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noître la vertu, assez injuste pour ne pas apprécier les sacrifices, assez lâche pour vouloir flétrir la gloire de ces illustres Confesseurs de la foi qui ont tout abandonné pour elle, qui en portent avec eux le triomphe dans l'Univers; qui donnent à leurs Concitoyens,aux Peuples chez qui ils sont dispersés, à la génération présente et aux générations futures, le grand exemple de lai faire tous les sacrifices? Ils sont l'objet de l'estime de l'admiration et de la bienfaisance, parmi les Na ions inèmes étrangères à notre Sainte Religion : quel touchant spectacle ee présentent-ils pas aux yeux des vrais fidèles !

CHAPITRE XX II I.

De la conduite des Fidèles durant la persécution.

D. Q

VELLE Conséquence pratique devons-nous tirer de toutes les vérités que vous venez d'établir? R. Nous devons en conclure que nous n'avons pas de plus grand intérêt, ni de devoir plus sacré, que celui de nous attacher fermement à la Religion Catholique, et de vivre en conformité de ses pré

ceptes.

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Etre immortels, l'alternative terrible d'un bonheur ou d'un malheur éternel, nous attend après cette courte et misérable vie; nous n'avons d'espoir de salut, de gage de bonheur, que dans les mérites de J. C., seul médiateur entre Dieu et les hommes; et nous n'appartenons à J. C. nous ne pouvons participer aux fruits de sa médiation, qu'autant que nons professons sa loi, que nous sommes unis à son corps mystique, c'est à-dire, à son Eglise, et que nous y recevons les Sacremens qu'il a établis les canaux de ses graces. Quel est donc notre bonheur d'avoir été appelés à la lumière de l'Evangile, de préférence à tant de Peuples qui sont encore eusevelis dans les ténèbres et les ombres de la

mort; d'avoir été admis dans le sein de la vraie Eglise, dont tant de sociétés hérétiques et schismatiques sont exclues, et d'avoir été jusqu'ici préservés du naufrage, au milieu des orages et des ́écueils de cette persécution? Bénissons le Seigneur de ces bienfaits signalés de sa grace, dont le terme est notre bonheur eternel; mais que celui qui croit être debout, prenne garde de tomber, c'est l'avis que nous donne Saint Paul, et dans quel tems futil plus nécessaire? Que les chûtes trop multipliées dont nous avons été les témoins entretiennent dans nos cœurs une juste et sainte défiance de nousmêmes, et nous déterminent à recourir à celui qui seul doit étre notre force et notre soutien. Dieu a permis, dans sa miséricorde, que malgré, les moyens de terreur et de séduction qui ont été employés dans ces derniers tems, la presque totalité des premiers Pasteurs soit demeurée fidèle à ses devoirs et à la foi.

Par une suite bien marquée de la protection qu'il a promise à son Eglise, il a également soutenu contre tous les efforts de la persecution, le plus grand nombre des Pasteurs du second ordre; enfin, il a donné à l'Univers le spectacle consolant d'un nombre prodigieux de simples fidèles qui selon le conseil de l'Apôtre, ont su résister, jusqu'à l'effusion de leur sang, contre ce torrent d'impiétés où tant d'autres sont demeurés engloutis; mais malgré tant d'exemples de courage et de vertu, l'Eglise n'a encore que trop à gémir sur les plaies qui lui ont été faites par plusieurs de ses enfans; car sans parler ici de ceux qu'elle ne souffroit que par indulgence dans son sein, et qui dans toutes les classes des Chrétiens ont formé le plus grand nombre des sectateurs de la nouvelle doctrine, combien de Ministres jusques là fidèles, combien de Chrétiens, dont la conduite avoit pu être citée pour modèle, se sont montrés prévaricateurs? Combien, faute d'examen, par légèreté ou inconsidération combien par intérêt, par crainte, par foi

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blesse, ont fléchi le genoux devant l'idole que l'ima piété avoit élevée dans le sanctuaire, et n'ont pas rougi de lui offrir un sacrilége encens? Ils ont, j'aime à le croire, conservé dans leur coeur la foi dans laquelle ils avoient été nourris, mais c'est en cela même qu'ils ont été plus coupables, puisqu'ils ont eu la lâcheté de la trahir. Qu'une chûte aussi déplorable nous serve donc de leçon, qu'elle nous apprenne combien peu nous devons compter sur nous-mêmes, et que notre. fidélité première qui peut-être nous rassure pour l'avenir, est un bienfait du ciel que la moindre fidélité peut nous ravir. Nous ne sommes, disoit un Père de l'Eglise, į ni plus forts que Samson, ni plus saints que David, ni plus sages que Salomon, et puisqu'ils ont pu devenir pour le Peuple fidèle un objet de scandale , puisque tant de saints personnages ont également donné l'exemple d'une vertu en apparence affermie, que le vent de la tentation à fait échouer presque dans le port; tâchons, avec la grace de Dieu, de nous préserver d'un pareil sort. Opérons, comme dit l'Apôtre, notre salut avec crainte et tremblement. Mais que cette crainte ne dégénère pas pour nous en pusillanimité, qu'elle aime qu'elle enflamme notre courage, qu'elle soit pour nous un nouveau motif de braver les obstacles les passions, l'intérêt ou des considérations humaines pourroient nous opposer, et qu'elle nous détermine puissamment à demander à Dieu la force qui nous est nécessaire pour confesser, jusques sous le fer des bourreaux, cette même foi que nous avons eu le bonheur de conserver.

que

D. Il ne suffit donc pas de renfermer dans son cœur la foi que l'Eglise nous commande, et de n'y porter, dans son ame, aucune atteinte; il faut donc encore la professer extérieurement et par nos œuvres ?

