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faux jour, etc. » Et puis : « Au lieu de corri» ger mon parallèle incorrigible, j'en fis deux >> ouvrages séparés et absolument nouveaux. >> Ses principaux ouvrages sont :

Observations sur l'Histoire de France, précédées d'un Éloge historique qui a partagé le prix à l'académie des inscriptions et belleslettres.

Observations sur l'Histoire de la Grèce; Observations sur les Romains. Ces deux ouvrages, qui forment un volume, furent très bien accueillis du public.

Principes de Négociations.

Droit public de l'Europe, fondé sur les

traités.

Entretiens de Phocion et les Principes de Morale. Dans cet ouvrage, l'auteur donne, avec beaucoup de précision, les idées les plus justes de la vertu patriotique, et des devoirs réciproques entre l'état et les citoyens (1). Quelques passages dans ce livre, où l'on croit que l'auteur s'écartait des opinions reçues, donnèrent lieu à

(1) Les Entretiens de Phocion parurent en 1763, et la société de Zurich couronna cet ouvrage, ayant fondé un prix de six cents francs pour le meilleur livre qui paraîtrait dans l'année.

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la Sorbonne de le censurer. Mably garda un silence profond, et l'orage passa.

De l'Étude de l'Histoire, et de la Manière d'écrire l'Histoire, ouvrages composés pour l'instruction du prince de Parme. Celui de la Manière d'écrire l'Histoire blessa l'amourpropre de quelques auteurs, et lui firent des ennemis. Au reste, ce n'est pas sa meilleure production, quoiqu'il y déploie une grande connaissance des historiens anciens et modernes. On l'accuse d'avoir trop déprimé ceux-ci, et d'avoir beaucoup trop exalté les autres. Cette prédilection pour les anciens l'a jeté peut-être dans des écarts, et a produit en lui une admiration portée à l'extrême, en faveur des républiques grecque et romaine, ayant l'air de les préférer à tout autre gouvernement.

Son ouvrage de la Législation, ou Principes ·des Lois, a été fort admiré par les uns, et par d'autres, a été regardé comme le rêve d'un 'homme de bien.

<«< En général, les compositions de l'abbé de » Mably sont sérieuses, et même sévères; son » style est austère et grave, comme les sujets » qu'il a traités. On n'y trouve point ni cette >> recherche d'esprit, ni cette enluminure, ni » ces défauts brillants qui caractérisent les pro

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>>ductions du jour : il parle plus à la raison qu'aux sens. Il n'a jamais prostitué sa plume » ni à la faveur, ni à l'esprit de parti; il ne » s'abaissa point, pour plaire à la multitude, à » prendre le goût à la mode et le ton du jour, » à caresser les opinions dominantes. Il préféra » des vérités sérieuses à des choses agréables; >> ses ouvrages en sont la preuve : ses Observa» tions sur les Grecs et les Romains, qu'on peut » encore lire après avoir lu l'ouvrage incompara>> blement supérieur de Montesquieu sur le même

sujet. Le Droit public de l'Europe, écrit » pour des hommes d'état, et même pour de >> simples citoyens, a été traduit dans toutes les » langues; ses Principes de Négociations ser>> vent d'introduction à cet ouvrage. On trouve » dans les Entretiens de Phocion les matières >> approfondies et épuisées sans efforts, sans » sécheresse, sans diffusion. Cette saine raison, » si rare dans ce siècle, y marche d'un pas ferme, >> le flambeau à la main, et découvre sur sa route » des vérités profondes, enchaînées les unes aux >> autres, formant un tout aussi instructif que » pensé avec justesse et sagement digéré. Șes » Observations sur l'Histoire de France, sont » l'histoire de notre ancien gouvernement et de >> ses révolutions. L'auteur appelait ce livre son

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» testament. Dans les Doutes proposés aut Économistes, l'auteur bat en ruine un sys>> tême qu'il avoue dangereux autant que ridi» cule.

«Un ouvrage du Gouvernement de Pologne, >> lui acquit l'estime et la reconnaissance de cette >> nation. Plusieurs personnes regardent son livre » de la Législation ou Principes des Lois >> comme son chef-d'œuvre. Pour goûter cet ou» vrage, il faut déjà de l'instruction; quoique les >> jugements qu'il porte sur Voltaire et Robert» son, dans sa Manière d'écrire l'Histoire, >> aient paru trop sévères, on y trouve d'excel>> lentes choses. L'Étude de l'Histoire a été im» primée à la suite du Cours d'Études, par Con» dillac, et était destinée à l'éducation d'un prince. Quelques passages hardis, qui s'éloignaient des opinions vulgaires, excitèrent des >> réclamations contre les Principes de Mo» rale (1). »

De tous les ouvrages de l'abbé de Mably, celui qui a pour titre : les Entretiens de Phocion, passe pour être le mieux écrit.

Ses Principes de Morale sont fort bien discutés; mais on leur reproche de donner de temps

(1) Les Trois Siècles de la Littérature française.

en temps dans la morale relâchée; et quoique Caton le Censeur eût félicité un jeune homme d'avoir mieux aimé entrer dans un lieu lubrique, que de séduire la femme de son voisin, ce n'était pas une raison d'accuser l'abbé de Mably d'autoriser une pareille licence dans un pays où les mœurs et la religion sont si différentes de celles des Romains.

Dans sa Manière d'écrire l'Histoire, il représente Voltaire comme n'ayant ni honte, ni goût, ni jugement, pour avoir dit qu'on ne fait pas les hommes à coups de plume. Il ne rapporte pas en entier le texte de Voltaire, lequel, en parlant du père Petau, de Cadmus, et de Deucalion, dit, et même assez agréablement: Le père Petau fait des hommes à coups de plume, comme Deucalion en faisait à coups de pierres. La critique tombe sur ce fameux jésuite, pour avoir, dans sa Chronologie, porté à un nombre excessif le dénombrement des Hébreux ; et par conséquent l'humeur de l'abbé de Mably est tout-à-fait déraisonnable.

CONDILLAC.

Étienne Bonnot de Condillac, frère de l'abbé de Mably, naquit à Grenoble en 1715.

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