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I.

FRENCH 'PROSATEURS' AND 'POËTES,'

AND

ENGLISH PROSE WRITERS.

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A.

INTRODUCTION.

1. Histoire de Joseph.-Joseph était l'un des (definite) douze fils de Jacob. Son père l'aimait (er) tendrement. Ses (son) frères ne tardèrent pas à être jaloux de la tendresse que Jacob lui témoignait. Ils le détestèrent plus encore, quand Joseph leur eut raconté un songe qu'il avait eu. La nuit dernière,' leur dit-il (dire) un jour, je songeais que nous étions dans un champ où des (partitive) gerbes étaient amoncelées. Vos gerbes semblaient s'incliner (look in the dictionary for incliner) devant la mienne' (mien). Les frères s'irritèrent de ce songe, et de la supériorité qu'il lui présageait. 'Ah!' s'écrièrent-ils un jour, il faut (falloir) que nous nous délivrions de ce songeur; tuons-le: nous raconterons à notre père qu'une bête féroce l'a dévoré. Tous approuvèrent ce projet criminel. Un jour qu'ils gardaient dans les champs les troupeaux de leur père, Jacob envoya vers eux Joseph, qu'il chargeait souvent de leur porter des (partitive) vivres. Comme ils allaient (were going) le tuer, Ruben, qui était l'aîné, eut pitié de Joseph. 'Ne le tuons pas,' s'écria-t-il; 'enfermons-le dans une citerne.' Il parlait ainsi, parce qu'il se proposait de le délivrer. 'Si nous tuions notre frère,' ajouta-t-il, 'nous attirerions sur nous la malédiction du Seigneur.' On écouta ses conseils, et on se rangea à son avis.

2. Suite. On enferma le malheureux Joseph dans la citerne. Puis les méchants frères allèrent manger. Pendant qu'ils mangeaient, des marchands ismaélites passèrent par-là. Ils achetèrent Joseph, et l'emmenèrent dans un pays lointain qu'on appelle l'Égypte. Cependant les frères de Joseph trempèrent sa robe dans le sang d'un chevreau qu'ils avaient égorgé et l'envoyèrent à Jacob. Le messager qu'on chargea de cette cruelle commission présenta la robe au père en lui disant (dire): Voilà une robe que vos fils ont trouvée.' Jacob, en la voyant, s'écria: Il a été dévoré! Une bête cruelle a dévoré mon fils!' Et il le pleura pendant de longues années, sans que rien le consolât ou allégeât sa douleur. Quand Joseph fut en Égypte, un seigneur du pays l'acheta. Ce seigneur s'appelait Putiphar. Il nomma Joseph intendant de sa maison et lui confia le soin de ses affaires. Mais la femme de Putiphar calomnia Joseph auprès de son mari: L'esclave hébreu que vous nous avez amené,' lui dit-elle, a voulu (vouloir) m'outrager; mais j'ai crié, j'ai appelé au secours, et il s'est enfui (ir). Putiphar, ainsi trompé par sa femme, entra dans une grande colère, et accusa Joseph auprès des magistrats qui ordonnèrent qu'on le jetât en prison.

3. Suite. Or il arriva que le gouverneur de la prison chargea Joseph de

porter à manger aux autres prisonniers, parmi lesquels se trouvaient le grand panetier et le grand échanson du Pharaon (c'est ainsi qu'on appelle le roi d'Égypte dans la Bible). Un matin il les trouva tristes parce qu'ils avaient eu pendant la nuit des songes qui les inquiétaient. Joseph, après avoir écouté le récit de leurs songes, annonça au panetier qu'on l'enverrait (envoyer) au supplice dans trois jours. Puis se tournant vers l'échanson: Vous rentrerez en grâce,' lui dit-il; 'le roi vous pardonnera. Rappelez-vous que je suis enfermé ici pour un crime dont je suis innocent, et n'oubliez pas celui qui vous annonce avec joie votre délivrance.' Il arriva aux deux officiers comme Joseph le leur avait annoncé; mais le grand échanson oublia Joseph. Deux ans après, le roi songea qu'il était sur le bord du Nil: du (definite) fleuve semblaient sortir sept vaches grasses, et bientôt après sept vaches maigres, qui dévorèrent les premières, et restèrent cependant aussi maigres qu'auparavant. Le roi s'éveilla alors; mais il ne tarda pas à se rendormir, et il eut un autre songe. Il lui semblait voir sept épis pleins, puis sept épis maigres qui s'élevaient à leur côté et les dévoraient. Le lendemain, le roi appelle (er) tous ses prêtres, et demande qu'on lui explique ce que signifient ces deux visions. Comme nul ne les expliquait, le grand échanson se rappela Joseph, et raconta au roi ce qui s'était passé dans la prison.

