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No. 481 cabinet de Turin a montré, dans des circonstances récentes, qu'il était véritableFrankreich,

1862.

8. Juli ment résolu à résister à la violence des partis extrêmes en Italie, et qu'il a donné des gages de la loyauté des déclarations et des engagements dont la dépêche de M. le général Durando à M. Nigra contenait l'expression. Nous ne pouvons, Monsieur, qu'applaudir à ces vues du cabinet de Pétersbourg, puisqu'elles n'ont jamais cessé d'être celles du Gouvernement de l'Empereur. Nous partageons aussi l'espérance exprimée par M. le prince Gortchakoff, que le Gouvernement du roi Victor-Emmanuel persistera et s'affermira de jour en jour davantage dans une politique qui, en fortifiant son autorité au dedans, aura pour effet de consolider ses relations avec les autres États. Nous pensons, en effet, avec le Gouvernement russe, que l'Italie n'aurait qu'à perdre à encourager aucune entreprise révolutionnaire et qu'elle doit s'attacher à se reconstituer dans les conditions de force et de stabilité qui lui sont propres, et à développer les éléments de sa prospérité et de sa grandeur, sans faire appel à des auxiliaires qui ne pourraient que compromettre sa cause et lui aliéner les sympathies que les Gouvernements sont disposés à lui accorder. ¶ Je vous autorise à donner lecture de cette dépêche à M. le général Durando.

A M. le Comte de Massignac, etc., Turin.

Thouvenel.

No 482. Frankreich, 26. Juli 1862.

No. 482.

FRANKREICH. - Min, d. Ausw. an d, kaiserl. Geschäftsträgerin Turin. — Die beunruhigende Bewegung in Sicilien betr.

Paris, le 26 juillet 1862.

Monsieur, les dernières informations que j'avais reçues de Palerme m'avaient mis dans la nécessité de vous inviter, ainsi que je l'ai fait, le 24 de ce mois, par le télégraphe, à appeler de nouveau la plus sérieuse attention du Gouvernement italien sur les scandales dont la Sicile est depuis quelque temps le théâtre. Nous n'avons pas un moment songé, je n'ai pas besoin de vous le dire, à rendre le Gouvernement du Roi solidaire d'actes et de discours qu'il a dû déplorer non moins vivement que nous-mêmes. Si nous pouvons, dans une certaine mesure, dédaigner des insultes qui ne sauraient nous atteindre, c'est que nous avons la confiance que le Cabinet de Turin comprendra que sa dignité, plus encore que la nôtre, est intéressée à ce qu'il soit mis fin à un etat de choses dont, dans notre intérêt sincère pour l'Italie, nous sommes portés à nous affliger plus que nous ne nous en sentons blessés. Nous avions vu avec plaisir, dans une discussion récente, M. le Président du Conseil, répondant aux provocations de quelques députés, revendiquer dignement les droits de l'État et affirmer, aux applaudissements de la majorité, la résolution du Gouvernement de ne pas tolérer dans l'administration de la Sicile d'autre influence que la sienne. L'attitude inconcevable du préfet de Palerme donnait à ces sages déclarations un caractère d'opportunité que les actes les plus récents de ce fonctionnaire n'ont fait que confirmer.

Vous m'annoncez que M. le marquis Pallavicini, allant au-devant des

26. Juli

1862.

