Oh! bon, quelle folie! êtes-vous de ces gens Soupçonneux, ombrageux? Croyez-vous aux méchants? Ce petit préjugé qui ne va qu'au vulgaire ? Si l'on s'aimait si fort: l'amusement circule » Non seulement ces vers sont de la tournure >> que » la plus facile et la plus agréable, mais c'est là » ce que j'appelle, dans une comédie, des pein>>>tures de mœurs. On s'aperçoit bien, il est vrai, le Méchant charge un peu le tableau pour plaider sa cause, et généralise le plus qu'il » peut, sans se confondre dans la foule; mais >> on sent en même temps qu'il y a un fond de » vérité, dans ce qu'il dit; que ce grand air d'in>> souciance sur tout, dernier terme de l'esprit >>> de société qui accoutume à tout, tient nécessai»rement à une extrême immoralité, dont les >> causes ne seraient pas difficiles à trouver dans >> ce même esprit de société qui, à force de per» fectionner les formes, a corrompu les choses, » et, en devenant la première des lois, a trop >> affaibli toutes les autres. Ce mot si remar» quable, rien n'est vrai sur rien, est d'une > grande et funeste étendue; il a tout détérioré, » depuis la morale jusqu'aux arts; c'est le refrain >> des fripons et des esprits faux, et il faut bien » qu'ils y trouvent leur compte avec ce mot, >> les uns s'excusent de tout, les autres se dis» pensent de raisonner sur rien. » Ce rôle du Méchant est encore un exemple » de ces nuances mobiles et passagères, que peut >> saisir successivement le pinceau des poètes co>>miques. Le ton que Gresset lui donne est celui qu'avaient mis à la mode, depuis l'époque de >> la régence, des sociétés d'un haut rang, des » femmes trop malheureusement célèbres, des >> hommes qui devaient leurs succès à leurs vices, >> et qui, faisant profession d'une perversité har» die, regardaient la probité et la vertu comme » une chimère ou un ridicule. Le charlatanisme philosophique aurait fourni depuis d'autres >> nuances au rôle du Méchant: il faudrait qu'en >> agissant comme celui de Gresset, il s'exprimât »> tout autrement; que les mots d'honnêteté et » de sensibilité, et la jactance des grands senti>>ments, fussent à tout moment dans sa bouche » comme ils reviennent sans cesse dans celle des » fripons de nos jours, et à chaque phrase des >> libelles de toute espèce, devenus les armes >>> les plus familières de l'impudence et de la lâ» cheté. Il est de règle aujourd'hui, toutes les >> fois qu'on veut dire du mal ou en faire, de >> commencer par dire beaucoup de bien de soi; » et cela ne laisse pas de réussir auprès du plus >> grand nombre, qui semble croire qu'on ne >> peut pas faire des phrases sur la vertu sans en » avoir. >> Gresset n'a pas moins bien imité le frivole » babil de la médisance étourdie, le jargon plai>> samment sérieux de la fatuité, et tout ce que 15% II. >> cieuse, une précision élégante, des aperçus Tout serait expliqué, si l'on cessait de nuire, » Un honnête homme se fàcherait, et demande >> rait l'explication d'une pareille phrase; mais » que dit Cléon? Oh! bon, quelle folie! êtes-vous de ces gens Soupçonneux, ombrageux? Croyez-vous aux méchants? Ce petit préjugé qui ne va qu'au vulgaire ? Pour moi, je n'y crois pas, soit dit sans intérêt ; Si l'on s'aimait si fort: l'amusement circule Au reste, chacun parle et fait comme il l'entend; » Non seulement ces vers sont de la tournure |