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ROYAL NAVAL COLLEGE.

MARCH 1861.

Pendant cette scène, une nouvelle catastrophe venait de se déclarer: le navire avait pris feu, et les flammes partant de l'intérieur se faisaient déjà jour sur le pont. Le reste des matelots firent les signaux de détresse et se déclarèrent ainsi prisonniers des Anglais, qui dès lors, cessant le feu de leurs canons, vinrent au secours des malheureux qui, dans quelques instants, allaient peut-être expirer dans les flammes après avoir échappé aux boulets. Déjà les Anglais étaient montés sur le na. vire, où un second matelot français, mais un matelot gravement blessé, appelait Jean sans pouvoir le décider à lâcher prise. Les Anglais eux-mêmes, touchés de compassion à la vue de cet enfant presque enveloppé de flammes et appelant toujours son père, lui crièrent de venir et de ne rien craindre. L'officier anglais n'eut pas le courage de laisser son embarcation, s'éloigner sans avoir tenté un dernier effort pour sauver l'enfant. Viens,' lui crie-t-il, 'viens,' te dis-je ; 'le bâtiment va sauter, la poudrière est sous tes pieds et le feu à tes côtés.' 'Non, j'attends mon père,' répliqua l'enfant.-(Naval Cudets.)

JUNE 1861.

Mon grand-père m'a parlé ce matin de son état, sans me rien déguiser. Toutes ses paroles retentissent encore à mon oreille. Quelle douceur et quelle sagesse! Je serais impardonnable si je n'en profitais pas, tout jeune que je suis. Mon enfant,' m'a-t-il dit, après m'avoir fait asseoir à son chevet, 'je ne peux plus me le dissimuler, le terme de ma vie n'est pas éloigné. Pourronsnous enchaîner assez long-temps mon âme à cette poussière, pour que je voie le jour de ta délivrance? Je l'ignore, mais je n'ose guère l'espérer; ma faiblesse augmente avec une rapidité qui m'étonne, et il est à présumer que je te laisserai achever seul nos tristes quartiers d'hiver. Tu seras, je n'en doute point, plus affligé de notre séparation que troublé de ton isolement, et tu ressentiras plus de douleur que de crainte; mais je compte assez sur ton courage, et ta piété, pour être persuadé que tu ne tomberas point dans un coupable abattement; tu te souviendras de ton

père, que tu dois revoir sans doute, et cette pensée te soutiendra. Tu reconnaîtras bientôt, qu'après ma mort, les dangers que tu peux courir dans ce châlet ne seront point aggravés. Au contraire, j'étais plutôt un obstacle pour toi: tu n'auras plus à craindre la disette, et peut-être, au moment de quitter la montagne, seras-tu moins embarrassé.'-(Naval Cadets.)

JUNE 1861.

Nous n'avons séjourné que huit jours à Tocat: après trent-cinq jours de marche, nous sommes arrivés à Smyrne. De Tocat à Smyrne, on ne trouve pas une seule ville qui mérite qu'on la nomme. J'ai vu avec étonnement la faiblesse de l'empire des Osmanlis. Ce corps malade ne se soutient pas par un régime doux et tempéré, mais par des remèdes violents, qui l'épuisent et le minent sans cesse. Les Pachas, qui n'obtiennent leurs emplois qu'à force d'argent, entrent ruinés dans les provinces, et les ravagent comme des pays de conquête. Une milice insolente n'est soumise qu'à ses caprices. Les places sont démantelées, les villes désertes, les campagnes désolées, la culture des terres et le commerce entièrement abandonnés. L'impunité règne dans ce gouvernement sévère: les chrétiens qui cultivent les terres, les juifs qui lèvent les tributs, sont exposés à mille violences. La propriété des terres est incertaine, et, par conséquent, l'ardeur de les faire valoir ralentie: il n'y a ni titre, ni possession, qui vaillent contre le caprice de ceux qui gouvernent. Ces barbares ont tellement abandonné les arts, qu'ils ont négligé jusques à l'art militaire. Pendant que les nations d'Europe se raffinent tous les jours, ils restent dans leur ancienne ignorance, et ils ne s'avisent de prendre leurs nouvelles inventions qu'après qu'elles s'en sont servies mille fois contre eux. -(Assistant Clerks.)

SEPTEMBER 1861.

