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demande pas de fortuné séjour, de champs aimés des cieux: il demande la campagne; la campagne, quelle qu'elle soit, suffit à ses désirs : O rus, quando ego «te aspiciam!» On est fàché de ne pas retrouver dans les vers de Boileau cette voluptueuse distribution du temps entre le sommeil, la lecture des anciens et la paresse. Quelle douceur à la fois et quelle hardiesse dans l'inertibus horis, les heures paresseuses? Combien on doit regretter aussi ce vers charmant :

Ducere sollicitæ jucunda oblivia vitæ !
Boire l'heureux oubli d'une vie inquiète.

Enfin quelle différence, pour l'harmonie, la grâce et l'expression de l'amour de la solitude, entre

Oblitus cunctorum, obliviscendus et illis,

et ce vers,

Et connu de vous seuls oublier tout le monde !

Enfin Horace a trouvé ces vers dans son ame, et Boileau a pris les siens dans Horace, mais avec la différence qu'ont dû mettre entre le poëte et l'imitateur la sensibilité exquise de l'un et l'élégance un peu laborieuse de l'autre. C'est à cette correction, fruit du goût et du travail, que Chapelle fait allusion dans ces vers si plaisans et si vrais :

« Tout bon habitant du Marais

<< Fait des vers qui ne coûtent guère;
« Pour moi, c'est ainsi que j'en fais;
« Je les ferois bien plus mauvais,,
« Si je tâchois de les mieux faire.

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Lafontaine seul nous offre des exemples de cette douce sensibilité, et de cet abandon plein de grâce, que j'admirois dans ces vers d'Horace, lorsqu'au sujet de l'amour, il s'écrie:

« Hélas! quand reviendront de semblables momens!
« Faut-il que tant d'objets, si doux et si charmans,
<< Me laissent vivre au gré de mon ame inquiète ?
« Ah! si mon cœur encore osoit se renflammer!
<< Ne trouverai-je plus le charme qui m'arrête?

« Ai- je passé le temps d'aimer? »

Le sujet est différent, mais le caractère du style est le même. (Note de l'auteur.)

(12) Le vers vole et le suit, aussi prompt que l'éclair.

Dans une société où se trouvoit M. le chevalier de B***, on avoit parlé d'harmonie imitative dans les vers; des personnes de beaucoup d'esprit nioient l'existence de cette harmonie. L'auteur de ce poëme, invité à lire quelques vers, choisit le morceau qui avoit pour objet l'harmonie imitative. Alors M. le chevalier de B*** dit, avec l'esprit et la finesse qui lui sont si familiers : « Il a fait comme le philosophe à qui l'on nioit le mouvement; il a marché. » (Note de l'aut.)

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(13) Il chante Lycoris, sa Lycoris absente.

VIRGILII BUCOLICON; Eclog. x.

<< Tu procul a patria (nec sit mihi credere tantum!)

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Me sine sola vides. Ah! te ne frigora lædant!

Ah tibi ne teneras glacies secet aspera plantas !

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Ibo, et Chalcidico quæ sunt mihi condita versu Carmina, pastoris siculi modulabor avena.

Certum est in silvis, inter spelæa ferarum

<< Malle pati, tenerisque meos incidere amores

«

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