endroit comme Caradgià, seraient opérés par la Cour de Russie, dès que leur extradition n'a pas eu lieu, l'union des Grecs qui se sont réunis en Nation générale, et embrassant chacun des Individus de cette Nation qui se trouvent dans toutes les parties de l'Empire Ottoman, la nouvelle de cette Confédération ayant couru dans tout l'univers, et le bruit s'étant généralement répandu que la Cour de Russie paraissait les protéger; voilà les motifs du retard qu'a éprouvé jusqu'ici le rétablissement de la tranquillité générale, et de la parfaite sûreté que l'on désire.

L'acte de la Cour de Russie, de persister là-dessus, est-il conforme aux désirs que les Traités soient exécutés, la tranquillité générale conservée ?

Et la Sublime Porte en consentant, malgré les inconvéniens cidessus, à mettre pour à présent cette question de côté, comme cela est déclaré dans la Note précédente, a-t-elle donné une forte preuve

de son attention soigneuse pour son amitié avec la Cour de Russie, et pour la tranquillité générale qui forme les vœux de tout le monde, ou non ?

Voilà encore de ces points que l'on remet au discernement et à la confirmation des véritables Amis qui ont en partage la sagacité et la discrétion.

En 3melieu, Monsieur l'Ambassadeur a dit que l'opinion de l'Europe se réduit à ceci : Qu'une fois les Stipulations concernant les deux Provinces exécutées, il ne sera pas plus tôt publié que la Paix entre la Sublime Porte et la Cour de Russie a été raffermie, que la révolte des Grecs s'apaisera d'elle-même.

Cette opinion est contraire aux considérations de la Sublime Porte qui connaît de science certaine, et voit clairement dans l'évacuation des deux Provinces et dans la nomination des Hospodars, aujourd'hui que la Rébellion des Grecs n'est pas encore réprimée, les conséquences à craindre et les préjudices sur lesquels elle s'est déjà expliquée.

En effet, la Rébellion ayant éclaté dans une époque où les Hospodars des deux Provinces étaient à leurs places, maintenant cette rébellion s'apaisera-t-elle simplement en évacuant les Provinces et en nommant des Princes, ou bien prendra-t-elle plus de consistance, comme si elle ne faisait que commencer, et les Rebelles acquérant plus de force, et enhardis plus que jamais, se livreront-ils, d'après l'esprit qui les anime, à de nouveaux actes de révolte ?

Cette remarque, qui doit frapper tout homme éclairé, a été développée d'une manière détaillée dans la Conférence, pour servir de réponse à ce que M. l'Ambassadeur avoit avancé.

Si la Cour de Russie cherchait à consolider ses relations pacifiques avec la Porte Ottomane, par l'exécution des points que celle-ci a demandés, savoir: l'évacuation des Frontières de la Sublime Porte en Asie, et l'extradition des Transfuges, c'est alors qu'il serait porté un coup terrible à la Rébellion des Grecs, qui verraient les bonnes intentions que la Cour de Russie eut témoigné en faveur de la Sublime Porte, en exécutant ses engagemens.

Mais, quant à l'exécution d'un point tel que celui qui concerne les deux Provinces, cette exécution, dont les conséquences seront exclusivement en faveur des Grecs et contre la Sublime Porte, fera-t-elle cesser cette Rébellion opiniâtre, ou bien l'augmentera-t-elle davantage ? Cela aussi n'admet point de doute.

Enfin, c'est une chose généralement reconnue, que la médiation entre deux Gouvernemens consiste à péser justement les prétentions des deux Parties, et non à prendre la défense de l'une et à contraindre l'autre.

Le Ministère Ottoman croit donc devoir donner aux Communications faites comme ci-dessus, par M. l'Ambassadeur, notre Ami, au nom' de toutes les Cours Amies, la réponse suivante fondée sur la raison :

Si le véritable but que les Cours Alliées et Amies se proposent, est la pleine exécution des Traités existans entre les Puissances, c'est là le principe aussi de la Sublime-Porte elle-même. Et si l'objet de leurs vœux salutaires est le maintien de la tranquillité générale parmi les Nations, le Gouvernement Ottoman déclare qu'il y est plus porté qu'aucune autre Puissance; et ce qu'il avance a été démontré par un grand nombre de preuves qu'il en a données dans les temps passés.

