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être abandonnée à l'erreur, comme nous l'avons prouvé, Elle est essentiellement Une, Sainte, Catholique, Apostolique dans la foi, dans le culte et les Sacremens, comme dans son gouvernement et son Ministère.

C'est ainsi que raisonnoient les Pères des premiers siècles contre tous les hérétiques; ils ne croyoient pas nécessaire de discuter avec eux les différens points de doctrine; ils regardoient comme suffisant, de leur prouver qu'ils n'avoient pas la vraie Eglise pour employer les mêmes armes nous n'avons qu'à substituer les noms des chefs des hérésies de notre tems, aux chefs des hérésies qu'ils combattoient.« Novat (Luther, Calvin) n'est pas » dans l'Eglise, écrivoit Saint-Cyprien, puisque » au mépris de la tradition Evangélique et Apostolique, il est né de lui même, sans succéder à » personne. Or celui qui n'a pas été ordonné dans » l'Eglise, ne peut avoir l'Eglise; car l'Eglise ne peut » être hors d'elle-même, ni divisée contre elle» même, mais elle conserve l'Unité d'une maison » indivisible.......... Que nous importe de savoir quelle >> hérésie Novat (Luther, Calvin) a introduite? Nous » ne devons pas être curieux de savoir ce qu'il en»seigne, puisqu'il enseigne hors de l'Eglise? Quel » que soit un homme, il n'est pas Chrétien quand » il n'est pas dans l'Eglise de J. C. (Epist. 52 et 76),

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Telle est la doctrine des premiers siècles; tels étoient les caractères par lesquels on distinguoit les vrais fidèles; telle étoit la voie par laquelle les Chrétiens parvenoient à la connoissance de l'Eglise et de la doctrine de Jésus-Christ, et telle est encore celle que suivent les Catholiques. Pénétrés du sentiment de leur impuissance pour former leur foi par la lecture et l'examen des Ecritures, et rendant hommage à la sagesse de Jésus-Christ, qui a dû mettre à la portée de tous, même des plus simples, la connoissance d'une Religion nécessaire au salut de tous; instruits d'ailleurs de ses promesses et de ce qui s'est pratiqué, de tous

les tems, dans l'Eglise, ils ne peuvent douter que ce divin Législateur n'ait établi une autorité visible, permanente et infaillible par l'assistance du divin Esprit, pour enseigner la doctrine chrétienne, et décider souverainement de tous les différents qui peuvent s'élever en matière de Religion. Ils trouvent l'Eglise catholique romaine en possession de cette autorité; ils la voyent remonter jusqu'aux Apôtres, par la succession non interrompue de ses Pasteurs; étendre dans l'Univers l'empire de Jésus-Christ; réunir tous ses enfans sous le même Gouvernement, dans la Communion de la même foi, du même culte et des mêmes Sacremens; briller même par l'éclat des Miracles... Tant de traits de lumière la leur montrent comme la vraie et seule Eglise de Jésus-Christ, et il ne leur reste qu'à connoître ses enseignemens, pour croire avec certitude et sans crainte d'erreur. Estil, en matière de Religion, une marche plus raisonnable et plus sage, plus facile et plus sûre plus à la portée de tous les Chrétiens; ou plutôt en est-il une autre pour le Chrétien qui veut être conséquent et de bonne foi?

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Pour compléter votre instruction sur un article aussi important, il nous reste à vous exposer la Constitution divine de l'Eglise, et à venger certains points de sa doctrine et de sa discipline plus violemment outragés durant la présente persécution.

CHAPITRE XVII

Du Gouvernement et de la Hiérarchie de l'Eglise.

D. JÉSUS-CHRIST a-t il donné à son Eglise la forme d'un Gouvernement, et à qui en a-t'il délégué la puissance?

R. Oui, J. C. a établi dans son Eglise une forme de Gouvernement, c'est à dire, qu'il l'a constituée

comme une société visible, régie par des hommes revêtus du suprême pouvoir, et préposés pour l'enseignement de la foi, pour l'administration des Sacremens, pour le maintien de l'ordre et de la discipline. On ne peut raisonnablement nier cette vérité. Elle est fondée sur la sagesse de J. C., et sur la nature de sa Religion; la plupart des sociétés chrétiennes en conviennent; elle se trouvera d'ailleurs démontrée par les preuves qui détermineront quelle est la nature du Gouvernement établi dans l'Eglise.

C'est principalement cette question qui divise l'Eglise catholique romaine, et les autres sociétés chrétiennes; il s'agit de savoir si J. C. a donné la puissance de Gouvernement à la communauté des fidèles, ou à un ordre d'hommes en particulier; s'il a réglé que l'exercice de ce te puissance n'ap partiendroit qu'aux hommes à qui la communauté des fidèles le confieroit en qualité de ses vicaires et de ses délégués, pour le tems et selon les conditions qu'elle détermineroit, ou s'il a prescrit que ce Ministère seroit communiqué et perpétué par le corps même des Pasteurs, sans aucune dépen. dance de la volonté des fidèles.

