C'est la révolte du génie. Leur fatale aristocratie, Mais grâce à vos heureux essais, Mais, dites-moi, pourquoi , riche comme vous l'êtes, La couleuvre la plus subtile Serait novice à vos côtés. Près de ceux que vous connaissez ? Au prix du fiel que vous versez , Antique et savante sybille, Je dois vous faire observer, madame, que c'est une satire que vous venez de lire, et que la dame qui en est l'objet avait embrassé, dans la révolution, un parti auquel M. de Rivarol avait voué une haine irréconciliable, et qu'il combattait de toutes ses forces. L'esprit de parti est rarement juste. Au commencement de l'hiver 1801, il quitta Hambourg, pour se rendre à Berlin, où il fut accueilli avec distinction par la cour et par les hommes de lettres. Il n'y jouit pas long-temps des plaisirs que cette ville lui promettait. Attaqué le 6 avril d'une fluxion de poitrine compliquée de fièvre putride, il se fit transporter à la campagne, voulut que sa chambre fût tapissée de fleurs et que ses fenêtres restassent ouvertes. Malgré les soins de M. Formiez, médecin de la reine, la maladie ne tarda pas à prendre un caractère alarmant. Il mourut le 13 du même mois, après un court delire pendant lequel il demanda plusieurs fois des figues attiques et du nectar. Il avait quarante-quatre ans. JACQUES DELILLE. J. Delille fut un enfant de l'amour. Il naquit le 21 juin 1738, près de Clermont en Auvergne, fut reconnu sur les fonts de baptême par M. Montanier, avocat au parlement. Sa mère appartenait à la famille du chancelier de Lhôpital. Le jeune Delille fut envoyé de bonne heure à Paris, fit ses études au collége de Lizieux , alla professer les humanités à Amiens, et revint bientôt après à Paris, où il fut nommé professeur au college de La Marche. Il travaillait alors à sa traduction des Géorgiques, dont la publication apprit aux Français qu'ils avaient un poète de plus. Voltaire en fut si frappé, que, sans connaître l'auteur, il écrivit à l'Académie pour l'engager à recevoir dans son de suite, parce sein un homme dont le talent avait agrandi la littérature et la gloire de la nation. Il fut nommé en effet membre de l'Académie française en 1772; mais cette nomination n'eut pas que Delille n'avait pas l'âge prescrit par les réglements. Deux ans après il fut réélu, à la place de M. de la Condamine, dont il fit l'éloge, dans son discours de réception, de manière à placer ce discours au rang des meilleures productions académiques. Peu d'années après il acheva son Poëme des Jardins, rempli de descriptions pittoresques et brillantes, celle-ci (Chant I.): telles Jardins de Versailles. Loin de ces vains apprêts , de ces petits prodiges , Ces bronzes respirer, ces fleuves suspendus, Un ouvrage périodique de notre pays (Edimburgh Review) s'exprime ainsi au sujet du Poëme des Jardins : « Pour l'exactitude des descriptions, Delille a » presque égalé Thompson, tandis que pour le ” goût et l'éloquence soutenue, il l'a certainement » surpassé. » Ami de M. de Choiseul - Gouffier, Delille le suivit dans son ambassade à Constantinople. I visita la Grèce en poète, et fut sur le point d'être pris par un pirate algérien; au milieu de la consternation que la vue du forban inspirait à ses compagnons de voyage, il leur dit en riant: « Ce co» quin-là ne s'attend pas à l'épigramme que je vais w faire contre lui. » Ce fut sur les bords enchanteurs du Bosphore de Thrace, et au milieu des scènes les plus propres à l'inspirer, qu'il composa son Poëme de l'İmagination. Peu d'ouvrages de la langue française offrent un aussi grand nombre de beaux et de riches tableaux, de vers ingénieux et brillants. Il faut bien en citer un morceau, et je choisis le portrait de l'Arioste: De tableaux sérieux quelquefois rembrunie , |