4. Suite.-Le roi envoie (envoyer) chercher Joseph; il arrive, et après avoir entendu (re) les deux songes, il déclare qu'ils signifient une seule et même chose. Ils annoncent qu'à sept années d'abondance succéderont sept années de disette. Que le roi amasse des provisions, pour alléger les maux (mal) qui menacent de peser sur son peuple. Le roi approuve ce conseil.

Sois (être) mon ministre,' dit-il à Joseph. Tu commanderas à tout mon royaume. Personne dans l'Égypte ne remuera le pied ni la main que par ton ordre.' Joseph fut donc le premier après le roi. Il s'occupa aussitôt à rassembler et à amonceler dans les greniers publics des grains en abondance. Aussi, quand les années de disette arrivèrent, l'Egypte avait assez de blé, non-seulement pour nourrir ses habitants, mais aussi pour alimenter les

pays voisins, qui lui payaient son grain à prix d'or. Jacob envoya ses fils en Egypte pour acheter du (partitive) blé. Ils se présentèrent, sans le reconnaître, devant Joseph, qui les reconnut (aître) aussitôt. Il les accusa d'être des espions; il les jeta en prison; il exigea, pour les relâcher, que l'un d'eux allât chercher Benjamin, le plus jeune des fils de Jacob, qui était resté auprès de son vieux père. Benjamin arriva. Joseph voulut (vouloir) encore éprouver ses frères, en accusant Benjamin d'avoir essayé de lui dérober sa coupe. Mais enfin ses sanglots éclatérent : 'Il est temps que je vous révèle qui je suis,' s'écria-t-il en présence de tous ses frères assemblés. C'est moi qui suis Joseph. Allez chercher mon père. Vous resterez tous en Égypte. Je veux (vouloir) que vous partagiez avec moi les faveurs et les bontés du roi.'

5. La Leçon de Lecture.-Le maire du petit village de Talant, en Bourgogne, avait, à ce titre, droit de séance aux (à les) états de la province, et le privilége de manger à la table du prince de Condé, lorsqu'il venait (venir) présider aux états. Celui qui possédait cette (ce) place était un bon paysan d'assez mince apparence, mais ne manquant pas d'esprit et fort content de jouir de ses prérogatives. Les jeunes pages qui servaient (ir) à table imaginérent de s'amuser à ses dépens: à mesure qu'on mettait (re) quelque mets sur son assiette, celui qui était derrière la lui enlevait avant qu'il eût eu le temps d'y toucher, et lui en donnait une vide. On venait de (venir de bf. inf., to have just) lui servir une aile de faisan, et on allait (aller, bf. inf., to be going or about to) la faire disparaître, lorsqu'il donna un coup sec du manche de son couteau sur les doigts du petit espiègle, qui retira bien vite la main. Le prince, qui était jeune et qui s'était amusé de cette plaisanterie sans faire semblant de la voir, lui dit: Qu'est-ce donc, monsieur le maire? vous battez (re) mes pages?'-Oh! non, monseigneur,' répondit-il (répondre); je leur apprends à lire. Ils prennent (dre) des L (des ailes) pour des O (des os).

6. Du Guesclin.-Bertrand du Guesclin, né près de Rennes en Bretagne, en mil trois cent onze, se fit remarquer dès son enfance par un caractère bouillant, intrépide, et un goût décidé pour

les combats. Il n'y a pas de plus mauvais garçon au monde,' disait sa mère ; 'il est toujours battant ou battu.' Son éducation fut extrêmement négligée sous le rapport de la science: à cette époque la plupart des nobles se faisaient un mérite de n'avoir rien appris. La physionomie du petit du Guesclin n'avait rien d'agréable; il ne se le dissimulait pas. Je suis fort laid,' disait-il; mais je veux être bien hardi.' Voici l'occasion où l'on commença à l'apprécier. Son père et plusiers gentilshommes bretons publièrent un tournoi où furent invités tous les chevaliers les plus braves de France et d'Angleterre. Le jeune homme avait vu les préparatifs de l'équipage de son père, et il se promettait bien de l'accompagner: mais Renault, craignant sans doute quelque incartade de sa part, lui défendit (re) de sortir de chez lui. Bertrand songea aussitôt à s'échapper secrètement, et il y réussit (ir). Arrivé à Rennes, il obtient à grand' peine d'un de ses parents qu'il lui prête ses armes et son cheval. Ravi de joie, et plein d'un noble espoir, du Guesclin s'avance vers la place du tournoi, se fait ouvrir la barrière et demande à combattre.

