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austeres devoirs de son sexe est un homme injuste et barbare: mais la Femme infidelle fait plus, elle dissout la Famille et brise tous les liens de la nature; en donnant à l'homme des enfans qui ne sont pas à lui, elle trahit les uns et les autres, elle joint la perfidie à l'infidélité. J'ai peine à voir quel désordre et quel crime ne tient pas à celui-là. S'il est un état affreux au monde, c'est celui d'un malheureux pere, qui sans confiance en sa Femme n'ose se livrer aux plus doux sentimens de son cœur, qui doute en embrassant son enfant s'il n'embrasse point l'enfant d'un le gage de son déshonneur, le ravisseur du bien de ses propres enfans. Qu'est-ce alors que la famille, si ce n'est une société d'ennemis secrets qu'une Femme coupable arme l'un contre l'autre, en les forçant de feindre de s'entreaimer ?

autre,

Les anciens avoient en général un trèsgrand respect pour les femmes; mais ils marquoient ce respect en s'abstenant de les exposer au jugement du public,

et

croyoient honorer leur modestie, en se taisant sur leurs autres vertus. Ils avoient pour maxime que le pays, où les mœurs étoient les plus pures, étoit celui où

l'on parloit le moins des Femmes; et que la Femme la plus honnête étoit celle dont on parloit le moins. C'est sur ce principe qu'un Spartiate, entendant un étranger faire de magnifiques éloges d'une dame de sa connoissance, l'interrompit en colere: Ne cesseras-tu point, lui dit-il, de médire d'une femme de bien? De-là venoit encore que, dans leurs comédies, les rôles d'amoureuses et de filles à marier ne représentoient jamais que des esclaves ou des filles publiques. Ils avoient une telle idée de la modestie du sexe, qu'ils auroient cru manquer aux égards qu'ils lui devoient, de mettre une honnête fille sur la scene seulement en représentation. En un mot, l'image du vice à découvert, les choquoit moins que celle de la pudeur offensée.

Chez nous, au contraire, la femme la plus estimee est celle qui fait le plus de bruit; de qui l'on parle le plus, qu'on voit le plus dans le monde; chez qui l'on dîne le plus souvent; qui donne le plus impérieusement le ton; qui juge, tranche, décide, prononce, assigne aux talens, au mérite, aux vertus, leurs degrés et leurs places, et dont les hum

bles

bles savans mendient le plus bassement la faveur. Sur la scene, c'est pis encore au fond; dans le monde elles ne savent rien, quoiqu'elles jugent de tout; mais au théâtre, savantes du savoir des hommes, philosophes, grace aux auteurs, elles écrasent notre sexe de ses propres talens, et les imbécilles spectateurs vont bonnement apprendre des Femmes ce qu'ils ont pris soin de leur dicter. Tout cela, dans le vrai, c'est se moquer d'elles, c'est les taxer d'une vanité puérile; et je ne doute pas que les plus sages n'en soient indignées. Parcourez la plupart des pieces modernes : c'est toujours une Femme qui sait tout, qui apprend tout aux hommes, c'est toujours la dame de cour qui fait dire le catéchisme au petit Jean de Saintré. Un enfant ne sauroit se nourrir de son pain, s'il n'est coupé par sa gouvernante. Voilà l'image de ce qui se passe aux nouvelles pieces. La bonne est sur le théâtre, et les enfans sont dans le par

terre.

La premiere et la plus importante qualité d'une Femme est la douceur ; faite pour obéir à un être aussi imparfait que l'homme, souvent si plein de 11. Partie.

E

vices, et toujours si plein de défauts elle doit apprendre de bonne heure à souffrir, même l'injustice, et à supporter les torts d'un mari sans se plaindre; ce n'est pas pour lui, c'est pour elle qu'elle doit être douce: l'aigreur et l'opiniatreté des femmes ne font jamais qu'augmenter leurs maux et les mauvais procédés des maris; ils sentent que ce n'est pas avec ces armes-là qu'elles doivent les vaincre. Le ciel ne les fit point insinuantes et persuasives, pour devenir acariâtres; il ne les fit point foibles pour être impérieuses; il ne leur donna point une voix si douce, pour dire des injures; il ne leur fit point des traits si délicats pour les défigurer par la colere. Quand elles se fâchent, elles s'oublient, elles ont souvent raison de se plaindre, mais elles ont toujours tort de gronder. Chacun doit garder le ton de son sexe; un mari trop doux peut rendre une Femme impertinente; mais, à moins qu'un homme ne soit un monstre, la douceur d'une Femme le ramene, et triomphe de lui tôt ou tard.

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La Femine a tout contre elle, nos défauts, sa timidité, sa foiblesse, elle n'a pour elle que son art et sa beauté.

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N'est-il pas juste qu'elle cultive l'un et l'autre Mais la beauté n'est pas générale; elle périt par mille accidens; elle passe avec les années, l'habitude en détruit l'effet. L'esprit seul est la véri table ressource du sexe; non ce sot esprit auquel on donne tant de prix dans le monde, et qui ne sert à rien pour rendre la vie heureuse; mais l'esprit de son état, l'art de tirer parti du nôtre, et de se prévaloir de nos propres avantages.

Les Femmes ont la langue flexible; elles parlent plutôt, plus aisément et plus agréablement que les hommes; on les accuse aussi de parler davantage ; cela doit être, et je changerois volontiers ce reproche en éloge: la bouche et les yeux ont chez elles la même activité, et par la même raison. L'homme dit ce qu'il sait, la Femme dit ce qui plaît: l'un pour parler a besoin de connoissance, et l'autre de goût; l'un doit avoir pour objet principal les choses utiles, l'autre les agréables. Leurs discours ne doivent avoir de formes communes que celles de la vérité.

Les Femmes ne sont pas faites pour courir; quand elles fuient, c'est pour être atteintes. La course n'est pas la E &

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