La Sublime-Porte, pour prouver encore la sincérité est les bonnes intentions qu'elle professe, soit dans les discussions concernant les deux Provinces, soit au sujet du raffermissement de la Paix avec la Cour de Russie, qu'elle regarde toujours comme étant en paix et en amitié avec elle, donne ici le résumé suivant:

Les excuses valables et les inconvéniens qu'il y a (inconvéniens qui affectent visiblement l'état de la Nation) à évacuer, dès ce moment, les deux Provinces et à élire et nommer publiquement des Princes, existent réellement.

Le nombre des Troupes Ottomanes qui sont actuellement dans les Provinces n'est rien moins que suffisant à pouvoir s'opposer, en cas de besoin, aux Troupes de quelque Puissance que ce puisse être; et il y a dans la circonstance même que le nombre en est très-petit, une preuve évidente qu'elles ne sont là que pour défendre le Pays contre les Rébelles qui, tant au dedans qu'au dehors, ne cherchent qu'une occasion favorable, et qu'il n'y a dans leur demeure dans les deux Provinces aucune vue cachée.

Les deux Provinces étant une propriété de la Sublime-Porte, il est clair qu'elle est obligée de les maintenir en état de sûreté.

Enfin, il est positif que la Sublime-Porte, ainsi qu'il est dit dans sa Note précédente, terminera cette affaire dès l'instant qu'une parfaite sûreté sera rétablie, ce qu'avec l'aide du Tout-Puissant on espère et on attend très-incessamment.

Et comme il est requis et exigé qu'en toute occasion les Habitans et les Pauvres desdits Pays soient protégés et défendus d'une manière convenable, on a retiré dernièrement la plus grande partie des Troupes, de l'Artillerie et des munitions, et dorénavant on s'occupera de même à diminuer et à réduire, autant que possible, le nombre des Troupes. Aucune espèce de violence, la moindre vexation ne sera faite aux Habitans et aux Rajas des Provinces, d'après les ordres rigoureux publiés par des Commandans Suprêmes, émanés consécutivement.

En considération des Stipulations conclues avec la Cour de Russie, la Sublime-Porte fera gérer, comme cela se pratique aujourd'hui, les affaires qui compètent aux deux Principautés par les Caïmacams nommés parmi les Grecs.

Enfin, comme il n'y a pas d'autre mesure qui puisse contribuer à la Paix générale et à produire une parfaite tranquillité que celle de différer pour un très-court espace de temps encore l'évacuation totale

des deux Provinces, et la nomination des Hospodars, jusqu'au rétablissement de la tranquillité et de la sûreté qui forment les vœux de tout l'Univers, et qu'on espère et attend dans peu de jours, la Sublime Porte se flatte que tant laCour de Russie, que les autres Gouvernemens Amis, qui sont aussi les Amis bienveillans des deux Parties, voudront bien admettre et agréer ses excuses avec justice et équité, et qu'ils approuveront le délai qu'elle met et l'arrangement qu'elle a fait.

Au reste, quant à la proposition faite d'envoyer de part et d'autre des Commissaires dans les deux Provinces, la Sublime Porte considère la Cour de Russie comme une amie qui est en paix avec elle, comme cela a été dit plus haut. La Sublime Porte regarde donc toutes les Stipulations de ses Traités conclus avec la Russie (et actuellement subsistans, soit concernant les deux Provinces, soit ayant rapport à d'autres points) comme étant en vigueur: et les points même qui n'ont pas été jusqu'ici exécutés par la Russie, sont considérés comme devant l'être par la suite, par un effet des bonnes intentions de cette Puissance. Il n'y a donc rien de nouveau à discuter qui puisse motiver la nomination des Commissaires.

Il est superflu d'ajouter et de déclarer que lorsque le Ministre et les Conseils de Russie, qui ont quitté le Pays de leur propre volonté, voudront retourner pour y résider comme par le passé, ils n'y trouveront ni obstacle ni empêchement, et qu'on ne manquera pas de les recevoir et de les traiter d'une manière honorable.