décisions arrêtées du Cabinet, vient d'envoyer sa démission à Turin; le Gou- No. 482. Frankreich, vernement, dispensé ainsi de sévir, avisera sans doute à réorganiser promptement l'administration de la Sicile de manière à y assurer la sécurité compromise et le respect de son autorité. Il trouverait au besoin, dans sa propre énergie soutenue, je n'en doute pas, par le bon sens du pays, tous les moyens de triompher des résistances anarchiques qui prétendraient l'arrêter dans une voie où il rencontrera les encouragements de tous les amis de l'Italie, et j'ai la confiance qu'il ne faillira pas à sa tâche. Je me plais également à espérer que les mesures adoptées en vue de prévenir toute tentative d'envahissement des États pontificaux par des bandes garibaldiennes auront tout l'effet qu'on en attend à Turin. Vous avez été informé des dispositions que nous avons prises, en ce qui nous concerne, pour nous opposer à tout débarquement et pour repousser vigoureusement toute attaque dirigée contre le territoire confié à notre garde, et vous en avez donné connaissance au Gouvernement italien. Pour compléter ces informations, je vous envoie copie des instructions remises par M. le Ministre de la Marine à M. le commandant Pothuau. Elles prévoient, comme vous le verrez, le concours d'une active surveillance exercée par la marine italienne sur les côtes du Royaume, et spécialement de Piombino à Orbitello et de Terracine au Volturne. Il serait assurément hors de propos, Monsieur, à l'occasion des folles entreprises que nous voulons prévenir et que nous pouvons avoir à réprimer, de traiter même incidemment la question romaine. Le Gouvernement italien connaît à cet égard les sentiments dont s'inspire notre politique, et les ministres du Roi comprennent certainement aussi bien que nous combien sont insensés et directement contraires au but qu'ils se proposent les calculs de ceux qui croient pouvoir exercer, à l'aide de pareils moyens, une pression quelconque sur les résolutions du Gouvernement de l'Empereur.

A Mr. le Comte de Massignac, etc. Turin.

Thouvenel.

No. 483.

FRANKREICH. - Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Geschäftsträger in Turin. — Die
Nothwendigkeit, der Schilderhebung Garibaldi's mit aller Energie ent-

gegen zu treten, betr.

Paris, le 11 août 1862.

No. 483. Frankreich,

1862.

Monsieur, la levée de boucliers si audacieusement tentée par Garibaldi peut fournir au Gouvernement italien, s'il comprend bien toute l'étendue de ses 11. August obligations vis-à-vis de lui-même et envers les États qui l'ont reconnu, une heureuse occasion de s'affranchir des influences révolutionnaires qui entravent encore son action; mais c'est à la condition que Garibaldi sorte tout à fait vaincu de la lutte qu'il a lui-même engagée; s'il en était autrement et si le Gouvernement du roi Victor-Emmanuel ne répondait pas ainsi qu'il convient à l'autorité souveraine dont il a le dépôt aussi bien que la responsabilité, au défi du parti qui ose se flatter de l'entraîner à sa suite, je ne crains pas d'affirmer que le trône

Staatsarchiv IV. 1863.

3

Frankreich,

1862.

No. 483. de Sa Majesté Italienne ne tarderait pas à se trouver en péril. La force de ces 11. August considérations me paraît tellement évidente, que je ne doute point qu'elles n'aient pour effet d'engager le Gouvernement italien à user contre les ennemis du repos intérieur de l'Italie des moyens les plus énergiques. Le langage que vous avez tenu à M. Rattazzi et à M. le général Durando pour les y encourager est entièrement d'accord aves les intentions du Gouvernement de l'Empereur, et je n'ai pas besoin, Monsieur, de vous recommander de ne laisser passer aucune occasion sans leur faire part des observations et des conseils qui nous sont inspirés par l'intérêt que nous portons à l'Italie, et par le sentiment des dangers qu'elle court en ce moment. ¶ Vous avez appris, par la correspondance de nos divers agents, que des démonstrations, provoquées évidemment par un mot d'ordre émané des chefs du parti révolutionnaire, ont été organisées et même tentées dans plusieurs localités contre notre drapeau consulaire. A Milan, M. le marquis de Villamarina a usé, contre une tentative semblable, de la plus louable fermeté. Je me plais à penser que M. Rattazzi se sera empressé de prendre des mesures pour empêcher des manifestations aussi contraires aux sentiments que le véritable peuple italien et son Gouvernement professent pour la France et pour l'Empereur.

A Mr. le comte de Massignac, etc., Turin.

No. 484.

Thouvenel.

ITALIEN. Min. d. Ausw. an die königl. Gesandtschaften im Auslande. Den Ausgang der Schilderhebung Garibaldis und die Nothwendigkeit der Lösung der römischen Frage betr.

Turin, le 10 sept. 1862.

No. 484.

Italien,

1862.

Monsieur!

