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through Sienna to Rome, where I arrived in the beginning of October. 2. My temper is not very connoit peu la véritable dignité d'un homme de lettres. S'il a beaucoup de science, elle est bornée à la physique. Il m'a demandé si lord Spenser ne pouvoit pas faire des évêques, et m'a fait un conte de lord Lyttelton (dont il ne peut souffrir le fils) où il étoit question des parlemens de campagne. Le soir nous avons suivi le chevalier Mann à trois assemblées chez la comtesse de Gallo, chez la marquise Gerini, et chez le duc Strozzi. Cette succession rapide peut seule m'empêcher de m'ennuyer. Je ne parle point la langue du pays. J'ignore leurs jeux. Les femmes sont occupées de leurs cicisbées, et les hommes paroissent d'une indifférence extrême.

Florence, Août 16.]-J'avois oublié de marquer vers le milieu de Juillet, que le cardinal Stuart a passé à Florence pour aller à Pise. C'est dans le palais Corsini qu'il a logé. Nous l'avons vu un instant à la galerie, ou il ne s'est arrêté qu'une demie-heure. C'est un homme d'une petite mine, et qui a l'air beaucoup plus vieux qu'il ne l'est en effet. On le dit bon homme, mais excessivement bigot, et sous le gouvernement des Jésuites. Un certain abbé Nicolini, fameux bel esprit, et tyran de la Crusca et bavard impitoyable, lui a fait son cour, et l'accompagné partout avec autant de soin qu'il avoit suivi le duc de York. Il est fallu de fort peu que ces deux Sosies ne soient rencontrés aux bains de Pise.

17.]-Les deux MM. Damer, fils de lord Milton, et petitsfils du duc de Dorset, sont arrivés. Ils sont tous les deux fort jeunes, mais sans gouverneur. C'est une mode qui commence à passer. Le gouverneur est toujours à charge, et rarement utile; et quant à la dépense il lui seroit difficile d'épargner à son élève le quart de ses propres honoraires.

18.]-Nous sommes allés avec l'abbé Pilori pour voir la Bibliothèque Magliabecchiana, trésor amassé par ce fameux bibliothécaire des grands ducs, qu'ils ont depuis rendu pub. lique. Elle consiste en 40 à 50 mille volumes, rassemblés dans un assez beau vase. Il est singulier qu'un particulier d'une fortune des plus médiocres ait pu rassembler un trésor digne des plus grands princes. Mais que ne pouvoit une vie très longue dont tous les momens n'avoient qu'un objet

susceptible of enthusiasm, and the enthusiasm which I do not feel, I have ever scorned to affect. But, at

unique? Magliabecchi étoit, pour parler ainsi, la mémoire personalisée: un esprit qui ne pouvoit jamais travailler de lui-même, mais qui auroit été un indice parlant des plus utiles à un homme de génie occupé de quelque branche de littérature. J'ai vu dans cette bibliothèque une preuve combien la vie entière de cette homme étoit consacrée aux sciences. C'est son commerce épistolaire qui remplit centaines de volumes. On y lit les noms les plus célèbres de l'Europe, et le nombre entier des correspondans monte à plus de trois mille deux cens. Je sens qu'ils n'ont pas été contemporains, mais il y a encore de quoi remplir tous les instans d'une vie ordinaire. Les réponses de Magliabecchi sont en très petit nombre. On comprend facilement qu'il n'en pouvoit pas conserver beaucoup de copies; mais on ne soutient point une telle correspondance sans en remplir exactement les devoirs. Peut-être qu'un habile homme pourroit faire dans ce repertoire immense un choix judicieux qui enricheroit l'histoire littéraire du siècle passé. La bibliothèque est plutôt utile que curieuse. Elle se distingue bien plus par les livres imprimés, que par les MSS. qui sont presque tous à St Laurent. Il y a cependant un beau recueil des mathematicians Grecs, dont il y en a plusieurs qui n'ont jamais été publiés; une collection nombreuse des premières éditions du quinzième siècle, et un livre imprimé à Venise dans le seizième, qui est très précieux par sa rareté et par son sujet. C'est la Collection des Lois du Royaume de Jérusalem, qui sont passées dans le Royaume de Chypre sous la Maison de Lusignan, et qui paroissent s'y être conservées sous le gouvernement des Vénétiens. Ce livre est en Italien, et ne peut étre par consequent qu'une traduction. J'y ai vu la confirmation d'une circonstance racontée par tous les historiens, que Godefroi de Bouillon n'avoit jamais voulu se faire couronner pour ne pas porter une couronne d'or, dans les lieux même où son Dieu en avoit porté une d'épines. Ce livre a été ignoré de tous les savans. On croit même que Muratori ne le connoissoit pas. Il pourroit servir pour l'histoire des Croisades. De là nous sommes allés à l'église de Santa Croce. L'architecture n'a rien de considérable pour l'architecture: mais ce n'a pas été sans un respect secret

the distance of twenty-five years, I can neither forget nor express the strong emotions which agitated my

que j'ai considéré les tombeaux de Galilée, et de Michel Ånge, du restaurateur des arts, et de celui de la philosophie : génies vraiment puissans et originaux. Ils ont illustré leur patrie mieux que les conquérans et les politiques. Les Tartares ont eu un Jenghiz Khan, et les Goths un Alaric, mais nous détournons nos yeux des déserts, ensanglantés de la Scythie pour les fixer avec plaisir sur Athèns et sur Florence.