R. Oui; il y a deux préceptes sur la foi : l'un de croire, l'autre de professer sa croyance. La profession publique de la foi est un hommage que nous

devons à Dieu, à la gloire de la Religion, à l'honneur de l'Eglise, à l'édification de nos frères, au salut de notre ame, elle est un devoir rigoureux et indispensable, tontes les fois qu'en y manquant, nous donnerions lieu de croire que nous ne sommes plus attachés à notre foi:« car on croit de cœur » pour être justifié, dit Saint-Paul, mais on con» fesse de bouche pour obtenir le salut (Rom. X ).

Parler, agir d'une manière à faire entendre que l'on a abandonné la Religion et que l'on suit les nouveautés profanes et impies du siècle, c'est un détestable déguisement de sa foi, un reniement de J. C., un péché de mort et de damnation. >> Quiconque me confessera devant les hommes,

dit J. C., je le reconnoitrai devant mon Père » qui est dans les Cieux; et quiconque me re» noncera devant les hommes, je le renoncerai devant mon Père (Matth. X. )». Voilà le jugement prononcé contre les lâches et faux Chrétiens qui prétendent appartenir à J. C., en rougissant de son nom, et qui cherchant à se cacher le crime de leur apostasie, ont la folle présomption de se croire encore les enfans et les amis de Dieu; tandis qu'ils sacrifient les intérêts de sa gloire à la cupidité, au respect humain, à la crainte des hommes. D. Est on obligé de professer sa foi, lors même qu'on ne peut le faire sans compromettre son repos et celui de sa famille, sans exposer ses biens, sa sûreté et sa vie ?

R. Qui; nous devons à Dieu un amour à toute épreuve, et aucune crainte de maux temporels ne doit l'emporter sur la fidélité avec laquelle nous devons lui rendre gloire. J. C. a déclaré à ses Disciples qu'il les envoyoit comme des brebis au milieu des loups, il leur a annoncé qu'ils seroient persécutés comme lui; qu'ils seroient haïs de tous les hommes à cause de son nom, qu'ils seroient traduits devant les tribunaux et les Puissances de la terre, et il leur a commandé de lui rendre témoignage, au prix de leur vie et de toutes les affec

tions de la nature. « Ne craignez pas, leur a-t-il dit » ceux qui ne peuvent tuer que le corps, mais » celui-là seulement qui peut condamner le corps » et l'ame à la torture. Celui qui aime son père ou » sa mère, son fils ou sa fille plus que moi, n'est » pas digne de moi. (Matth. X. ) Čelui qui vou>> dra sauver son ame, la perdra, et celui qui la per» dra pour l'amour de moi, la sauvera. Or, que sert » il à l'homme de gagner l'Univers entier, s'ils se >> perd lui-même; car si quelqu'un rougit de moi » et de mes paroles, le fils de l'homme rougira de » lui, lorsqu'il viendra dans sa gloire et dans celle » de son père et des Saints Anges (Luc IX. } ».

Pénétrés de ces grandes leçons, et de cette sagesse sublime qui sait tout sacrifier au souverain empire de Dieu et à l'espérancede ses récompenses éternelles vit-on jamais les premiers Chrétiens composer avec leur conscience, et hésiter entre la loi de Dieu et la crainte des hommes? Lorsque les Edits de persécution les appeloient dans les temples du paganisme pour y sacrifier aux idoles, s'y rendoient-ils ? Et s'ils y étoient traînés par violence, hésitoient-ils d'y professer leur foi et d'y détester hautement le culte des idoles? Lorsqu'on les pressoit d'obéir aux loix impies des Empereurs et de se montrer ainsi de bons Citoyens, ne répondoientils pas que Dieu est plus grand que les Empereurs, et que les meilleurs Citoyens sont les plus fidèles observateurs des loix de Dien? Lorsqu'on leur conseilloit d'user de simulation, de faire extérieurement ce qu'ils détestoient dans le fond de leur cœur, ou seulement de recevoir des certificats d'un impie civisme, ne rejetoient-ils pas avec indignation ces perfides conseils de la sagesse humaine, et ne tenoient-ils pas à gloire et à devoir de rendre témoignage devant les hommes, sans détour et même au prix de leur sang, à celui qui n'avoit pas rougi de se charger de leurs iniquités, ni refusé de boire le calice de sa passion pour les justifier devant son Père ? Enfin, quind d'un côté on les menaçoit de

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