L'histoire des nations présente peu de règnes plus glorieux que celui d'Edouard III.; c'est aussi celui sur lequel les Anglais s'arrêtent avec une complaisance plus particulière, comme

étant l'époque à laquelle ils commencèrent à acquérir une certaine supériorité sur la France, par les étonnantes victoires de l'Écluse, de Créci et de Poitiers; mais l'administration prudente et vigoureuse par laquelle cet habile monarque maintint la tranquillité intérieure en Angleterre, pendant un plus long intervalle qu'elle ne l'avait été auparavant, et qu'elle ne le fut long-temps après, est encore plus admirable que tous les exploits militaires, dont le plus grand avantage, et peutêtre le principal motif, fut d'éloigner de l'Angleterre ces barons puissants et inquiets qui, étant occupés à combattre des ennemis étrangers, n'avaient pas le temps de fomenter dans leur propre pays ces commotions civiles auxquelles ils étaient naturellement si enclins.-(Naval Cadets.)

DECEMBER 1861.

Les états-généraux s'ouvrirent le 5 mai 1789, dans la salle des Menus, à Versailles. Les députés furent appelés à la séance royale et introduits suivant l'ordre établi en 1614; mais le temps n'était plus où le tiers-état, parlant à genoux et découvert, reconnaissait son humiliante infériorité en présence des autres ordres: il se hâta de témoigner qu'il se regardait comme leur égal; et, lorsque, à l'exemple du roi, les députés des deux premiers ordres se furent couverts, ceux du troisième, contre l'usage des anciens états, imitèrent sur-le-champ la noblesse et le clergé. Ce geste faisait suffisamment comprendre qu'une révolution s'était accomplie dans les esprits et dans les mœurs. Les députés du tiers-état auraient peu gagné cependant à se proclamer euxmêmes les égaux des députés des autres ordres s'ils n'avaient pu faire reconnaître cette égalité en l'établissant sur des faits.-(Naval Cadets.)

MARCH 1862.

Je n'eus jamais l'humeur très-belliqueuse; la seule pensée de tuer un homme, fût-ce mon plus grand ennemi, et sur un champ de bataille, m'a toujours paru épouvantable. Toutefois j'aimais la profession militaire pour ses brillants costumes, sa musique, ses coups de canon et sa cavalerie. Un cuirassier, un hussard, enfin un cavalier me paraissaient ce qu'il y avait de plus beau dans le monde, et comme j'avais la manie de me comparer avec tout cè

qui me plaisait, je m'informais quelquefois si moi, comme les autres, je ne pourrais pas être hussard ou cuirassier? Comme je n'avais alors que dix ans, je me dis que j'étais peut-être encore bien jeune. Cependant, je cherchais parmi tous les corps militaires s'il n'en était aucun où se trouvaient des militaires aussi jeunes que moi.-(Naval Cadets.)

JUNE 1862.

Ô France, ô ma patrie! que ma droite s'oublie elle-même, que ma langue s'attache à mon palais, si jamais ton souvenir sort de mon sein, s'il ne fait pas toujours battre mon cœur, si tu n'es pas le premier objet de mes affections! Je t'aime comme on aime une mère, une sœur et une fille, car tu es la terre de mes aïeux, de mes frères et de mes enfants. Je t'aime pour le pain dont tu m'as nourri, pour la lumière dont tu m'as éclairé, pour le spectacle dont tu as réjoui mes regards! Je t'aime pour les souvenirs de mon enfance, qui tous se rattachent à toi ; souvenirs presque aussi doux et aussi purs que mes espérances du ciel. Je t'aime, parceque tu es libre et forte, grande et généreuse, éclairée et vertueuse. Je t'aime, parceque je puis demeurer au milieu de toi avec gloire et avec bonheur, et en sortir sans craindre d'avouer d'où je viens. Donc, à jamais, glorieuse et respectée! et que mes derniers regards soient témoins de ta paix, de tes progrès et de ton bonheur, ô France, ô ma patrie!—(Naval Cadets.)

SEPTEMBER 1862.

Pour me rafraîchir un peu, j'allai m'asseoir à l'une des extrémités du bâtiment, et là, en face de cette vaste mer où notre bateau à vapeur semblait perdu comme la coquille de noix que vous faisiez naviguer, cet été, dans l'étang, à la campagne, je contemplai le spectacle le plus émouvant que j'aie jamais vu la pointe du bâtiment qui me faisait face, s'élevait et s'abaissait tour à tour; tantôt elle semblait près de plonger dans la mer, tantôt s'élever à cent pieds au-dessus de ma tête: quand elle montait, je descendais; quand elle descendait, je montais à mon tour: et rien ne peut mieux vous donner une idée de ces balancements, que celui de votre cheval à bascule; avec cette différence, que si votre cheval de bois

trébuche, vous allez tout simplement vous étendre sur le tapis; tandis que lorsque le vaisseau sombre contre les vagues, l'équipage va s'étendre au fond de la mer!-(Naval Cadets.)

