Imágenes de páginas
PDF
EPUB

[Translation.]

34 TAITBOUT STREET, April 29, 1865. DEAR SIR: I should have written to you sooner in expression of my feelings at the horrid news, but I was sick when I first received it; yet, sick as I was, I lectured last Thursday, on Franklin, at the Conservatory of Arts and Trades, and spoke of President Lincoln. Never in my life, as a professor, have I found so much sympathy. The audience applauded three times with great enthusiasm, not for the speaker, but for the noble victim of a base assassination. You should see how general the excitement is in Paris; it is much greater than I expected. Cochin, Broglie, and myself are drawing up an address, which I am sure will be signed by the most important men in France. What more can we do? If I can be of any service to you, dispose of me, and consider me one of your best friends.

Do not take the trouble to answer this unless you have some important communication to make, for you must have many letters to write; but when you write to Washington, assure Mr. Seward how much I am interested in his situation, and that I wish his speedy recovery. Mr. Seward is now more necessary to America and to the whole world. Adieu.

Your very devoted,

[Translation.]

ED. LABOULAYE.

PARIS, May 20, 1865.

SIR: I have the honor of sending you with this letter several copies of an ode I have composed in honor of Abraham Lincoln, and two letters, one for the widow of the great man, and the other for Mr. Johnson, now President of the United States.

I shall be infinitely obliged to you if you will send them to their destinations in the shortest possible time.

You will also do me the favor to fix a day when I can have a brief interview with you.

Accept my sympathy for your glorious country, and the assurance of my most distinguished consideration.

To Mr. BIGELOW,

PAUL THOUZERY.

Minister Plenipotentiary of the United States of America.

[Translation.]

PARIS, May 20, 1865.

MR. PRESIDENT: To one whom Abraham Lincoln loved and associated with him in his great work, I send an ode addressed to the memory of that great man.

May my verses find an echo in every American heart! May your worthy citizens aid you in the labor you have undertaken! You only were worthy to succeed Lincoln.

The ode I send you to-day will prove, I hope, that the sympathy of the world is with you.

To eulogize the dead in presence of the living is honoring the latter, by showing them that we confide in their genius and in their impartiality.

I am, with respect, Mr. President, your humble admirer,

To Mr. JOHNSON,

President of the United States of America.

PAUL THOUZERY.

À ABRAHAM LINCOLN.

ODE.

I.

Oui, ce n'est que trop vrai, la fatale nouvelle,
Dont eût voulu douter notre raison rebelle,

S'est confirmée, et tout nous pient son affreux sort;
Et les peuples tremblants, dans l'un et l'autre monde
Sentant leur cœur saisi d'une douleur profonde

Disent en pleurs: LINCOLN EST MORT!

Il est mort, ce héros digne des temps antiques
Que ne puis-je aujourd'huf, dans des chants homériques,
Apprendre à l'univers quels furent ses bienfaits,
Rappeler ses vertus, parler de sa sagesse ;

Il vous a surpassés, vieux Nestors de la Grèce !
J'en veux pour preuve ses hauts faits.

Il est mort, mais du moins son œuvre est immortelle ;
Sa gloire, désormais, rayonnera plus belle,

Comme le Christ, il a gravi son Golgotha,

Et son sang répandu sur un nouveau Calvaire,
Pollen délicieux, fera germer sur terre,

Les rêves d'or, qu'il enfanta.

Il est mort, avec lui périra l'esclavage,
Son martyre à nos yeux en est un divin gage,
Son vou le plus ardent ainsi s'accomplira:
Des bords de l'Orénoque, au rivage du Tibre
Et du Tage à l'Indus, tout homme sera libre;
Au grand livre chacun lira!

Il est mort, mais du moins sa tâche fut complète,
Il est mort sur la brèche, ainsi qu'un noble athlète;
Quand on a bien vécu, qu'importe le trépas?
Pour le penseur, mourir, n'est-ce donc pas renaître ?
C'est est transfigurer, devenir un autre être,

Puisque l'âme ne périt pas!

