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DU TROISIÈME CHANT.

(1) Ces bois, noirs alimens des volcans enflammés.

ON a voulu renfermer dans l'expression la plus succincte les différentes matières que la nature emploie pour l'entretien des feux volcaniques. Il paroît néanmoins, par les expériences de plusieurs physiciens célèbres, que les bois et tous les végétaux fossiles ne sont pas les seules matières propres à entretenir les feux souterrains. Lemery, Homberg, Newton, Hoffmann et Boerhaave, ont obtenu, par le mélange du soufre, du fer et de l'eau, des effets à peu près semblables aux feux qui embrasent les volcans. Ces expériences, présentant en petit les mêmes résultats que la nature produit en grand, doivent au moins faire soupçonner que les bois noirs, les charbons de pierre, etc., ne sont pas les seules matières que la nature puisse employer pour alimenter le foyer des volcans, sur tout si l'on fait attention que la terre renferme des amas considérables de pyrites sulfureuses et ferrugineuses, qui n'ont besoin que du concours de l'eau pour s'enflammer. Si l'on observe que l'acide vitriolique, se 'combinant avec le fer, produit une grande chaleur, et beaucoup d'air inflammable, que mille circonstances peuvent allumer; il sera bien évident que ces feux, produits sans l'entremise

d'aucune substance végétale, pourroient causer les plus terribles explosions, soit en vaporisant l'eau, soit en dilatant l'air atmosphérique, qui, selon M. Hales, se trouve concentré dans les pyrites vitrioliques ou sulfureuses, dans la proportion de 1 à 83. Si on ajoute à ces réflexions celles de Spallanzani, sur le même sujet, on doutera au moins que le foyer des volcans soit alimenté par des végétaux fossiles.

(2) Semblent offrir aux yeux des plantes étrangères.

Les empreintes que l'on trouve dans nos climats sur les schistes qui sont le toit des couches de charbon de pierre, appartiennent évidemment à des plantes qui nous sont étrangères aujourd'hui. Il s'y trouve, par exemple, des calamites, des écorces de palmiers, de la forme la plus variée et la plus curieuse. Si l'on y rencontre quelquefois des empreintes qui ressemblent à nos fougères, c'est que dans cette classe, extrêmement nombreuse, il est un grand nombre d'espèces exotiques, échappées aux recherches des Plumier, des Rumph, des Petiver, et dont l'œil exercé du botaniste ne peut qu'à peine, après une comparaison longue et bien suivie, distinguer les empreintes de celles des plantes de nos climats. Dans les Mémoires de l'académie de 1782, Daubenton cite des schistes dont les impressions lui ont paru provenir de plantes croissant dans le pays; Lemonnier, dans ses Observations d'histoire naturelle, croit avoir reconnu l'osmunda regalis, sur un schiste

d'une houillère d'Auvergne; mais ces observations ne sont pas convaincantes. Dans les mines de charbon de pierre du val de Villé, les empreintes de feuilles verticillées sont beaucoup plus fréquentes que celles de plantes dorsifères. Il y auroit cependant de la témérité à assurer qu'elles sont de l'espèce du caille-lait de nos contrées : il est plus probable que l'une des empreintes, venant de Taninge en Faucigni, que M. Tingry a décrites dans le premier volume des Transactions de la société Linnéenne de Londres, est l'aspleniven nodosum de l'Amérique méridionale; et il existe un si grand nombre d'empreintes qui diffèrent entièrement de nos plantes, que l'on est forcé de les rapporter à une époque où le climat et les productions de notre pays différoient de ce qu'ils sont aujourd'hui. Les belles écorces de palmier, si variées, qui se trouvent sur tout dans les schistes de Duttweiler près de Saarbrücken, fournissent un fait de plus à l'appui de cette assertion. Pour fixer son opinion sur cette matière, on consultera avec fruit l'ouvrage de Morand sur les charbons de pierre, l'Herbarium diluvianum de Scheuchzer, la Silesia subterranea de Volckmann, et la belle suite d'empreintes que Mylius a publiées dans l'ouvrage intitulé: Memorabilia Saxoniæ subterranea.

(3) L'un sur l'autre sculptés par les mêmes rameaux.

Jussieu, dans les Mémoires de l'académie, de 1718, donne l'explication suivante de la raison pour laquelle,

dans deux couches de schiste à empreintes séparées l'une de l'autre, on ne voit pas sur l'une l'impression de -la page supérieure de la feuille, et sur l'autre celle de l'inférieure.

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Nous supposons, dit-il, les feuilles flottantes sur la superficie d'une eau qui, dans ses agitations,

étoit encore plus chargée d'un limon bitumineux « qu'elle avoit détrempé, que du sel dont elle étoit <<< naturellement imprégnée. Ce limon a couvert la surface de ces feuilles flottantes, y a été retenu par « la quantité de nervures dont elles sont traversées,

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« s'y est uni si intimement à elles qu'elles en ont pris «< jusqu'aux moindres vestiges, et y ont acquis d'autant << plus de consistance que ces feuilles, par la qualité « de leur tissu serré, ont résisté plus long-temps à la <«< corruption. Comme, néanmoins, elles se sont enfin « pourries, et que le limon qui les couvroit n'a pu « manquer de se précipiter, soit par la soustraction

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du corps qui le soutenoit, soit parce que, devenu << par cette soustraction plus pénétrable à l'eau, il s'est « trouvé plus pesant; c'est dans cette précipitation que << ces lames limoneuses, tombant sur les surfaces unies d'un limon détrempé, y ont marqué la figure des << feuilles dont elles avoient conservé l'empreinte.

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L'explication de ce méchanisme rend sensible la <«< singularité de la représentation d'une seule et même « face de ces feuilles de plantes, en relief sur une lame, et en creux sur celle qui lui est opposée. Ce qui

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arrive de la même manière qu'un cachet, imprimé

<< en relief sur une lame de terre, se rend en creux

" sur une autre lame molle sur laquelle celle-là est « appliquée.

« L'on ne peut pas dire que l'une soit celle du revers « de la feuille, tandis que l'autre est celle du dessus, «< puisque cette feuille, ayant été pourrie, est devenue incapable d'imprimer ce revers. Sa pourriture est si certaine, que sa substance, ayant changé, a teint ces empreintes en noir, et ce qui est resté attaché à cette «< lame n'a rendu tout au plus que quelques empreintes

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moins parfaites, parce que ce superflu a rempli la <«< gravure de l'impression, et s'y trouve aujourd'hui «en poudre entre quelques-unes de ces lames lors« qu'on les sépare.

(4) Aux voyageurs encore en fait de longs récits.

Ces accidens sont assez fréquens, mais ils sont peu considérables; ou, arrivant dans des endroits non habités, ils sont bientôt oubliés, et souvent même inconnus. On trouve de ces faits dans l'histoire ancienne: Pausanias en cite un au sujet de la ville Idée, au pied du mont Sipyle. Un exemple des plus frappans dans ce genre, est la destruction du magnifique bourg de Pleurs, riche par ses fonds de terre, par le commerce et l'industrie de ses habitans, environné de belles maisons de campagne, et situé dans la Valteline, au pied du mont Conto. Le 6 septembre 1718, après des pluies abon

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