SEPTEMBER 1862.

Lorsque Alexandre, élu par les Grecs, comme son père, et comme autrefois Agamemnon, pour aller venger la Grèce des injures de l'Asie, eut remporté la victoire d'Issus, il s'empara de la Syrie, l'une des provinces de Darah ou Darius, il voulait s'assurer de l'Eygpte avant de passer l'Euphrate et le Tigre, et ôter à Darius tous les ports qui pourraient lui fournir des flottes. Dans ce dessein, qui était celui d'un très-grand capitaine, il fallut assiéger Tyr. Cette ville était sous la protection des rois de Perse, et souveraine de la mer. Alexandre la prit après un siège opiniâtre de sept mois, et y employa autant d'art que de courage: la digue qu'il osa faire sur la mer est encore aujourd'hui regardée comme le modèle que doivent suivre tous les généraux dans de pareilles entreprises. -(Assistant Clerks.)

DECEMBER 1862.

Une laitière, ayant un pot au lait sur la tête, allait gaiement au marché: elle comptait en elle-même le prix de son lait. Huit pintes à trois sous la pinte font vingt-quatre sous : le compte est juste. Vingt quatre sous sont plus qu'il ne me faut pour acheter une poule. La poule fera des œufs; ces ceufs deviendront poulets; il me sera facile de les élever dans la petite cour de notre maison, et je défie le renard, tout rusé qu'il est, d'en approcher. En vendant mes poulets, j'aurai assez pour acheter une robe neuve-rouge-que je considère-oui, le rouge me convient le mieux. Là-dessus la laitière fait de la tête un mouvement conforme à ce qui se passe dans son imagination: voilà le pot au lait à terre Adieu, robe, poule, œufs et poulets!—(Naval Cadets.)

DECEMBER 1862.

La guerre avec la Péninsule fut plus sérieuse encore. Les Espagnols reconnurent pour roi Ferdinand VII. dans une junte provinciale tenue à Séville le 27 mai 1808, et ils prirent les armes dans toutes les provinces que n'occu

paient point les troupes françaises. Les Portugais se soulevèrent aussi, le 16 juin, à Oporto. Ces deux insurrections eurent d'abord les suites les plus heureuses; elles firent en peu de temps de rapides progrès. Le général Dupont mit bas les armes Baylen dans le royaume de Cordove, et ce premier revers des armées françaises excita l'enthousiasme et l'espérance des Espagnols. Joseph Napoléon quitta Madrid, où fut proclamé Ferdinand VII.; vers le même temps Junot, n'ayant pas assez de troupes pour garder le Portugal, consentit à l'évacuer avec tous les honneurs de la guerre, par la convention de Cintra. Le général anglais Wellington prit possession de ce royaume avec vingtcinq mille hommes. Tandis que le Pape se déclarait contre Napoléon, tandis que les insurgés espagnols entraient dans Madrid, tandis que les Anglais remettaient le pied sur le continent, le roi de Suède se montrait ennemi de la ligue impériale européenne, et l'Autriche faisait des armements considérables et se disposait à une nouvelle lutte.-(Assistant Clerks.)

MARCH 1863.

Il voyait assez rapidement son ombre s'allonger, et il souhaita ardemment le court moment de demi-obscurité qui s'approchait. Tandis qu'il reprenait haleine, assis sur un banc de rochers où soufflait un doux zéphir, son ombre s'étendit sur l'étroite vallée qui était devant lui. Bientôt cette ombre parut se tenir debout contre la paroi d'un précipice qui surpassait en hauteur le plus grand sapin. Ensuite la clarté devint plus faible, les étoiles qui se réfléchissaient dans l'eau disparurent, et le grand et pâle disque du soleil s'enfonça peu à peu dans les flots, du cóté où le fiord s'étendait au sud-ouest. Le malheureux voyageur lui-même parut ressentir dans son esprit fatigué le calme qui s'étendait dans ce moment sur toute la nature. Il continua à marcher, mais l'herbe était plus douce sous ses pieds, l'air plus frais sur son front, et il commença à se consoler en pensant qu'il n'avait pourtant pas tué Rolf.-(Naval Cadets.)

