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et des occupations champêtres; Mécène, pour les y ramener, et pour en inspirer le goût, même aux riches habitants de la ville, suggéra à Virgile, alors retiré dans les environs de Naples, le plan des Géorgiques, et l'engagea à y travailler. Les quatre vers qui commencent la première Géor gique, exposent le sujet des quatre livres.

L'Eneïde est regardée comme un ouvrage politique, composé dans la vue de réconcilier le peuple romain avec l'idée d'un monarque; car tel était en effet Auguste. Virgile prend pour sujet de son poëme l'histoire de l'origine des Romains: il montre qu'Enée, fils de Vénus et d'Anchise, vint au Latium par la volonté expresse des Dieux; en poursuivant son récit, il montre aussi que la famille Julienne descend de Julus, fils d'Enée, et qu'Auguste est le véritable successeur de Jules-César (1). La conséquence qui ré

(1) C'est d'après cela que quelques savants ont supposé que l'étoile qu'on voit près de l'effigie de Jules-Gésar, sur des gravures antiques, désigne la planète Vénus; mais un plus savant qu'eux, M. le chevalier Visconti, m'a fait observer «< que le Julium sidus semble plus probablement désigner la comète qui parut lorsque le jeune Octave, son petit-neveu et son héritier, célébrait à Rome les jeux solennels de ses funérailles (Suetonius, J. César, c. 88). Cette étoile se trouve placée au-dessus de la tête de César, sur les médailles frappées par

sultait de-là, c'est que les promesses des Dieux aux Romains ne pouvaient avoir leur accomplissement que par le moyen de cette race, à laquelle c'eût été une impiété que de se montrer contraire; mais le poëme est si varié, si plein de beautés et d'intérêt, qu'on perd de vue l'intention du poète. Cet ouvrage, qu'on met presque de niveau avec ceux d'Homère, était cependant regardé par Virgile comme imparfait; on assure même qu'il avait ordonné qu'il fut brûlé, et que c'est à Auguste que le monde doit sa conservation.

LE CHEVALIER DE PARNY.

M. le chevalier de Parny naquit à l'île de France en 1753. Il mourut à Paris, à la suite d'une maladie chronique, au mois de décembre 1814.

Sa famille l'envoya de bonne heure en Europe. Il fit ses études à Rennes; et si l'on en juge par

un Sunquinius (Merellius thesaur. familiar. gen. Sunquinia), et auprès de sa tête sur plusieurs autres monnaies frappées après sa mort. Souvent on voit aussi le lituus ou bâton pontifical placé auprès de cette tête sur les médailles, comme symbole de sa dignité de grand pontife. » Je possède une gravure du buste de Jules-César, avec l'astre et le lituus, et au revers un aigle.

quelques vers conservés dans ses œuvres, il ne fut pas très satisfait de ses premiers maîtres, qu'il appelle enfileurs de mots, et qui lui montrèrent plutôt comme on parle que comme on pense. Ses études finies, il embrassa l'état militaire. << Le temps où M. de Parny fut jeté parmi la >> jeunesse française, a dit un écrivain pério» dique, n'était pas celui des bonnes mœurs, » ni du bon esprit, ni peut-être même du bon >> goût. Ces traces des principes à la mode, » parurent s'approfondir en lui par le progrès >> des ans; et, sans jamais avoir été peut-être » pour M. de Parny des règles bien arrêtées, >> elles devinrent d'insurmontables habitudes. >> Quand son cœur fut épuisé, il ne trouva » plus qu'elles dans son esprit; elles furent une » des dernières et une des plus malheureuses res>> sources de son talent: on les reconnaît déjà au >> milieu des premiers traits de cette passion à >> laquelle il a su nous intéresser, et pour ainsi >> dire nous associer avec tant d'empire et de >> charmes. Arraché à la société de ses compa» gnons d'armes et de plaisir, et rappelé dans » son pays, il y rapporta les maximes qu'il avait >> recueillies, ou plutôt le ton qu'il avait pris » en France; il les fit servir au succès de son » amour, et le sentiment le plus vrai comme le

» plus vif emprunta le langage de la séduction, >> et, si l'on veut même, celui de la corruption >> philosophique et du libertinage; car tel est le >> caractère de la première partie des poésies érotiques de M. de Parny: c'est en cela qu'elles >> appartiennent bien à leur époque, et qu'elles » sont l'expression du temps qui les vit naître; » mais elles sont très éloignées de s'y rattacher >> par les rapports du style. L'auteur, environné » de tant d'écueils qu'il ne put éviter, sauva du >> moins son goût du naufrage; et parmi les plus >> pernicieuses influences, son talent et sa diction » brillèrent de l'éclat le plus pur (1). »

Jamais dans les écrits de M. de Parny on ne voit rien qui sente la recherche, rien qui nuise au naturel ; jamais il ne sacrifie la vérité à l'effet, ni la pensée au coloris. Le mauvais goût ne put l'atteindre.

Les Elégies de M. de Parny, dans lesquelles il peint les regrets et la mélancolie de l'amour, après en avoir célébré les plaisirs et le bonheur sont particulièrement admirables et pour le style et pour le sentiment : j'en transcrirai deux, et je les prendrai au hasard.

(1) Journal des Débats du 23 décembre 1814.

ÉLÉGIE.

Il est temps, mon Éléonore,
De mettre un terme à nos erreurs;
Il est temps d'arrêter les pleurs
Que l'amour nous dérobe encore.
Il disparaît l'âge si doux,
L'âge brillant de la folie;
Lorsque tout change autour de nous,
Changeons, ô mon unique amie!
D'un bonheur qui fuit sans retour,
Cessons de rappeler l'image,
Et des pertes du tendre amour
Que l'amitié nous dédommage.

Je quitte enfin ces tristes lieux
Où me ramena l'espérance;
Et l'océan entre nous deux
Va mettre un intervalle immense.
Il faut même qu'à mes adieux
Succède une éternelle absence;
Le devoir m'en fait une loi.
Sur mon destin sois plus tranquille,
Mon nom passera jusqu'à toi.
Quel que soit mon nouvel asyle,
Le tien parviendra jusqu'à moi.
Trop heureux si tu vis heureuse!
A cette absence douloureuse
Mon cœur pourra s'accoutumer;
Mais ton image va me suivre
Et si je cesse de t'aimer,
Crois que j'aurai cesséde vivre.

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