7. Suite. Le premier concurrent qui se présenta fut aussitôt vaincu: du Guesclin le heurta avec tant de violence qu'il le renversa de cheval. Un autre chevalier fut également terrassé. Renault, son père, se présenta pour courir contre lui; Bertrand, qui l'avait reconnu à ses armes, accepta le défi; mais les trompettes ayant sonné la charge, au lieu de s'avancer pour combattre, il baissa la lance et lui fit une révérence profonde. Les assistants demeurèrent tout surpris; Renault se retira sans reconnaître son fils. Mais aussitôt un chevalier normand, fier de trois victoires qu'il avait déjà remportées, vint défier le jeune Bertrand. Du Guesclin cette fois ne refusa pas le combat. Les deux champions s'élancèrent l'un contre l'autre avec vitesse incroyable. Le chevalier normand visant son antagoniste à la tête, lui enleva son casque avec sa lance. Bertrand, outré de se voir touché et découvert, saisit au corps son adversaire avec tant d'adresse, qu'il le renversa et demeura vainqueur. Renault, aussi surpris que joyeux, courut à son fils et l'embrassa avec tendresse.

une

Du

Guesclin, charmé de se voir applaudi par son père, qui auparavant faisait peu de cas de lui, en goûta mieux sa victoire. Il alla recevoir le prix destiné au vainqueur; et suivi de toute la noblesse, il courut offrir sur-le-champ`au chevalier qui lui avait prêté son cheval et ses armes, le fruit de sa bravoure. On vit avec admiration qu'il allait au courage et à l'adresse, la générosité et la reconnaissance.

8. Flatterie adroite.-Le prince de Conti, père du dernier de ce nom, avait invité l'abbé de Voisenon à dîner. L'abbé oublia le jour, et n'y alla pas. Le lendemain, un ami le rencontre, et lui dit: Monseigneur a été hier de fort mauvaise humeur contre vous.' L'académicien convint de son tort, et ne manqua pas de se trouver un jour d'audience chez le prince pour lui faire ses excuses. Dès que Son Altesse l'aperçut (çevoir), elle lui tourna le dos sans le regarder. Ah! monseigneur,' s'écria l'abbé, je suis pénétré de reconnaissance. On m'avait dit que vous m'en vouliez: je vois bien le contraire.'

Comment cela?' dit le prince. Votre Altesse me tourne le dos, et ce n'est pas son usage d'agir ainsi devant ses ennemis.'

9.-Un homme très-simple, étant arrivé un soir dans une auberge, ne trouva qu'un lit dans une chambre où couchait déjà un nègre. Comme on s'était aperçu pendant le souper de sa simplicité ridicule, quelques jeunes gens voulurent se moquer de lui: ils entrèrent dans sa chambre pendant qu'il dormait, et lui noircirent le visage.

Le lendemain, un domestique vint l'éveiller de bonne heure comme il l'avait recommandé, et notre homme se jeta en bas de son lit. Mais s'étant vu dans la glace: 'Ah!' dit-il, 'le domestique s'est trompé comme un imbécile; je lui avais dit, de me réveiller, et il a réveillé le nègre.' Cela dit, il se recoucha tranquillement, et dormit une couple d'heures.

10.-Un avocat revenait du jardin d'un de ses amis, où il était allé se promener. Sa femine accourut au-devant de lui; elle lui demanda comment on l'avait reçu. 'Je n'ai trouvé que les dames; elles m'ont reçu très-civilement,' répondit-il. Elles ont voulu me faire manger.'-'Vous n'avez pas accepté? et que leur avez-vous dit?'

Moi? Rien du tout: heureusement j'avais ma canne.'- Comment, votre canne? A quoi pouvait-elle vous servir ?A écarter les trois énormes chiens qu'on avait lâchés sur moi, et qui m'auraient dévoré si je les avais laissés faire.'