MARCH 1863.

La Convention dura trois années, du 21 septembre 1792 jusqu'au 26 octobre

1795. Elle suivit plusieurs directions. Pendant les six premiers mois de son existence, elle fut entraînée dans la lutte qui s'éleva entre le parti légal de la Gironde et le parti révolutionnaire de la Montagne. Celui-ci l'emporta depuis le 31 mai 1793 jusqu'au 26 juillet 1794. La Convention obéit alors au gouvernement du Comité de Salut Public, qui ruina d'abord ses anciens alliés de la Commune et de la Montague, et qui périt en suite par ses propres divisions. Du 26 juillet jusqu'au mois de novembre 1796, la Convention vainquit le parti révolutionnaire et le parti royaliste, et chercha à établir la république modérée malgré l'autre.(Assistant Clerks.)

JUNE 1863.

Un jour une bonne mère envoya dans la forêt sa fille, la petite Catherine, pour y chercher des champignons, que le père de l'enfant aimait beaucoup. 'Maman!' s'écria la petite en rentrant au logis, 'pour le coup j'en ai trouvé de superbes. Regardez un peu,' ajoutat-elle en découvrant la corbeille, 'ils sont tous aussi rouges que l'écarlate, et comme ornés de perles. Il y avait bien aussi de ces vilains champignons tout gris, comme ceux que vous avez rapportés dernièrement; mais je les ai trouvés trop mauvais, et je me suis bien gardée d'en ramasser.' Insensée!' s'écria la mère avec effroi, 'ces beaux champignons, malgré l'écarlate et les perles dont ils sont décorés, sont un poison terrible. Quant à ces gris que tu as dédaignés, ce sont justement les meilleurs, malgré leur peu d'apparence. Il en est ainsi, mon enfant, de beaucoup de choses dans ce monde. Il y a des vertus modestes qui n'ont que peu d'éclat, et des défauts brillants que le sot admire.'-(Naval Cadets.)

JUNE 1863.

Il attaqua avec la plus grande vigueur les deux forts de Nieullay et de Risbank, qu'il enleva le 3 janvier. Dès qu'il en fut maître, il tourna son artillerie contre la porte de la rivière, dont il abattit les fortifications; il foudroya ensuite la citadelle, où il fit brèche, et y pénétra le 6 de vive force, en passant au fil de l'épée ceux qui la défendaient. S'il restait maître de cette forte position, qui dominait la

ville du sud au nord, Calais ne pouvait pas tenir plus long-temps. Aussi les Anglais tentèrent-ils un effort désespéré pour la reprendre; mais n'y étant pas parvenus, ils demandèrent à capituler. Le 8 la capitulation fut signée, et le 9 le duc de Guise, retenant prisonniers Lord Wentworth et cinquante officiers de la garnison, dont le reste put faire voile vers l'Angleterre, remit la France en possession de Calais.(Assistant Clerks.)

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SEPTEMBER 1863.

Un plaisant vit dans la rue trois aveugles qui, se tenant ensemble, s'en allaient mendiant. Arrêtez,' leur ditil, prenez cet écu, partagez-le entre vous, et priez Dieu pour moi.' Quant à l'écu, il ne le donna à aucun d'eux. Les aveugles le remercient tous à la fois, et courent vite dans un cabaret, où ils se font donner à déjeûner. Quand ils furent bien rassasiés, l'un dit aux autres, Que celui qui à l'écu paye le compte ;' mais chacun répondant, Moi, je ne l'ai pas ; c'est bien toi qui l'as; des gros mots ils en vinrent aux mains, et se distribuèrent tant de coups de bâton qu'ils brisèrent tout ce qui se trouvait sur la table, au grand détriment de l'hôte.-(Naval Cadets.)

DECEMBER 1863.

le

Quand j'étais petit, on ne me donnait jamais d'argent; on avait raison: vous le verrez bientôt. Si j'en demandais pour quelques friandises ou des joujoux, ma mère me répondait que l'argent n'était pas fait pour les enfants. Lorsque mon désir était raisonnable, elle le satisfaisait en achetant elle-même l'objet demandé; mais, je vous répète, elle ne m'en donnait jamais. Cependant, moi, j'en avais grande envie; j'aurais préféré, je crois, cinq sous dans ma poche, à dix gateaux dans ma bouche. Avoir de l'argent était selon moi la chose par excellence; c'était à mes yeux être un grand monsieur, être son maître; surtout c'était ne plus paraître enfant. Maintenant, mes amis, vous comprendrez combien je fus heureux, lorsqu'à l'âge de six ou huit ans, ma mère me dit: Te voi!à déjà grand garçon; je vais donc te donner quelqu'argent; mais prends garde d'en faire un mauvais usage.'-(Naval Cadets.)

