Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

mante. Il est presque toujours recherché et outré dans ses expressions, et ses pensées sont souvent étranglées par une précision dure qui dégénère en obscurité. Horace, au contraire, est toujours aisé, naturel, agréable; et pour plaire, il se replie en cent façons différentes; il sait

D'une voix légère Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. Son style pur, élégant, facile, n'offre aucune trace d'affectation et de recherche. Ses Satires ne sont pas des déclamations éloquentes; ce sont des dialogues ingénieux, des scènes charmantes, où chaque interlocuteur est peint avec une finesse et une variété admirables. Ce n'est point un pédant triste et farouche, élevé dans les cris de l'école ; un sombre misantrope, qui rebute par une morale chagrine et sauvage, et fait

tout contre un acteur nommé Paris, bouffon et favori de cet empereur. Le déclamateur satirique resta impuni sous le règne de Néron; mais sous celui de Domitien, Paris eut le crédit de le faire exiler; il fut envoyé, à l'âge de quatre-vingts ans, dans la Pentapole, sur les frontières de l'Egypte et de la Libye. On prétexta qu'on y avoit besoin de lui pour commander la cavalerie. Le poëte guerrier eut beaucoup à souffrir de l'emploi dont on l'avoit revêtu par dérision; mais, quoique octogénaire, il survécut à son persécuteur. Il revint à Rome après sa mort, et il y vivoit encore sous Nerva et sous Trajan. Il mourut à ce qu'on croit l'an 128 de J. C. Nous avons de lui seize Satires. Ce sont des harangues emportées. Juvénal, misantrope furieux, médisoit sans ménagement de tous ceux qui avoient le malheur de lui dé-haïr la vertu, même en la prèchant; plaire; eh! qui ne lui déplaisoit pas? c'est un philosophe aimable, un Le dépit, comme il le dit lui-mê- courtisan poli, qui sait embellir la me, lui tint lieu de génie: Facit raison et adoucir l'austérité de la indignatio versum. Son style, sagesse. Juvénal est un maître dur fort, apre, véhément, manque d'é- et sévère, qui gourmande ses leclégance, de pureté, de naturel et teurs; Horace est un ami tendre, de décence. Il s'emporte coutre le indulgent et facile, qui converse favice et met les vicieux tout nus milièrement avec les siens. Les inpour leur faire mieux sentir le fouet vectives amères, les reproches sande la satire. Quelques savans, char- glans de Juvénal, irritent les vicieux gés de grec et de latin, mais entiè- sans les réformer; les traits plaisans, rement dénués de goût, l'ont mis à les peintures comiques d'Horace, corcôté d'Horace; mais quelle différence rigent les hommes en les amusaut. » entre l'emportement du censeur im- Les meilleures éditions de Juvenal pitoyable du siècle de Domitien, et la sont, I. du Louvre, 1644, in-fol. délicatesse, l'enjouement, la finesse II. Cum notis variorum, Amsterdu satirique de la cour d'Auguste. dam, 1684, in-8°. III. Ad usum «< Juvenal, dit l'auteur de l'Année delphini, 1684, in-4°. IV. De Calittéraire, année 1779, n° IX, n'a saubon, Leyde, 1695, in-4°. Cette qu'un ton, qu'une manière; il ne con- édition qui est fort estimée n'est noit ni la variété ni la grace. Tou- autre que celle d'Utrecht, 1685, jours guindé, toujours emphatique | in-4°, à laquelle on a ajouté Perse et déclamateur, il fatigue par ses et un frontispice nouveau. V. De hyperboles continuelles et son éta- Paris, 1747, in-12, fort belle. Vl. lage de rhéteur. Son style rapide, De Baskerville, 1761, in-4°, fort harmonieux, plein de chaleur et de belle. Enfin, celle de Sandby, 1763, force, est d'une monotonie assom-in-8°, fig., dont les exemplaires en

|

[ocr errors]

grand papier sont préférés. Les tra- | Arts; dont il y a eu quatre éditions ductions de ce poete, par Tarteron, Manpetit et M. Aug. Creuzé, ont été éclipsées par celle qu'a publiée | Dussanix en 1770, et dont il a paru en 1805 une quatrième édition, corrigée et augmentée de l'éloge historique du traducteur par M. Villeterque, 2 vol. in-8°. Cette traduction n'est ni servile, ni trop libre; le style en est vif, clair et correct. On'a donné, même année 1803, les Pensées de Juvénal et de Perse; la traduction, jointe au texte de ces fragmens est faite avec soin.

