sultait de-là, c'est que des Dieux aux Romains ne pouvaient avoir leur accomplissement que par le moyen de cette race, à laquelle c'eût été une impiété que de se montrer contraire; mais le poëme est si varié, si plein de beautés et d'intérêt, qu'on perd de vue l'intention du poète. Cet ouvrage, qu'on met presque de niveau avec ceux d'Homère, était cependant regardé par Virgile comme imparfait; on assure même qu'il avait ordonné qu'il fùt brûlé, et que c'est à Auguste que le monde doit sa conservation. LE CHEVALIER DE PARNY. M. le chevalier de Parny naquit à l'ile de France en 1753. Il mourut à Paris, à la suite d'une maladie chronique, au mois de décembre 1814. Sa famille l'envoya de bonne heure en Europe. Il fit ses études à Rennes; et si l'on en juge par un Sunquinius ( Merellius thesaur. familiar. gen. Sunquinia), et auprès de sa tête sur plusieurs autres monnaies frappées après sa mort. Souvent on voit aussi le lituus ou bâton pontifical placé auprès de cette tête sur les médailles, comme symbole de sa dignité de grand pontife. » Je possède une gravure du buste de Lules-César, avec l'astré et le litius, et au revers un aigle. ne quelques vers conservés dans ses oeuvres, il très satisfait de ses premiers maîtres, qu'il » par » plus vif emprunta le langage de la séduction, » et, si l'on veut même, celui de la corruption philosophique et du libertinage; car tel est le » caractère de la première partie des poésies éro» tiques de M. de Parny : c'est en cela qu'elles » appartiennent bien à leur époque, et qu'elles » sont l'expression du temps qui les vit naître; » mais elles sont très éloignées de s'y rattacher les rapports du style. L'auteur, environné » de tant d'écueils qu'il ne put éviter, sauva du » moins son goût du naufrage; et parmi les plus pernicieuses influences, son talent et sa diction » brillèrent de l'éclat le plus pur (1).» Jamais dans les écrits de M. de Parny on ne voit rien qui sente la recherche, rien qui nuise au naturel ; jamais il ne sacrifie la vérité à l'effet, ni la pensée au coloris. Le mauvais goût ne put l'atteindre. Les Elégies de M. de Parny, dans lesquelles il peint les regrets et la mélancolie de l'amour, après en avoir célébré les plaisirs et le bonheur, sont particulièrement admirables et pour le style et pour le sentiment : j'en transcrirai deux, et je les prendrai au hasard. (1) Journal des Débats da 23 décembre 1814. ÉLÉGIE. Il est temps, mon Éléonore, De mettre un terme à nos erreurs; Il est temps d'arrêter les pleurs Que l'amour nous dérobe encore. Il disparaît l'âge si doux, L'âge brillant de la folie ; Lorsque tout change autour de nous, Changeons , ô mon unique amie! D'un bonheur qui fuit sans retour, Cessons de rappeler l'image, Et des pertes du tendre amour Que l'amitié nous dédommage. Je quitte enfin ces tristes lieux Qù me ramena l'espérance ; Et l'océan entre nous deux Va mettre un intervalle immense. Il faut même qu'à mes adieux Succède une éternelle absence; Le devoir m'en fait une loi. Sur mon destin sois plus tranquille, Mon nom passera jusqu'à toi. Quel que soit mon nouvel asyle, Le tien parviendra jusqu'à moi. Trop heureux si tu vis heureuse! A cette absence douloureuse Mon cæur pourra s'accoutumer; Mais ton image va me suivre Et si je cesse de t’aimer, Crois que j'aurai cesséde vivre. AUTRE ÉLÉGIE. Aimer est un destin charmant : pas avec Le talent et le goût du chevalier de Parny ne l'abandonnèrent avec les inspirations de l'amour. Plusieurs compositions agréables succédèrent aux poésies érotiques; les teintes aimables et douces que les premiers sujets, traités par lui, avaient laissées dans son imagination, colorèrent les Tableaux, les Fleurs, les Déguisements, et autres jolies pièces, dans lesquelles on reconnaît la même touche et la même grâce que dans celles qui les avaient précédées. Voici un fragment du petit poëme intitulé les Fleurs : Lorsque Vénus , sortant du sein des mers, |