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fit de lui un éloge qui n'est pas sans mérite. Les OEuvres posthumes de l'abbé Barthélemy sont précédées d'un autre éloge, ou esquisse de sa vie, écrit, je crois, avec une grande vérité, et avec beaucoup plus de détails. C'est de celle-ci que j'ai tiré les extraits précédents.

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« On a reproché à l'auteur la forme qu'il a >> donnée à son ouvrage d'Anacharsis: les dé>>tails et les descriptions intéressantes ne gagnent >> rien à être mis dans la bouche du jeune Ana>>> charsis; il est vrai que la forme qu'il a, est à la >> portée de tout le monde; on eût préféré qu'il » eût divisé l'Histoire Grecque dans un certain »> nombre d'époques, et présenté, à chaque épo» que, les faits historiques, la religion, le gou>> vernement, les mœurs et usages, les sciences » et les arts. Ce livre, écrit d'un style agréable et » élégant, est d'une grande érudition; on dési>> rerait dans la plupart des discussions un peu » plus de critique, de profondeur et de philoso>> phie; on voudrait trouver un juge éclairé, plu» tôt qu'un panégyriste de l'antiquité. Enfin, si l'ouvrage de l'abbé Barthélemy manque quelquefois de force et de précision, c'est au plan » et à la forme romanesque qu'il lui a plu d'a>>dopter, qu'il faut l'attribuer (1) ».

(1) Les Trois Siècles de la Littérature française.

MARMONTEL.

Contes moraux, Nouveaux contes moraux, Bélisaire, les Incas.

Jean-François Marmontel naquit le 17 juillet 1719, à Borte, petite ville sur les confins de l'Auvergne et du Limousin, et mourut le 28 décembre 1799, à quatre-vingts ans.

il

<< Il eut plus d'un obstacle à vaincre pour » s'élever. Ses premières études furent très-pé>> nibles : il y porta plus de constance que de fa»cilité. Mais après avoir dompté la nature, » fut arrêté dans sa course par l'indigence. Le >> besoin l'obligea d'être répétiteur dans quelques » colléges de jésuites; il fut même près d'entrer » dans cet ordre, où se développa plus d'un ta>>lent fameux. Il se fit abbé un moment, et pro>> fessa la philosophie à Toulouse. Couronné aux » jeux floraux, il envoya sa pièce à Voltaire. » Celui-ci reconnut, dans les essais du jeune >> Marmontel, les germes du talent, et le fit venir » à Paris. La liaison qui s'établit alors entre le >> maître et le disciple, n'a jamais été interrom» pue; et Marmontel sera toujours cité avec >> honneur parmi les hommes célèbres qui ont

» été les contemporains et les amis de Vol>> taire (1). >>

Il a éprouvé de violentes critiques; il eut même des ennemis; mais il avait aussi de nombreux amis. La nature l'avait doué de la constitution la plus robuste; il jouissait d'une santé inaltérable, et tout lui promettait une heureuse vieillesse, quand la révolution lui enleva toutes ses jouissances, « Lorsque tous les talens étaient menacés de mort; et qu'il eut perdu dans la ruine universelle une fortune médiocre, acquise par de longs travaux, il se réfugia dans un hameau de Normandie, non loin des lieux où vécut Corneille et naquit le Poussin. Il porta dans le calme des champs la même activité qu'au milieu de Paris. La vieillesse n'interrompit point ses travaux. Il composa dans cette retraite, des. mémoires très-curieux, sur sa vie et son siècle, qui ont paru après sa mort, et plusieurs ouvrages utiles, tels qu'une rhétorique, une poétique (2) et une logique, à l'usage des jeunes - gens. Sa bonté, encore plus que sa gloire, le rendit cher à tous les habitants de son voisinage....

« Les électeurs du département d'Evreux le

(1) Mercure de France..

(2) Ou plutôt une nouvelle édition de sa poétique ( donnée en 1760), qu'il avait revue et refondue.

» nommérent, d'une voix unanime, membre du >> conseil des Anciens, l'an 5 de la république. » Marmontel ne voulut point déshonorer son grand âge et sa renommée. Sa probité coura>> geuse dans ce conseil déplut. On n'osa point >> déporter un vieillard aussi célèbre et aussi pai>>sible; mais on le fit rayer de la liste des repré>> sentants du peuple. Il gémit sur sa patrie, re>> tourna dans sa solitude, et c'est là qu'il mou>> rut (1). »

Ce fut par des tragédies que Marmontel débuta comme auteur, mais ses essais dans ce genre ne furent point heureux. Il donna, en 1748, Denys le Tyran, qui fut suivi d'Aristomène, Cléomène, Cleopátre, les Héraclides, et Egyptus: ce dernier n'a jamais été imprimé; et dans son recueil, il mit Numitor à la place. Mais quoiqu'on trouve dans toutes ses pièces de théâtre « les combinaisons d'un homme qui a beaucoup d'esprit et des pensées, on n'y trouve point les mouvements d'une ame tragique et l'éloquence des passions ». Marmontel, convaincu enfin qu'il devait suivre une autre carrière, quitta le théâtre tragique pour le théâtre lyrique, mais sur-tout pour les petits opéra joués au théà

(1) Mercure de France.

,

tre qu'on appelait Théâtre Italien, où il donna le Huron, Lucile, Sylvain. Zémire et Azor, et l'Ami de la maison. « Ceux qui sont entrés dans le monde à l'époque où Grétry réunissait son talent à celui de Marmontel, n'ont point oublié l'effet des actes charmants dont l'un et l'autre ont embelli le Théâtre Italien. Leurs chants et leurs vers ont été redits par tous les amants, au village comme à Paris. Marmontel, en ce genre, connut très-bien le rythme poétique propre au rythme musical. Le duo de Sylvain en est une preuve frappante.......

Les amateurs retiendront toujours avec plaisir quelques passages de cet opéra, tels que ceux-ci :

Ne crois pas qu'un bon ménage
Soit comme un jour sans nuage;
Le meilleur, même au village,
A ses peines, ses soucis ;
Mais les grâces de ton âge
Les ont bientôt éclaircis.
L'homme est fier, il est sauvage;
Mais, dans un doux esclavage,
Quand c'est l'amour qui l'engage,
Il perd toute sa fierté;

Il renonce à son empire.
C'est en vain qu'il en soupire,
Un regard sait le séduire :
Il ne faut, pour le réduire,

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