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Et vous

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et vous aussi, chers et tendres enfans,

Vous, dont les traits naïfs me peignent son image,

De quel sort fortuné vos aimables penchans

Nous offrent déjà le présage!

Les premiers sons qu'un jour Daphné, sur ses genoux,
Vous fit balbutier d'une voix foible et tendre,

Il me semble encor les entendre !

Ce fut pour m'appeler d'un nom, d'un nom si doux !
Croissez, enfans chéris, hâtez votre jeunesse.

Par vos jeux innocens, vous charmez nos beaux jours;
Gardez-nous le tableau de vos chastes amours,

Pour ranimer nos feux dans la froide vieillesse.

Lorsqu'au déclin du jour, à mon retour des champs,
Rassemblés pour m'attendre au seuil de la chaumière,
Vous m'appelez de loin, et par vos cris touchans,
Vous m'annoncez à votre mère ;

Lorsque d'un bond joyeux, suspendus à mes bras,
Chacun vous disputant ma première caresse

Avec une vive alégresse,

Au devant de Daphné vous entraînez mes pas,

Oh!

que dans vos transports nos cœurs goûtent de charmes ! Des pleurs, & ma Daphné ! viennent mouiller nos yeux Mais tendrement pressés d'un baiser amoureux, Quel plaisir nous sentons à confondre ces larmes !

Ainsi chantoit Iphis, aux premiers feux du jour.
Daphné, pour le surprendre, avoit suivi sa trace,

Sur chacun de ses bras balançant avec grace
Un enfant sous les traits dont on nous peint l'Amour.
Il l'apperçoit ; vers lui, joyeuse, elle s'empresse:
Tu viens de m'éveiller au doux bruit de tes chants,
Moi je viens, avec tes enfans,

T'offrir tous les objets qu'a chanté ta tendresse.
Tous les trois, à ces mots, les pressant sur son cœur,
Il veut parler, sa voix sur ses lèvres expire.
Restez, heureux époux, dans ce trouble enchanteur,
La vertu, de l'amour ennoblit le délire :

L'amour, sans la vertu, perdroit tout son bonheur.

LE NID DE FAUVETTE.

Jz le tiens, ce nid de fauvette;

Ils sont deux, trois, quatre petits;
Depuis si long-temps je vous guette,
Pauvres oiseaux, vous voilà pris.

Criez, sifflez, petits rebelles,
Débattez-vous; oh! c'est en vain.
Vous n'avez pas encor vos ailes;
Comment vous sauver de ma main ?

Mais quoi ! n'entends-je point leur mère
Qui pousse des cris douloureux ?
Oui, je le vois, oui, c'est leur père
Qui vient voltiger autour d'eux.

Ah! pourrois-je causer leur peine,
Moi, qui l'été, dans ces vallons,
Venois m'endormir sous un chêne,
Au bruit de leurs douces chansons?

Hélas! si du sein de ma mère
Un méchant venoit me ravir!
Je le sens bien, dans sa misère,
Elle n'auroit plus qu'à mourir.

Et je serois assez barbare

Pour vous arracher vos enfans?

Non, non, que rien ne vous sépare, Non, les voici, je vous les rends.

Apprenez-leur, dans le bocage,
A voltiger auprès de vous;
Qu'ils écoutent votre ramage,
Pour former des sons aussi doux.

Et moi, dans la saison prochaine, Je reviendrai dans ces vallons, Dormir quelquefois sous un chêne Au bruit de leurs jeunes chansons.

CLEMENTINE ET LA ROSE.

JEUNE reine des fleurs, l'orgueil de la nature,

Toi

que pour Psyché même auroit cueillie l'Amour, Prends ta robe vermeille, enrichis ta parure,

Tu vas de Clémentine habiter le séjour.

Ton front se réjouit d'étaler auprès d'elle
L'éclat de la beauté qui te soumet tes sœurs :
Moi, je triomphe aussi de te trouver si belle,
Pour te voir lui céder des tributs plus flatteurs.

Que le zéphyr léger, sur ta tige orgueilleuse,
Te balance avec grace en son vol caressant ;
De ton sein qui frémit sous sa bouche amoureuse,
Exhale en tes soupirs un parfum ravissant.

De sa tige flexible imitant la mollesse,
Voluptueuse et fière, aisée avec grandeur,

Sa taille, en ses contours, va prendre ta souplesse,
Et son souffle embaumé nourrira ta fraîcheur.

Toujours belle, jamais d'une plus vive flamme
Tu ne vois s'animer tes tranquilles attraits;
Tout, jusques aux desirs captivés dans son ame,
Varie à chaque instant le charme de ses traits.

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