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J'ai, dit-on, le défaut d'être un peu curieuse.

Je m'approchai sans bruit pour voir ce qu'il faisoit. C'étoit.....

Quoi ?

PHYLLI S.

COLETTE.

Ce panier. Bergère trop heureuse,

Si tu savois la chanson qu'il disoit !

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COLETTE.

Je veux bien te l'apprendre ;

Mais tu ne me dis rien de mon berger Mysis?

Que je te plains de n'avoir pu l'entendre,

Lorsqu'il me fit hier des couplets si jolis !

Je vais te les chanter. C'est sur un air fort tendre.

(Elle se dispose à chanter.)

PHYLL I S.

Oui..... Mais d'abord ne pourrois-je savoir.....

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Ne puis-je donc savoir la chanson de Lycas?

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PHYLLIS.

Je la retiendrai, j'en suis sûre.

Dis-la-moi seulement.

COLETTE.

Il faut donc t'obéir.

(Elle chante.)

Laissez-vous sous mes doigts courber avec souplesse,
Joncs nuancés des plus vives couleurs ;

Formez dans vos contours mille brillantes fleurs :
C'est pour faire un panier à ma jeune maîtresse.

De mon bonheur naissant qui ne seroit jalonx?
Je passois, l'autre jour, tout près de cette belle.
Ce ne fut qu'un seul mot; Bonsoir, Lycas, dit-elle :
Mais elle me le dit d'un son de voix si doux !

Laissez-vous sous mes doigts courber avec souplesse,
Joncs nuancés des plus vives couleurs ;

Formez dans vos contours mille brillantes fleurs :
C'est pour faire un panier à ma jeune maîtresse.
Dieu d'amour! si Phyllis ne le dédaignoit pas !
Ce don est bien léger; mais à cette bergère
Je ne demande aussi qu'une faveur légère;
Qu'elle aime seulement à l'avoir à son bras.

Laissez-vous sous mes doigts courber avec souplesse,
Joncs nuancés des plus vives couleurs ;

Formez dans vos contours mille brillantes fleurs : Quand vous verrai-je au bras de ma jeune maîtresse?

PHYLLI S.

Adieu, Colette, adieu. C'est là-bas le ruisseau,

Où, revenant du pâturage,

Il mène quelquefois abreuver son troupeau.
Je vais m'asseoir sur le rivage;

Et tantôt, s'il y vient, je lui dirai: Lycas,

Tiens, vois-tu ton panier ? je le porte à mon bras.

IDYLLE VII.

L'AGNE A U.

POUR un simple ruban qui paroit sa houlette,

Lyse, un jour, de Tyrcis, reçut un bel agneau ;
C'étoit un jour d'été. L'agile bergerette

Prend l'agneau dans ses bras, vole vers un ruisseau,
Se dépouille, s'y plonge, et soudain sur la rive,
Parmi des joncs touffus, croit entendre du bruit.
Son œil s'y fixe. Elle pâlit :

Et de ses bras, qu'un froid mortel saisit, L'agneau glisse, entraîné par l'onde fugitive.

De sa douleur, qui peindroit le transport, Lorsqu'en se retournant, Lise apperçoit loin d'elle L'agneau contre les flots luttant avec effort, S'élançant tour-à-tour vers l'un, vers l'autre bord, Et toujours repoussé par la vague cruelle ? D'un bélement plaintif il l'appelle, l'appelle; Ah! pour le secourir en ce pressant danger, Que pourra faire, ciel! la bergère éperdue ? Lise veut fendre l'onde.... et ne sait point nager. A son secours appeler son berger? Lise ne l'oseroit. Hélas! Lise étoit nue.

Mais Lise sait que l'inconstant ruisseau,

Après qu'en longs replis il a baigné la plaine,

Sur un lit moins profond ramène enfin son eau,
Et qu'au détour de la forêt prochaine,

Elle peut rejoindre l'agneau,

De l'onde, à ce penser, légère elle s'élance,
Et ne se doutant pas que son heureux amant,
Tout près d'elle caché, l'observoit en silence,
Elle prend au hasard le premier vêtement,
Et le sein demi-nu, la voilà qui s'avance.
Mais, Lise! ô quel bonheur ! pouvois-tu le prévoir ?
Tyrcis t'a vu partir, il fend l'onde à la nage,
Poursuit l'agneau, l'atteint, le porte sur la plage,
L'entoure du ruban qu'il vient de recevoir,
Et se cache sous un feuillage,

Remis un peu de sa frayeur,

Et, secouant le poids de sa toison humide,
L'agneau, d'un arbousier paissoit la jeune fleur.
Lise arrive d'un pas rapide :

A peine, en le voyant, en croit-elle ses yeux.
Le ruban le fait reconnoître.

Mais, ô dieux! si Tyrcis..... il étoit là peut-être;
Elle s'ajuste de son mieux.

Tyrcis paroît. Tyrcis avoit un air si tendre!
L'agneau donné deux fois étoit d'un si grand prix
On lui donne un baiser, puis deux, il en eut six :
On ne les compta plus. Et comment s'en défendre ?
Ceux qu'on eût refusés, il les auroit ravis.
La belle, prudemment, paya si bien Tyreis,
Que le berger n'eut plus rien à prétendre,

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