L'attitude prise par le Gouvernement du roi depuis la 10. Sept. tentative de Sarnico, donnait lieu de croire que le général Garibaldi renoncerait désormais à des entreprises incompatibles avec l'ordre établi, et de nature à compromettre l'Italie dans ses rapports avec les Gouvernements étrangers. ¶ Cette attente a été déçue. Égaré par des sentiments que le respect de la loi et une appréciation plus juste de la situation auraient dû contenir, et trop accessible aux excitations d'une secte plus connue par les victimes que par les succès, il ne recula pas devant la perspective d'une guerre civile, et voulut se faire l'arbitre des alliances et des destinées de l'Italie. A la faveur des souvenirs laissés en Sicile par les évènements de 1860, il put réunir dans cette île des corps de volontaires; les populations, partagées entre la sympathie qui devait éveiller en elle une revendication de Rome et le regret de voir cette revendication prendre le caractère d'une révolte, ne le virent passer au milieu d'elles qu'avec inquiétude et tristesse; le Parlement le désapprouvait; le Roi lui-même, dont il ne cessait d'invoquer le nom, le rappelait à la soumission aux lois; tout fut inutile. Il parcourut la Sicile et entra à Catane, trouvant partout un accueil plein d'avertissements salutaires, qu'il ne sut pas entendre; de Catane enfin il passa sur le continent avec trois mille hommes, obligeant ainsi le Gouvernement du Roi

d'en venir à une repression immédiate et complète; c'est alors que, rejoint par
un détachement de l'armée, il fut pris avec les siens. Les faits que je viens
de vous rappeler sommairement, Monsieur le Ministre, ne laisseront d'autre trace
parmi nous qu'un souvenir douloureux; l'union des esprits, fondée sur un attache-
ment unanime à des principes supérieurs n'en saurait être troublée. Ils ont
cependant une signification que vous ferez remarquer au Gouvernement auprès
duquel vous êtes accrédité. Ils sont d'abord un témoignage de la maturité politi-
que de ces populations libres d'hier seulement, du désir que l'Italie éprouve de
voir ses destinées s'accomplir par des voies régulières et des liens indissolubles,
qui unissent la nation à la monarchie constitutionnelle, expression suprême des
volontés du pays. Ils sont encore une preuve nouvelle de la fidélité et de la
discipline de l'armée, constante et sûre gardienne de l'indépendance nationale.
¶ Toutefois les cabinets européens ne doivent pas se méprendre sur le sens
véritable des évènements. La loi l'a emporté; mais le mot d'ordre des volon-
taires a été cette fois, il faut le reconnaître, l'expression d'un besoin plus impé-
rieux que jamais. La nation toute entière réclame la capitale; elle n'a résisté
naguère à l'élan inconsidéré de Garibaldi que parce qu'elle est convaincue que le
Gouvernement du Roi saura accomplir le mandat qu'il a reçu du Parlement à
l'égard de Rome. Le problème a pu changer de face, mais l'urgence d'une solu-
tion n'a fait que devenir plus puissante. En présence des secousses de plus
en plus graves qui se renouvellent dans la Péninsule, les Puissances comprendront
que l'Italie vient de faire un suprême et dernier effort, en traitant en ennemi un
homme qui avait cependant rendu de si éclatants services, et soutenu un principe
qui est dans la conscience de tous les Italiens; elles sentiront qu'en secondant
sans hésitation leur souverain dans la crise qu'ils viennent de traverser, les Italiens
ont entendu réunir toutes leurs forces autour du représentant légitime de leurs
droits, afin que justice entière leur soit enfin rendue. Après cette victoire,
remportée en quelque sorte sur elle-même, l'Italie n'a plus besoin de prouver
que sa cause est celle de l'ordre européen; elle a assez montré à quels sacrifices
elle sait se résoudre pour tenir ses engagements, et l'Europe sait notamment
qu'elle tiendra ceux qu'elle a pris, et qu'elle est prête à prendre encore relati-
vement à la liberté du St.-Siége. Les Puissances dès lors doivent nous aider à
dissiper les préventions qui s'opposent encore à ce que l'Italie puisse trouver le
repos et rassurer l'Europe. Les nations catholiques, la France surtout, qui a si
constamment travaillé à la défense des intérêts de l'Église dans le monde, recon-
naîtront le danger de maintenir plus longtemps entre l'Italie et la papauté un
antagonisme, dont la seule cause réside dans le pouvoir temporel, et de lasser
l'esprit de modération et de conciliation dont les populations italiennes se sont
montrées animées jusqu'ici. Un tel état de choses n'est plus tenable, il finirait
par avoir pour le Gouvernement du Roi des conséquences extrêmes, dont la
responsabilité ne saurait peser sur nous seuls, et qui compromettraient gravement
les intérêts religieux de la catholicité et la tranquillité de l'Europe. Je vous
invite, Monsieur le Ministre, à donner lecture de la présente dépêche au
et à lui en laisser copie. Veuillez etc.