MARCH 1864.

Le chien, fidèle à l'homme, conservera toujours une portion de l'empire, un degré de supériorité sur les autres animaux; il leur commande, il règne lui-même à la tête d'un troupeau, il s'y fait mieux entendre que la voix du berger; la sûreté, l'ordre et la discipline sont le fruit de sa vigilance et de son activité; c'est un peuple qui lui est soumis, qu'il conduit, qu'il protége, et contre lequel il n'emploie jamais la force que pour y maintenir la paix. Mais c'est surtout à la guerre, c'est

contre les animaux ennemis ou indépendants, qu'éclate son courage, et que son intelligence se déploie tout entière. Les talents naturels se réunissent ici aux qualités acquises. Dès que le bruit des armes se fait entendre, dès que le son du cor ou la voix du chasseur a donné le signal d'une guerre prochaine, brûlant d'une ardeur nouvelle, le chien marque sa joie par les plus vifs transports, et annonce par ses mouvements et par ses cris l'impatience de combattre et le désir de vaincre.(Naval Cadets.)

EXAMINATION PAPERS ANTERIOR TO 1861.

JUNE 1860.

Mais pourquoi voulez-vous être distingué du reste des hommes? C'est un sentiment qui n'est pas naturel, puisque, si chacun l'avoit, chacun seroit en état de guerre avec son voisin. Contentenz-vous de remplir votre devoir dans l'état où la Providence vous a mis; bénissez votre sort, qui vous permet d'avoir une conscience à vous, et qui ne vous oblige pas, comme les grands, de mettre votre bonheur dans l'opinion des petits, et, comme les petits, de ramper sous les grands pour avoir de quoi vivre. Vous êtes dans un pays et dans une condition où, pour subsister, vous n'avez besoin ni de tromper ni de flatter, ni de vous avilir, comme font la plupart de ceux qui cherchent la fortune en Europe; où votre état ne vous interdit aucune vertu; où vous pouvez être impunément bon, vrai, sincère, instruit, patient, tempérant, chaste, indulgent, pieux, sans qu'aucun ridicule vienne flétrir votre sagesse, qui n'est encore qu'en fleur.-(Naval Cadets.)

SEPTEMBER 1860.

Le 2 décembre, au moment où le soleil se lève sur cette plaine fameuse où vont se heurter trois cent mille hommes, et où doit se décider le sort de la monarchie autrichienne, Napoléon parcourt le front de ses régiments, et dit: Soldats, il faut finir cette campagne par un coup de tonnerre.' Des cris d'enthousiasme lui répondent, et la bataille s'engage. Les ennemis, tou

jours résolus à tourner la droite de l'armée française, abandonnent, au centre de leur nouvelle ligne, les hauteurs de Pratzen. Soult reçoit l'ordre de s'en saisir, et s'y porte aussitôt; Kutusoff, général de l'armée russe, comprend sa faute et veut la réparer ; mais tous ses efforts sont impuissants: les Français occupent ces hauteurs, qui partagent la ligne ennemie; et tandis que Davoust arrète les coalisés à droite dans la plaine, Murat, Lannes et Bernadotte emportent à gauche leurs principales positions.-(Naval Cadets.)

DECEMBER 1860.

La

La dernière saison de l'année, l'automne, est celle qui nous offre à la fois plus de bien, et nous invite plus fortement aux réflexions salutaires. campagne alors semble s'épuiser pour les besoins de l'homme, pour lui mûrissent ces grappes couleur d'or ou de pourpre qui donnent une liqueur fortifiante; pour lui distillent l'huile et le miel; pour lui les arbres se dépouillent de leurs fruits colorés; la terre lui offre une seconde moisson; elle l'appelle à retirer de son sein ces racines précieuses qui, mieux que tout autre aliment, doivent suppléer à la disette du grain. Mais en même temps que toutes ces richesses le pressent de bénir l'Auteur de son être, quelque chose de sérieux semble se mêler à sa joie, car c'est le dernier tribut que lui paie l'année. Le soleil, qui perd sa force et sa vigueur, en signalant les approches de l'hiver, lui présage aussi cette froide vieillesse

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