II.

O toi dont l'aveugle furie,

A semé la terre de deuil,
Wilkes Booth, traître à la patrie,
A genoux, devant ce cercueil.
Héros d'un drame épouvantable,
Maudissant ta haine exécrable,
Viens courber ta tête coupable,
Devant ces restes adorés,
Viens écouter la plainte amère
Qui, de tous les points de la terre,

Monte vers la céleste sphère,

Sortant de nos cœurs atterrés.

Ton audace égala ta rage,

Mais ton projet avortera.

Et l'Amérique, avec courage,
Toujours vers son but marchera.
En vain, tu frappas ta victime,
Sache-le bien, jamais le crime
Ne pourra rendre légitime
Le plus odieux des desseins;

Et ton nom, maudit-d'âge en âge,
Par l'humanité qu'il outrage

Sera cloué, sur une page,

Au pilori des assassins.

II.

Et toi noble martyr que le monde révère,
Toi, qui des opprimés voulais être le père,
En vain tu succombas sous le plomb meurtrier,
Ton nom, le plus grand nom, de toute république,
Rayonnera toujours au front de l'Amérique
Comme un splendide bouclier.

Quelle étoile jamais fut pareille à la tienne?
Comme Franklin, issu de race plébéienne,
Parti des derniers rangs, fils de ta volonté,
Tu montas, tu montas jusques au rang suprême,
Puis JUSTICE ET DEVOIR furent ton diadème,
Et ton sceptre, la LIBERTÉ.

Comme John Brown, ce Christ de l'humanité noire
Tu brilleras sans cesse, au zénith de l'histoire,

Les siècles à venir encor te bèniront,

Et, plus vil fut celui qui t'arracha la vie,

Plus belles, désormais, malgré l'infâme envie,
Tes œuvres étincelleront.

Dors en paix, dors en paix dans tes langes funèbres,
La raison, chaque jour, dissipe les tenuèbres
Que répandaient sur nous l'ignorance et l'orgueil :

De ces rudes fléaux nous chasserons la race,
Et nos fils heureux, en marchant sur ta trace,
Ne rencontreront nul écueil.

AVRIL, 1965.

Salut, salut à vous, martyrs de la pensée,
Chacun de vous travaille à l'œuvre commencée,
Et de la même foi vous dressez les autels;

Depuis celui qui prit, sans trembler, la ciguë,
Chacun de vous ressent quelque douleur aiguë,
"Salut, vous êtes immortels!

Oui par voys notre terre où tout se renouvelle
Verra régner un jour la paix universelle,
L'amour entre ses fils mettra l'égalité!

Et l'homme comprenant enfin le grand dictame,
Sentira tressaillir et résonner son âme

Au grand nom de fraternité!

PAUL THOUZERY.

[Translation.]

9 VILLA ST. MICHEL, (BATIGNOLLES,)

Paris, May 17, 1865.

The triumph of the federal cause, or rather of justice, in America made every heart friendly to liberty palpitate with joy. Why should sorrow come in such a tragic manner to change the sentiments of harmony and concord that seemed to surround this generous successor of Washington at a time when his moderation and tranquil virtues promised a perpetuity of peace? What a grand and noble duty he had to perform after what he had done already with such calm energy. In sacrificing such a man, blind passion, we have no doubt, consecrated his memory while it conquered and killed forever the worst of causes. are the sentiments I have endeavored to express in the language of my adopted country in honor of that beautiful American republic of which I would like to bave the glory of being a citizen, and to the eminent magistrate for whom the world now mourns.

Such

You will honor me much, sir, by accepting the dedication of this ode, and bestowing upon its author a benevolent regard.

I have the honor to be, with the most profound respect, your very humble and obedient servant,

Hon. Mr. BIGELOW,

F. CAMPADELLI,
Ex-Lieutenant of Italian Volunteers.

United States Minister at Paris.

ODE.