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11.-Au milieu d'une nuit fort obscure, un aveugle marchait dans les rues avec une lanterne à la main et une cruche pleine sur le dos. Quelqu'un qui courait le rencontra, et, surpris de cette lumière: Simple que vous êtes,' lui dit-il, à quoi vous sert cette lumière? La nuit et le jour ne sont-ils pas la même chose pour vous?' -Ce n'est pas pour moi,' lui répondit l'aveugle, 'que je porte cette lanterne ; c'est afin que les étourdis qui te ressemblent ne viennent pas heurter contre moi, et me faire casser ma cruche.'

12. Le Voyageur rusé.-Un voyageur qu'un orage avait mouillé et transi de froid arriva dans une hôtellerie de campagne, et la trouva si remplie de monde, qu'il ne put approcher de la cheminée. Portez à mon cheval une cloyère d'huîtres,' dit-il bien haut à l'hôte.-'À votre cheval!' répondit celui-ci ; 'il ne voudra jamais les manger.' -Faites ce que j'ordonne,' répondit le voyageur. Aussitôt tous les assistants volent à l'écurie pour voir un cheval manger des huîtres, et le voyageur, resté seul, s'empare de la cheminée et se chauffe à son aise. Bientôt l'hôte revient. Monsieur,' dit-il en arrivant, 'je l'aurais gagé sur ma tête, votre cheval ne veut pas d'huîtres.'-' Eh bien, mettez-les sur la table, et je les mangerai, moi, quand je serai bien sec.'

13. Le Charlatan.-Un voyageur, bien vêtu, entra un dimanche au soir dans un cabaret de village, où il se fit donner une poularde et une bouteille du meilleur vin. À peine eut-il porté le premier morceau à sa bouche, qu'il se mit à gémir d'une manière pitoyable, se disant tourmenté depuis quinze jours d'un horrible mal de dents. Tous les paysans qui se trouvaient là, lui témoignèrent une grande compassion.

Quelques instants après survint un empirique, qui, s'étant assis dans un coin, demanda un verre d'eau-de-vie.

Lorsqu'on l'eut informé de l'indisposition de l'étranger, il assura qu'il y apporterait bon remède. Il tira de sa

cassette un petit morceau de papier doré, artistement plié, l'ouvrit et dit: 'Monsieur, vous n'avez qu'à mouiller le bout du doigt, et après l'avoir trempé dans la poudre que voici, vous l'appliquerez sur la dent.' L'étranger ayant fait ce qui lui avait éte prescrit, s'écria aussitôt: 'Dieu! quel bien-être subit j'éprouve! toute douleur s'est à l'instant évanouie.' Alors, ayant fait présent d'un écu à l'empirique, il l'invita souper avec lui.

Toutes les personnes qui se trouvaient à l'auberge et tous les habitants du village s'empressèrent d'acheter de cette précieuse poudre, et le charlatan en vendit bien cent petits paquets à soixante centimes chacun. Lorsqu'ensuite quelque paysan se plaignait du mal de dents, on accourait avec le remède merveilleux, qui, au grand étonnement de tout le monde, ne soulagea personne.

Enfin la supercherie vint au jour. On apprit que les deux voyageurs s'étaient donné le mot, pour tromper les bons villageois. La poudre n'était rien qu'un peu de craie. Les deux fripons expièrent dans une maison de correction ce tour et bien d'autres encore qu'ils avaient faits.

14. Leibnitz et le Chapelet.-Dans le voyage que fit Leibnitz en Italie, il lui arriva une aventure qui pensa lui coûter la vie. Pour passer de Venise à Musola, il entra seul et sans suite dans une petite barque. Au milieu de son trajet il s'éleva une furieuse_tempête qui alarma tout le monde. Le pilote qui avait observé longtemps le passager, jugea qu'il était hérétique. Il fit part de cette importante observation aux mariniers. Sur-le-champ ceux-ci en conclurent qu'il était la cause de la tempête, et comme ils ne croyaient pas être compris par un Allemand, ils résolurent de le jeter à la mer. Leibnitz entendit leur discours, et sans marquer aucun trouble, tira de sa poche un chapelet, que sans doute il avait pris par précaution, en voyageant dans un pays qu'il savait être celui de la superstition. Il en fit usage à l'instant avec un air fort dévot. Cet artifice lui réussit; on pensa différemment sur son compte, et on attendit de la Providence la fin de l'orage.