Nous avons déjà résolu cette question, en prou vant que le Gouvernement de l'Eglise est d'un ordre surnaturel, distingué par conséquent, indépendant de celui de la société civile; que J. C. l'a confié directement au corps des Pasteurs, en les envoyant pour précher, baptiser, et régir l'Eglise de Dieu, en obligeant tous les fidèles de les regarder comme ses Ministres, ses Ambassadeurs, de les écouter comme lui-même; et qu'il a voulu que sa mission leur fût transmise successivement, des uns aux autres, non par le choix et l'autorité des fidèles, mais par le choix et l'autorité des anciens Pasteurs. Nous avons montré que les Pasteurs furent institués dès les premiers siècles; que les Apôtres établirent eux-mêmes leurs coopérateurs, leurs successeurs, et qu'ils chargèrent ceux-ci d'établir

à leur tour, des Ministres capables de partager leurs fonctions et de gouverner leurs troupeaux après eux.

Non seulement les monumens des premiers siècles ne nous fournissent aucune preuve que les Pasteurs aient reçu du Peuple leur mission et leur autorité, et qu'ils n'aient été regardés que comme ses vicaires et ses délégués; ils nous attestent, au contraire, que les Ministres de l'Eglise étoient tous ordonnés par l'imposition des mains des Evêques ; qu'ils formoient un Ordre à part, distingué de l'état laïque, un Ordre sacré et d'institution divine; qu'ils exerçoient leurs fonctions au nom et par l'autorité de J. C., sans aucune dépendance de la Puissance civile, ni de la volonté des Laïques ; qu'ils ne connoissent de loix de discipline, que celles qui avoient été établies par l'autorité des Evêques; qu'ils n'étoient comptables de leur conduite dans le Ministère, qu'au tribunal de leurs supérieurs dans l'ordre de la Hiérarchie; et qu'ils ne pouvoient être destitués que par eux, comme ils n'avoient été institués que par eux. C'est donc sans aucun fondement et par contradiction avec la doctrine et la pratique de tous les siècles, que l'on fait dériver de l'élection du Peuple l'autorité des Pasteurs et qu'on les regarde comme ses vicaires et ses délégués. Non; les Pasteurs sont, de droit divin, les chefs, les conducteurs, les juges des fidèles dans l'ordre de la Religion; et c'est à eux directement que J. C. a confié le gouvernement de son Eglise.

D. Tous les membres du Corps pastoral ont ils le même degré d'autorité pour le gouvernement de son Eglise?

R. Non; le Corps des Pasteurs a un Chef qui a la sollicitude générale de toutes les Eglises, et auquel tous les autres Pasteurs sont subordonnés dans le gouvernement des Eglises particulières. Ce Chef est l'Evêque de Rome, et nous l'appelons le Pape ou le Souverain Pontife. Il n'est pas éton

nant que tous les hérétiques, et les autres ennemis de la Religion se soient déchaînés, dans tous les tems, avec tant de fureur, contre l'autorité et la personne du Souverain Pontife. parce qu'étant le premier gardien et le premier juge de la foi, il réclame avec autorité contre toutes les innovations, et condamne l'erreur dès sa naissance; parce qu'étant le centre commun et le premier lien de l'unité, on s'élève nécessairement contre lui, dès qu'on attaque la foi et qu'on se sépare de la Communion de l'Eglise; parce qu'enfin il est la pierre fondamentale sur laquelle repose l'édifice de la Religion.

Mais plus son autorité est odieuse aux ennemis de l'Eglise et de la Religion, plus nous devons la juger utile et nécessaire, plus nous sommes fondés à l'admettre dans le gouvernement de l'Eglise. En effet, s'il n'y avoit point de Chef pour présider à ce Gouvernement, et si tous les Pasteurs dispersés dans le monde étoient indépendans les mns des autres, quel seroit le moyen de réprimer les erreurs, d'appaiser les troubles, de corriger les abus, de punir les scandales, de maintenir l'Unité de la foi, du culte et des Sacremens? Il n'y auroit de ressource que dans l'autorité des Conciles. Mais s'il n'y avoit point de Chef de l'Eglise, qui auroit le pouvoir de convoquer les Conciles, et de rompre les cabales de ceux qui auroient intérêt d'en empêcher la tenue? Mais les Conciles ne peuvent s'assembler que lentement, et, avant leur convocation, l'erreur et les scandales feroient de grands ravages. Mais, si la Puissance civile étoit séduite par Ferreur, ou entraînée par des factions, elle empêcheroit la convocation des Conciles, ou elle en troubleroit les délibérations; et pour lors quelle ressource resteroit il? Quel seroit le centre d'Unité, et quelle force assez puissante pour empêcher le déchirement et la dissolution du corps de l'Eglise? Il est manifeste que l'autorité d'un Chef est d'une nécessité indispensable, ou du moins d'une très

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