à Lyon, chez les frères Duplain. La ire en 1740, en un volumes in−12 ; la 2o en 1744, 2,vol.; la 3o en 1749, 4.vol.; et la 4 en 1757, 4 vol. in-8°. Cet ouvrage, catalogue assez imparfait des richesses littéraires des différens siècles, a cependant eu beaucoup de succès. Il a été traduit en allemand et en anglais. Ce livre est une preuve des connoissances de son auteur; mais il n'est pas propre peut-être à tirer le commun des lecteurs de leur ignorance. Pour qu'il eût produit cet effet, il auroit fallu que l'auteur eût possédé l'esprit d'afût appliqué à traiter chaque article nalyse et de précision, et qu'il se plus au long et avec plus de pro

fondeur; connoitre tous les bons auteurs sur chaque matière, en porter des jugemens réfléchis, et laisser dans l'oubli une foule d'écrivains

JUVENCUS (Caïus Veccius Aquilinus), l'un des premiers poetes chrétiens, né en Espagne, d'une famille illustre, mit en vers latins la Vie de Jésus Christ, en 4 livres, vers 329. Ce poëme, estimable, moins par la beauté des vers et la pureté du latin que par l'exactitude scrupuleuse avec laquelle l'auteur a suivi le texte des évangé-est, en général, pur, net et précis ; listes, se trouve dans la Bibliothèque des Pères, et dans le Corpus Poëtarum de Maittaire. St.-Jérôme,

[ocr errors]

dans ses Commentaires sur saint
Matthieu, cite ce vers de lui, au
sujet des trois rois qui vinrent adorer
le fils de Dieu à Bethleem:
Aurum, thus, myrrham, regique hominique
deoque,

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

qu'on ne peut pas lire. Le style

mais on y désireroit plus de finesse l'académie des belles-lettres de Maret d'énergie. Cet auteur, membre de seille, mourut à Pézenas le 12 avril

1760.

et

* JUXON (Guillaume), archevêque de Cantorbéry, né à Chichester, mort en 1663, d'abord élève de l'école de Merchant Taylor, ensuite du collège de St.-Jean à Oxford, où il fut boursier en 1598, et président en 1621. En 1627, Juxon fut nommé chanoine de Worcester, et en 1653, secrétaire du cabinet du roi. Enfin, l'année suivante, il obtint l'évêché d'Hereford; mais, avant, sa consécration, il fut promu à l'évêché de Londres. Eu 1635, ce prélat fut nommé grand trésorier; ce qui fit beaucoup crier contre l'arhevêque Laud; mais la conduite irréprochable de Juxou dans cette place fut une excellente justification de ceux qui la lui avoient donnée. Dans la révolution il perdit

les revenus de ses places et la plus grande partie de sa propre fortune. En 1648, ce prélat assisia le roi sur l'échafaud: les régicides le jetèrent ensuite dans une prison, et s'efforcèrent de lui arracher les secrets que sa majesté avoit pu lui confier;

mais leur cruauté et leurs ruses échouéreut contre son intégrité et sa prudence. A la restauration, Juxou fut fait archevêque de Cantorbéry. Ce respectable prélat a été enterré dans la chapelle du collège de SaintJean à Oxford.

KABB

|

KADL

* KAAU-BOERHAAVE ( Abraun égal succès les sujets d'histoire et ham), médecin de Leyde, profes- les paysages. Sa touche est douce, seur de médecine en l'université de légère et brillante. A son retour d'IPétersbourg, membre de l'académie talie, où il laissa un grand nombre impériale de la même ville, né à | de ses tableaux, sur-tout à Venise et La Haye en 1715, de Jacques Kaau, à Rome, il s'arrêta à Lyon, y épousa docteur en droit et en médecine, et la fille d'un marchand d'Auvers, de Marguerite Boerhaave, sœur du qu'il ameua à Amsterdam, où il célèbre Herman, fut appelé en 1740 mourut en 1660. Perelle a gravé à Pétersbourg, en qualité de médecin d'après ce maître des ruines et de la cour impériale. En 1743 il ob-vingt-quatre paysages. Asseleyn peitint la dignité de conseiller d'état, guoit avec une main torse et des et en 1748 celle de premier médecin, doigts crochus, ce qui le fit surqu'il conserva jusqu'à sa mort, arri-nommer Kabbeté; cependant sa mavée à Moscou le 7 octobre 1753. On nière est aussi fraiche que gracieuse; a de lui plusieurs mémoires insérés et rien n'y annonce la gêne, ni une dans le nouveau recueil de l'acadé-main estropiée.

