Je prends des fruits nouveaux, du lait frais et du pain, Et cours soulager sa misère. Il reposoit. Sans bruit j'entre sous le rocher. Que le sommeil, dit-il, est un dieu bienfaisant ! Et son fardeau retombe de ses bras. Malheureux que je suis ! quel est ce vain mensonge Je rêve encore. A mon réveil, Tout va fuir: mais non, non : non, ce n'est point un songe. Reçois le doux transport de ma reconnoissance! Je veux que mes enfans, ma femme, s'en nourrissent; Qu'en une voix, ce soir, tous nos cœurs réunis Chantent mon bienfaiteur, le chantent, le bénissent. Il se lève à ces mots. Prompt à le devancer, A travers les buissons je cours dans la prairie, ? Non, dis-je, bon vieillard. Mais d'où viens-tu? sans doute Tu t'es égaré dans ta route. – Oui, mon ami, j'allois au village prochain. Si j'étois assez fort, je prendrois ton fardeau ; Ce que j'ai fait ne coûtoit rien à faire, Le sort peut maintenant me ravir la lumière, La bienfaisance encor vivra dans ma chaumière. LE PRESAGE. MY SIS ET HYLA S. MYSI S. DANs le bosquet du temple de l'Amour, J'étois allé consacrer une offrande; C'est ce panier, Hylas, que tu vis l'autre jour. Je l'attachai, du bout de ma guirlande, Au plus beau myrte d'alentour. Hier, dans le bosquet allant joindre Céphise, Je voulus revoir mon panier. O mon ami, quelle douce surprise! J'apperçois sur l'anse un ramier. Il roucouloit. J'approche. Il fuit à ma présence. Dans mon panier je trouve un nid charmant. Ils étoient deux petits. Nés depuis un moment Ils chantoient déjà leur naissance. La mère, de son aile, ardente à les couvrir, Sembloit me dire en un touchant langage: Te plairois-tu, berger, à nous faire souffrir? Berger, ne trouble point un paisible ménage. Attendri, je m'éloigne, et le père inquiet, Qui voloit tout autour de feuillage en feuillage, Sur le bord du panier retombe comme un trait. Et moi qui sentois tous leurs feux, Quelle espérance, Hylas, en dois-je concevoir ? HYLA S. Que ta bergère et toi, dans une paix profonde, Vous allez couler d'heureux jours; Et que de Lucine féconde, Vous verrez bénir vos amours. MY SI S. O quel présage heureux ta sagesse m'annonce! IDYLLE X X. LA TEMPÊTE. LYCAS ET PALÉMON. Tels que des monts altiers, de ténébreux nuages, Les bergers, à grands pas, regagnoient les hameaux, Que j'aime, dit Lycas, ces lugubres horreurs ! Je ne sais quel transport surmontant mes terreurs Si l'aspect d'un beau jour peint la bonté des dieux, Qu'ils font dans la tempête éclater leur vengeance! |