Abraham Lincoln, ou le triomphe de l'Union Américaine, dédié a l'honorable Monsieur Bigelow,

Ministre des Etats Unis.

Le monde gémissait de cette lutte immense
Où s'exaltait l'orgueil et l'insigne démence
D'olygarques brisant le pacte d'Union,
Pacte sacré, portant en sa puissante séve

Des destins que n'ont pas les conquètes du glaive
Pour conduire à son but la grande nation.

De Washington pour eux louvre serait chimère-
Quand ce héros vengea la liberte, sa mère,
Contre les oppresseurs d'un monde en son berceau,
Afin de lui donner sa base légitime,

Il groupa sans effort, par un lien intime,

Des Etats fraternels sous un même drapeau.

Et ce labeur, scellé du sang de tant de braves,
Fondé par la vertu, pure de ces entraves
Que l'ambition forge au profit des tyrans,

A constamment fleuri près d'un siècle prospère,

Donnant à l'Univers l'exemple salutaire

Du saint respect des lois qui fait les peuples grands.

Si l'Europe se plaît à se faire une idole

De tout usurpateur sans frein qui les immole,
Dictant pour toute loi sa seule volonté,
Sur ce sol généreux, immense champ d'asile,
Conviant l'homme fort à le rendre fertile,
Le premier fruit vital est dans la liberté.

Là, ce n'est pas en vain que tout mortel l'implore:
Du faible elle est le droit, et le puissant s'honore
De toujours maintenir son niveau respecté.
Alors, chez lui, talents, génie, honneur, fortune,
Au lieu d'être un danger pour la cause commune,
Sont les gages certains de sa prospérité.

Aussi, quelle grandeur au vieux monde inconnue
L'Amérique atteignait, depuis la bienvenue
De l'ère où Washington vint affirmer ses droits!
La Maison-Blanche a vu sans garde prétorienne,
Sans licteurs, sans l'éclat de la pompe ancienne,
Des magistrats plus grands et plus fiers que des rois.
Droit moderne, salut! Et voila ton prodige!
Palais de la vertu, salut! car ton prestige
Ne vient pas d'un pouvoir par la force usurpé:
Quiconque en tes lambris pense, agit ou respire,
N'est grand qu'en subissant et maintenant l'empire
Des lois qui font l'honneur d'un peuple émancipé.

Eh quoi! des héritiers de ce plan magnifique
Où se développait la grande République
Ont ose le briser, sous le prétexte vain
De cette liberté qui serait leur victime,
Si, triomphant avec l'esclavage, leur crime!
Ils lui faisaient subir un affront souverain!

Mais le droit s'est levé dans sa virile force:
Tout un peuple a flétri cet infáme divorce
Que pour eux seuls révaient d'orgueilleux citoyens:
Et, saisissant le fer contre la ligue impie,

Il a vaincu-laissant toute haine assoupie

Quand ont mis l'arme bas ses aveugles soutiens.

Gloire, honneur à LINCOLN! homme d'une foi pure,
Qui porta le fardeau si grand, sans dictature,
Sans violation du temple saint des lois;
Honneur à ces guerriers loyaux, vaillants et fermes,
Qui des rébellions ont pu franchir les termes,
Sans jamais imprimer de tache à leurs exploits!

Ils atteignaient déjà l'heure de la concorde-
Amérique! c'était un éloquent exorde
Pour la démocratie en marche d'avenir-
Que peuvent désormais les sophismes néfastes
Dont se parent encor les tyrans et les castes,
Quand devant eux surgit l'ombre de ton martyr!

O crime! ô trahison! dans ton revers suprême

Tu glisses dans le sang et l'ignoble blasphème

En vouant pour jamais à l'immortalité

Un champion du droit clément, dont la grande âme
Est l'auguste rachat de ce tribut infâme
Qu'une race payait à la fatalité !

PARIS, ce 1er Mai, 1865.

F. CAMPADELLI,
Ex-Lieutenant des Volontaires Italiens.

« AnteriorContinuar »