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Durando.

No. 485.

No. 485.
Italien,

ITALIEN. Min. d. Ausw. and. königl. Gesandten in Paris. Die Nothwendigkeit des Aufhörens der Besetzung Roms durch die Franzosen betr.

Monsieur le chevalier,

Turin, le 8 octobre 1862.

Les documents publiés récemment par le

8. October Moniteur français sur la question romaine *) nous font croire que le gouverne

1862.

ment impérial, pénétré lui-même des dangers de la situation actuelle, pense qu'on ne saurait laisser plus longtemps cette question en suspens, et qu'il est urgent de chercher une solution qui sauvegarde en même temps, dans l'intérêt des deux pays, et les principes que la France protége à Rome, et les exigences de la nationalité italienne. L'occupation de Rome, quels qu'aient été les motifs qui l'ont déterminée, ne constitue pas moins une atteinte au principe de nonintervention reconnu généralement par les Puissances, et spécialement appliqué à l'Italie. Ce qui importe maintenant, c'est de voir si la continuation de l'occupation peut être justifiée pour l'avenir. En envoyant ses troupes à Rome et en les y maintenant, le Gouvernement français avait non seulement en vue de rétablir le Saint-Père et le siége pontifical, mais aussi de réconcilier le souverain de Rome avec l'Italie, et de procurer en même temps aux Romains un gouvernement plus conforme aux conditions de la civilisation moderne. [ Tous les efforts de l'empereur ont été constamment dirigés vers ce but, et son désir, nous ne saurions en douter, a toujours été de faire cesser l'occupation dès qu'il aurait pu l'atteindre. Ne se laissant pas décourager par des refus réitérés, il a pu conserver longtemps l'espoir de faire prévaloir dans la Cour romaine des conseils de prudence et de modération. Mais après la dernière allocution du Pape, après le rejet des propositions que le Moniteur vient de publier, peut-on encore nourrir l'espérance d'amener cette Cour à une appréciation plus juste de la situation et à des sentiments plus équitables envers l'Italie? La réponse du cardinal Antonelli ne peut plus laisser de doute à cet égard. Elle contient un refus péremptoire de tout accommodement. Demander, en effet, qu'on rende préliminairement au Saint-Siége les provinces qui depuis deux ans forment partie intégrante du royaume d'Italie, que la France et presque toutes les Puissances ont reconnu, et dans lesquelles, avant l'annexion, aucun ordre n'était possible qu'à l'aide de l'intervention de forces étrangères; se refuser à admettre un arrangement quelconque sans cette restitution, c'est fermer toutes les voies à des négociations futures. ས Il est donc désormais montré à l'évidence que l'occupation n'a obtenu et n'obtiendra jamais ni la réconciliation de l'Italie avec le Saint-Siége, ni celle de la population romaine avec son gouvernement. Voilà quatorze ans que la garnison française est à Rome, et aucune des réformes demandées n'est venue améliorer le gouvernement pontifical; les consciences catholiques sont plus troublées que jamais. ¶ Il y a plus: une des conséquences regrettables d'une occupation si prolongée est de maintenir dans l'esprit de la Cour romaine la certitude que son appui ne lui fera jamais défaut, et que par

*) No. 475, 476 u 479.

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