15. Thomas Morus.-Thomas Morus étant seul à se promener sur une ter

rasse voisine de l'endroit où l'on enferme les fous à Londres, un de ces insensés s'échappa, vint à l'endroit où était Morus, et l'ayant joint: 'Jettetoi là-bas, lui dit-il, afin que j'aie le plaisir de t'y voir arriver diligemment.' Le chancelier, qui n'était pas des plus forts, s'en tira par une présence d'esprit admirable; il dit au fou: 'Mon ami, ce n'est point une chose bien divertissante ni singulière, que de voir un homme tomber en bas, mais, si tu veux, je te ferai voir mieux; je vais y descendre, ensuite je sauterai ici-haut tout d'un coup, sans l'aide de personne; et je suis sûr que tu en seras étonné.' Le fou fut frappé de la proposition; il y consentit, et resta sur le bord de la terrasse à attendre le chancelier, qui non-seulement manqua à ce qu'il avait promis, mais envoya encore du monde pour reprendre le fou et le renfermer.

16. Le Maréchal de Saxe et le Forgeron.-Le maréchal de Saxe voulant un jour donner une preuve de sa force à quelques personnes, entra chez un forgeron sous prétexte de faire ferrer son cheval, et comme il trouva plusieurs fers préparés: N'en as-tu pas de meilleurs que ceux-ci?' dit-il à l'ouvrier. Celui-ci lui représenta qu'ils étaient excellents; mais le maréchal en prit cinq ou six qu'il rompit successivement. Le forgeron admira en silence. Enfin le maréchal feignit d'en trouver un bon, qui fut mis au pied du cheval. L'opération faite, il jeta un écu de six livres sur l'enclume. Pardon, monsieur,' dit le forgeron, ‘je vous ai donné un bon fer, faut me donner un bon écu de six francs!' En disant ces mots, il rompit l'écu en deux, et en tit autant de quatre à cinq autres que le maréchal lui donna. 'Parbleu! tu as raison,' lui dit le comte, 'je n'ai que de mauvais écus; mais voici un louisd'or, qui, j'espère, sera bon.' Le maréchal convint qu'il avait trouvé son

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trouva dans ce moment près de lui, 'c'est un fourbe, qui contrefait le boiteux; il marche aussi droit que vous et moi. Prêtez-moi un instant votre canne, je vais vous en donner la preuve.' Aussitôt l'inconnu prend la canne du comte, et se met à courir après le prétendu boiteux, qui en effet retrouva vite l'usage de ses jambes et s'enfuit de toutes ses forces. Tous deux disparurent bientôt. Le comte stupéfait attendit quelque temps le retour de son homme et la restitution de sa canne. Mais il ne revit plus ni l'un ni l'autre.

18. Le Loup et le jeune Mouton.-Des moutons étaient en sûreté dans leur parc; les chiens dormaient, et le berger, à l'ombre d'un grand ormeau, jouait de la flûte avec d'autres bergers voisins. Un loup affamé vint, par les fentes de l'enceinte, reconnaître l'état du troupeau. Un jeune mouton, sans expérience, et qui n'avait jamais rien vu, entra en conversation avec lui: 'Que venez-vous chercher ici?' dit-il au glouton.-L'herbe tendre et fleurie,' lui répondit le loup. Vous savez que rien n'est plus doux que de paître dans une verte prairie émaillée de fleurs pour apaiser sa faim, et d'aller éteindre sa soif dans un clair ruisseau; j'ai trouvé ici l'un et l'autre. Que faut-il davantage? J'aime la philosophie qui enseigne à se contenter de peu.'-'Il est donc vrai,' repartit le jeune mouton, 'que vous ne mangez point la chair des animaux, et qu'un peu d'herbe vous suffit? Si cela est, vivons comme frères et paissons ensemble.' Aussitôt le mouton sort du parc dans la prairie, où le sobre philosophe le mit en pièces et l'avala. Défiez-vous des belles paroles des gens qui se vantent d'être vertueux. Jugez-les par leurs actions, et non par leurs discours.

19.-Pendant les guerres de la Ligue, Porto - Carréro, général de l'armée espagnole au secours des ligueurs, forma le projet, en 1597, de surprendre Amiens, place française de son voisinage, où il savait que le service se faisait très-négligemment. Il place, pour cet effet, pendant une nuit obscure, des sentinelles qui doivent arrêter tous ceux qui iront du côté d'Amiens. Il s'en approche lui-même avec cinq cents hommes choisis, qu'il cache dans les haies et les masures

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