mie de Pétersbourg, ainsi que les ouvrages suivans I: Perspiratio * KADLUBECK, ou KADLUBKO, dicta Hippocrati per universum ou KODLUBKO (Vincent), le plus corpus illustrata, Lugduni Batavo-ancien historien polonais que l'on rum, 1738, in-12. II. Impetum connoisse, né dans la terre de Kafaciens dictum Hippocrati per riwow, étudia la théologie, prit les corpus consentiens philologicè et ordres sacrés, et fut élu évêque de physiologicè illustratum, ibid., Cracovie; il occupa ce siége dix ans, 1745, in-12. III. Sermo academi- au bout desquels il se retira dans une cus de iis quæ virum medicum abbaye de l'ordre de Citeaux, et l'on perficiunt et ornant, ibid., 1752, croit qu'il y prit l'habit religieux en in-8°, etc., 1218. Ce fut dans cette retraite qu'il écrit en forme de dialogue, qui s'éfinit son Chronicon regni Polonice, tend jusqu'au règne de Wladislas Lascon: cette histoire, écrite d'un style dur, et pleine d'anachronisfut imprimée en 1612. Kadlubeck mourut, selon les uns, en

etc.

KABEL. Voy. VANDER-KABEL. KABBETÉ ( Jean), peintre hollandais, dont le véritable nom étoit ASSELEYN, parcourut la France et l'Italie pour y étudier son art, et se fit élève de Bamboche. Il traita avec

mes,

[graphic]
[ocr errors]

KAIE (Jean de), Anglais, né à Nordwick en 1510, livré à la profession de la médecine, alla à Padoue prendre des leçons du célèbre Montanus. De tetour dans son pays, son mérite le fit choisir pour médecin d'Edouard VI, de la reine Marie et de la reiue Elizabeth. Il a publié divers ouvrages, entre autres, I.

[ocr errors]

ces

Des Recherches historiques sur les universités de Cambridge et d'Oxford. Malgré quelques erreurs recherches sont précieuses. II. De variorum animalium et stirpium historia. Cet ouvrage n'est guère qu'une compilation. III. De prononciatione græcæ et latinæ linguæ libellus. Ce livre, bon à l'époque où il parut, ne mérite plus d'être recherché. Le docteur anglais Jebb a

1223, et selon d'autres en 1233. *KAFOUR-EL-AKHCHYDY, élevé, par son mérite, de l'esclavage à la royauté, étoit noir et eunuque; il avoit été acheté 18 dinars par Akhchyd, souverain d'Egypte et de Syrie, dans les bonnes graces duquel il fit des progrès si rapides, qu'il lui laissa à sa mort, arrivée en 334 de l'hégire, et de l'ère chrétienne 945, la tutelle de ses deux fils, avec la régence du royaume. Kafour remplit ce double emploi avec tant de sagesse, sa conduite annonça tant de grandeur d'ame, et on vit briller en lui un si grand nombre de vertus royales, que ses pupilles étant morts l'un et l'autre, il fut choisi, d'un commun accord, pour leur succéder. L'attente des peuples qui l'avoient choisi ne fut point déçue. Son règne fut sage et paisible. Kafour aimoit les KAIN (Henri-Louis le), célettres, protégeoit les savans, et mérita les louanges que le célèbre Mo-né à Paris le 14 avril 1728, lèbre acteur de la comédie française, étoit tanebby lui décerua. Sa bravoure d'abord occupé à travailler en acier égaloit ses autres vertus, et il servit utilement Akhchyd, son maitre, à tions de chirurgie; mais un tapissier les instrumens propres aux opéra

la tête de ses armées. Il avoit obtenu

publié une édition complète de toutes

les Œuvres de Kaie.

le fit connoître à Voltaire, qui, mêlant ses talens pour la scène tra

et

de grands avantages; mais la fortune lui avoit été quelquefois contraire; et si l'on ne doit point legique à travers une figure peu ranger dans la classe des conquérans, lui donna des leçons fréquentes, agréable et un organe peu sonore, il doit obtenir une place distinguée le fit recevoir à la comédie franparmi les guerriers qui ont consacré avec succès leurs talens à la défense de la patrie. On met sa mort en l'année 558 de l'hégire, 968 de J. C.

KAHLER (Wigand ou Jean), théologien luthérien, né à Wolmar, dans le landgraviat de Hesse-Cassel, en 1649, professeur en poésie, en mathématiques et en théologie à Rinteln, et membre de la société de Gottingen, mourut en 1729. On a de lui un grand nombre de Dissertations sur des matières de théologie et de philosophie, réunies en 2 vol. in-12, Rinteln, 1710

et 1711.

