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De tous les biens qu'il t'a promis.

Oui, si ton cœur, touché de nos misères

Veut rendre à nos hameaux la richesse et la paix,
Si jusques à ce jour le plus tendre des pères,
Tu veux toujours répondre à tes premiers bienfaits,
Donne, donne à Turgot ta pleine confiance.
Vois comme les méchans en ont déjà pâli.

LYSI S.

Quoi! nous verrions encor refleurir l'abondance!

LAMO N.

Comment se refuser cette douce espérance?

Henri vient de renaître, il retrouve Sully.

IDYLLE XV.

L'ORAGE FAVORABLE.

POURQUOI prendre, & Thémire, un maintien si sévère?

Puisqu'on ne peut risquer, sans te déplaire,
Un mot, un petit mot, le moindre mot d'amour,
Las! il faut bien que j'apprenne à me taire.
Mais vois quelles vapeurs obscurcissent le jour,
Entends de toutes parts les Autans, sur nos têtes,
Assembler à grand bruit tempêtes sur tempêtes.
Si tu veux au bercail ramener ton troupeau,
Je viens t'offrir de le conduire,

Aux accords de mon chalumeau.

Tu ris de mes craintes, Thémire,

Ne tardons point, crois-moi, de rentrer au hameau.
Vois les vents échappés des flancs de ces montagnes,
Renverser les épis dans le creux des sillons,

Et jusqu'aux cieux pousser, en tourbillons,
Le sable épars sur les campagnes,

Ce bruissement sourd de la sombre forêt,

Ces

nuages obscurs fondant en large pluie,

Ces longs cris des oiseaux, et leur vol inquiet,
Ces fleurs laissant tomber leur couronne flétrie,

Tout me présage. Eh bien ! dieux ! quels affreux éclairs!

On croiroit voir, sous les coups du tonnerre,

S'écrouler la voûte des airs,

Et les cieux s'engloutir dans les flancs de la terre.

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Tu cours. Il n'est plus temps. Viens. Où vas-tu? Suis-moi.
Ton chien, sous ce rocher, nous découvre un asyle.
Suivons-le. Tu pâlis? Thémire, sois tranquille
Sans te parler d'amour, j'y serai près de toi.
Ce lieu, de deux amans fut souvent la retraite.
Qu'il vit de doux larcins et de tendres faveurs !
Il va n'être témoin que d'une ardeur discrète.
Hélas! il ne verra que d'injustes rigueurs.
Quel berger cependant plus fidèle ou plus tendre,
Mérita mieux.... Mais non, non, cachons mon tourment.
Thémire, tu croirois que je veux te surprendre.
Pourtant si tu voulois, si tu voulois m'entendre !
Quand pourrois-je trouver un plus heureux moment?....
Mais quoi! dans ta frayeur, tremblante et sans haleine,
Comme si tu craignois que je pusse te fuir,

Tu serres ma main dans la tienne,

Pour tâcher de me retenir ?

Connois-toi donc, Thémire. Est-ce par la contrainte
Que l'on s'enchaîne à tes genoux ?

Moi te fuir? de mon sort un dieu seroit jaloux.
Mais ce bonheur, hélas! je le dois à la crainte.
Thémire, ah! si c'étoit un sentiment plus doux!
Laisse-moi m'abuser. Cette erreur m'est si chère !
Quoi! sur tes fiers dédains je m'étois donc mépris ?
Cet air froid qui me désespère,

La pudeur te le donne et non pas le mépris.
Tu ne me réponds rien, cruelle, est-ce le prix
Dont tu devrois.... Mais quoi! tu baisses ta paupière.
Ta rougeur.... un soupir.... Thémire, tu souris.
Ah! c'est m'en dire assez, oui, j'entends ce langage.
Et toi qui de mes maux devois finir le cours,
Redouble tes fureurs, ô bienfaisant orage,

Voici le plus beau de mes jours.

LES BERGÈRES AU BAIN.

IRIS ET ÉG LÉ.

ÉG LÉ.

QUOIQUE penché vers l'horizon,

Le soleil de ses feux dévore le bocage.
Veux-tu m'en croire, Iris? allons sur ce rivage;
Parmi des touffes de gazon,

Nous pourrons y goûter la fraîcheur de l'ombrage.

IRIS.

Allons, allons, Églé, je suis tes pas. Avance encore un peu. Ces bouquets de lilas Me retombent sur le visage.

ÉG LÉ.

Nous sommes bien ici. Dieux ! quel ruisseau charmant !
On voit jusqu'au fond de son onde.
Écoute, Iris, l'air est brûlant,

La source n'est pas bien profonde,
Plongeons-nous dans ses eaux jusqu'au sein seulement,

IRIS.

Et si l'on vient! tu sais que je suis si craintive!

ÉG LÉ.

Aucun berger ne sait notre dessein,

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