Florence, Août 29, 1764.]-Nous sommes allés en corps avec le Chevalier Mann, pour faire visite au Maréchal Botta, qui est arrivé aujourd'hui de Vienne, en dix jours. C'est une course un peu forte pour un vieillard qui a soixante dix-sept ans, mais il paroît encore vert et vigoureux. Il nous a reçu poliment, mais il n'a parlé qu'au chevalier. C'est un homme singulier, qui s'est élevé aux plus grands emplois à force de bévues. Il a eu des ambassades brillantes, et des commandemens d'armées. Aujourd'hui il est feld-maréshall, colonel d'un régiment d'infanterie, chef de la régence de Toscanne, et vicaire-général de l'empire en Italie. On se plaint beaucoup de sa hauteur et de son avarice. Il se refuse aux dépenses les plus nécessaires pour envoyer beaucoup d'argent à Vienne, et dans sept ou huit ans qu'il a gouverné le Toscane, il n'a rien fait pour le bien du pays. On compare cette conduite à celle de son prédécesseur le comte de Richecourt, qui a dignement représenté son prince; qui a conclu un concordat trés advantageux avec la cour de Rome, supprimé l'inquisition, borné le nombre et la richesse des couvens par une loi de mortmain, qui a fait de grand chemin à Bologne, &c.

J'ai

Florence, Septembre 1, 1764.]-Le chevalier Mann, comme à l'ordinaire. J'y ai vu un baron Prussien, dont je ne sais pas le nom. Il y a quartre ou cinque ans qu'il voyage. Il a été en Angleterre, et parle trés bon Anglois. Il me paroît joli garçon et ne manque point de sens. causé avec lui sur son roi. Il est permis d'être curieux sur le compte d'un pareil homme. Je vois qu'il l'admire plus qu'il ne l'aime. A-t-il tort? Un de ses oncles s'est fait hacher en pièces pour ne pas essuyer les reproches durs et inévitables de son maître de ce qu'il n'avoit pas fait l'impossible. Le roi de Prusse se pique de se connoître

mind as I first approached and entered the eternal city. After a sleepless night I trod, with a lofty step, the

en physionomie, science qu'il estime, et qui doit plaire aux rois, parcequ'il semble leur donner les connoissances intentives d'un etre supérieur. Le roi méprise tout homme qui paroît intimidé en sa présence. Mais ne distingueroit-il point entre le courtisan qui tremble devant un roi, et l'homme qui sent la supériorité d'un grand homme ?

Pise, Septembre 24, 1764.]—J'ai trouvé à Pise mon parent le commandant Acton, avec son neveu, qui nous ont comblé de politesses. Je plains beaucoup ce pauvre vieillard. A l'âge de soixante ans il se trouve abandonné de tous les Anglois pour avoir changé de religion; accablé d'infirmité, sans espérance de revoir son pays, il se fixe parmi un peuple dont il n'a jamais pu apprendre la langue. Dans l'univers entier il ne lui reste que son neveu, dont la réputation a beaucoup souffert du changement de son oncle, qu'on attribue à son manège.

[TRANSLATION.]

JOURNAL, Florence, August 9, 1764.]-Cocchi has dined with us. We have discoursed much together, but I cannot discover the genius which is assigned to him, probably because our tendencies are not analogous. I detect, extravagance in his ideas, and affectation in his manners. He is eternally complaining of his poverty, and feels but little of the real dignity of a man of letters. If he possess much science, it is confined to the physical branches. He asked me if lord Spencer could not create bishops, and he told me a story of lord Lyttelton (whose son he cannot endure) in reference to the subject of provincial parliaments In the evening we attended sir H. Mann to three assemblies-those of the countess de Gallo, of the marchioness Gerini, and of the duke Strozzi. This rapid succession prevented weariness. I cannot speak the language of the country, and I know not their games. The women are occupied by their cicesbeos, and the men seem altogether indifferent.

Florence, August 16.]—I forgot to remark that towards the middle of July cardinal Stuart passed through Florence in his way to Pisa. He lodged in the palace Corsini. We

ruins of the Forum; cach memorable spot where Romulus stood, or Tully spoke, or Cæsar fell, was at

saw him for a moment at the gallery, where he staid about half an hour. He is a man of mean appearance, who looks' much older than he really is. They describe him as a wellmeaning man, but excessively bigotted, and governed by the Jesuits. A certain abbé Nicolini, a celebrated bel esprit, a Della Cruscan dictator, and merciless romancer, pays his court to him, and accompanies him everywhere with as much attention as if he were the real duke of York. nearly happened indeed, that these two Sosias encountered each other at the baths of Pisa.

It

17.] The two messieurs Damer, sons of Lord Milton, and grandsons of the duke of Dorset, are arrived. They are both very young, and unaccompanied by a tutor. This begins to be the practice. A governor is always expensive and seldom useful; and as to extravagance, it would be difficult for him to save his pupil a quarter of that which he himself receives as salary.

18.] We went with the abbé Pilori to see the Magliabecchian library; the treasure amassed by this famous librarian of the grand dukes, which has since been open to the public. It consists of frem forty to fifty thousand volumes collected in a tolerably handsome receptacle. It is singular, that an individual of a very moderate income should be able to collect together a treasure worthy of the greatest princes. But what cannot a long life accomplish, every moment of which is dedicated to a single object? Magliabecchi, to employ a particular mode of expression, was Memory personified. His mind could produce nothing from itself, but was capable of becoming a living index to information the most useful to men of genius, occupied in particular branches of literature. I have beheld in this library a proof of the manner in which the whole life of this man was consecrated to the sciences; I allude to his epistolary correspondence, which fills one hundred volumes. We find there the most celebrated names of Europe, and the whole number of his correspondants amounts to three thousand two hundred. I am aware that they were not always contemporary, but, notwithstanding, quite sufficient to occupy every moment of an ordinary life. The answers of Magliabecchi are but few in number, and

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