çaise. « Baron, disoit-il, étoit plein de noblesse, de grace et de finesse; Beaubourg étoit un énergumène; du Fresne n'avoit qu'une belle voix et un beau visage; Le Kain seul a été véritablement tragique. « Ce poëte ne vit pourtant jamais sur le théatre français celui qu'il appeloit son grand acteur, son Garrick, son enfant chéri. Le Kain ne put y monter que quelques jours après le départ de l'auteur de la Henriade pour la Prusse ; et, au moment où Voltaire, âgé de 84 ans, rentroit à Paris après une absence de 27 ans, on lui annonça que Le Kain venoit de des

cendre au tombeau.... Cet acteur par son jeu pathétique, au succès débuta le 14 septembre 1750, par le des tragédies du grand homme qui rôle de Titus, dans la tragédie de l'avoit formé, et sur-tout à celui Brutus; son début, qui dura 17 d'Adélaïde du Guesclin, qu'il remit mois, fut aussi pénible que brillant. au théâtre en 1763. Elle avoit été Mademoiselle Clairon, qui rend à Le jouée en 1734, et sifflée. On reproKain la plus éclatante justice dans ses cha à son auteur d'avoir imputé à Mémoires, n'en empêcha pas moins un prince du sang un crime qu'il jusqu'à deux fois sa réception. Dé- n'avoit pas commis, et qui avoit goûté par taut d'intrigues, découragé été attribué par les historiens à un par tous les obstacles, Le Kaiu alloit duc de Bretagne. Le Kain, cherpartir pour Berlin; la scène fran- chant dans l'ancien répertoire de la çaise étoit à la veille de le perdre, comédie un rôle propre à son talent, lorsque le comédien Ribou tua sou trouva celui de Vendôme, qu'il jucamarade Roseli. Ribou prit la fuite, gea fait pour lui, et le rendit célèet on fut obligé de retenir Le Kain. bre. Il avoit un sens droit, quelqueOn ne l'appeloit que le convulsion- | fois de la gaieté; mais on apercevoit naire. Tout le monde disoit du mal plus souvent en lui cette mélancolie, du nouvel acteur, et tout le monde principe et aliment des passions qu'il couroit le voir. Ce ne fut qu'après éprouvoit comme il savoit les peinavoir joué à la cour le rôle d'Oros- dre. Quelques critiques lui ont cemane qu'il put obtenir son ordre de pendant reproché de s'être fait une réception : il en fut redevable aux manière trop péniblement énergisuffrages de Louis XV. On avoit tà- que, d'avoir circonscrit le nombre ché de prévenir ce prince contre lui; de ses rôles dans un cercle trop mais, après la représentation, il étroit, et de n'être pas toujours enparut étonné qu'on parlât si mal tré dans l'esprit de ses personnages. d'un acteur qui l'avoit ému. « Il m'a Par reconnoissance pour Voltaire, fait pleurer, dit le roi, moi qui ne il ne jouoit guère, sur la fin de sa pleure guère »; et il fut reçu sur ce vie sur-tout, que les pièces de ce mot. Le Kain avoit en effet de grands poëte; et c'étoit celles qu'il jouoit talens. Le feu sombre et terrible de le mieux en general. Il étonnoit ses regards, le grand caractère im- dans Mahomet, Gengis-Kan et Tanprimé sur son front, la contraction crède. On doit cependant ajouter de tous ses muscles, le tremblement qu'il réussit parfaitement dans les de ses lèvres, le renversement de rôles de Néron, de Nicomède et de tous ses traits, tout en lui servoit à Manlius. Il mourut à Paris le 8 fépeindre les différens accens du dévrier 1778. Voltaire, connoissant l'asespoir, de la douleur, de la sensibi- vilissement où étoit parmi nous lité, et à marquer les différentes at- l'état de comédien, lui avoit d'abord titudes, de la grandeur, de la me- conseillé de jouer la comédie pour son nace, de la fierté. Des études cons- plaisir, mais de n'en jamais faire tantes et réfléchies l'avoient conduit sou état. Le fils de Le Kain a publié à la perfection de son art, auquel il en 1801 les Mémoires de son père. consacroit tout son temps, ses soins, Dans l'Abrégé de l'Histoire du théatre ses dépenses. Il est le premier qui ait français, par le chevalier de Mouhy, eu de véritables habits de costume, et on trouve un Mémoire sur la coil les dessinoit lui-même avec l'exac-médie française et sur les moyens titude d'un homme qui connoissoit de lui donner autant de célébrité l'histoire et les mœurs des peuples. qu'elle peut en être susceptible. Ce Cet acteur contribua beaucoup, mémoire est de Le Kain, qui n'y

[ocr errors]
[ocr errors]
« AnteriorContinuar »