Sur les Communications que M. l'Ambassadeur, notre Ami, a faites au nom de toutes les Cours Alliées, la Sublime Porte a jugé néces saire, d'après la pure et parfaite amitié qu'elle professe envers tous ses affectionnés et bienveillans Amis, de leur représenter et déclarer, conformément à ses principes fondés sur la vérité et la sincérité, et à la conduite basée sur la droiture et la loyauté, ses pures et véritables intentions tant secrètes que publiques, ses droites et salutaires considérations, qui ne sauraient admettre la moindre objection, et ses droits clairs et incontestables.

C'est à cette fin que la présente Note Officielle a été rédigée et remise à M. l'Ambassadeur, notre Ami. Le 7 Gemaziul-ahir, 1237. S. E. Le Vicomte Strangford.

(3)-The Reis Effendi to Viscount Strangford.

(Traduction.) Constantinople, le 18 Avril, 1822. LA Sublime Porte a reçu la Note Officielle que l'Ambassadeur Extraordinaire de la Cour d'Angleterre, résidant auprès de la Porte Ottomane, le très-distingué Lord Strangford, notre Ami, lui a présentée, en date du 30 Mars dernier, touchant les deux Principautés; et, en lisant la Traduction qui en a été faite, Elle en a parfaitement saisi le contenu et le sens.

Il est superflu de dire jusqu'à quel point la Sublime Porte a de

tout tems voué une attention scrupuleuse à maintenir la Paix et une amitié parfaite avec la Cour de Russie, ainsi qu'à contribuer à la continuation de la Paix du monde, et de la tranquillité générale. Sa fidèlité et sa droiture dans ses rélations sincères et amicales avec ses véritables et loyaux amis, sont également connus à tous.

C'est en vertu de ces principes que la Sublime Porte déclare encore maintenant par la présente Note Officielle, sa ferme résolution de remplir toutes les promesses qu'Elle a faites, et tous les engagemens qu'Elle a pris, tant dans la Conférence tenu en dernier lieu au sujet des deux Provinces, que dans la Note Officielle subséquemment présentée: savoir, de satisfaire aux obligations à sa charge, immédiatement après le retour de la tranquillité, qui ne tardera pas à avoir lieu. Elle déclare de plus, qu'Elle a déjà actuellement commencé, et qu'elle ne cesse de prendre des mesures tendantes à les mettre, l'un après l'autre, en exécution; et cela dans un très-court espace de tems.

Pour montrer donc et prouver à toute l'Europe encore dans cette occasion, sa grande attention et son empressement à être toujours la première à remplir les Traités, la Sublime Porte s'est déjà occupée très-sérieusement des moyens de rétablir une tranquillité parfaite dans les deux Provinces, et Elle a préalablement adopté à cet effet les mesures nécessaires.

Cependant des considérations d'une haute importance portant sur des inconvéniens momentanés, que présente l'état interieur de l'Empire, ne permettent point que la connoissance de ces mesures soit rendu publique dès à present.

Dans l'intervalle, la Sublime Porte annonce officiellement aux amis vrais et bienveillans des deux Parties, qu'Elle a déjà commencé vraiment et réellement à faire tout ce dont il s'agit; et que tout en se conformant au systême d'administration de l'Etat Musulman, et en considérant aussi l'importance de la chose dans les circomstances actuelles, la Sublime Porte pourra enfin, par l'exécution des mesures qu'Elle a prises, mettre fin à cette affaire. Et c'est ce qu'elle notifie maintenant d'une manière amicale.

Quant aux actes de violence qu'on dit avoir été commis contre les habitans des deux Provinces, bien que l'exécution non interrompue des ordres que la Sublime Porte, (qui n'a jamais toléré de pareils actes,) a donnés tant par le passé qu'en dernier lieu, ait produit le meilleur effet, cependant, Elle vient de donner encore à ce sujet les ordres les plus rigoureux au Commandant du reste du Corps de Troupes.

C'est pour communiquer tout cela à M. l'Ambassadeur, Notre Ami, que la présente Note Officielle a été rédigée et lui est remise. La Sublime Porte saisit cette occasion pour renouveller à M. l'Ambassadeur les assurances, &c. Ce 26 Redgeb, 1237. S. E. Le Vicomte Strangford.

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