criptif, paraîtra d'autant plus beau, que ce genre prête moins au sublime. Le souverain de la nature A prévenu tous nos besoins, Est l'objet de ses tendres soins: Sert de base au nid des oiseaux. Le daim léger, le cerf et le chevreuil agile Pour l'animal timide Qui nourrit le chasseur. Il entendait quelques unes des langues orientales. Il écrivait aussi purement et aussi également en latin qu'en français, et traduisait, avec une facilité extrême, les meilleurs auteurs anglais, allemands et espagnols. A l'âge de vingt-cinq ans, il donna sa tragédie de Didon, qui fut parfaitement accueillie du public, et qui est restée au théâtre. « La Didon de Le Franc, dit M. de La Harpe, jouée en 1734 avec un succès qui s'est toujours >> soutenu depuis, était un sujet favorable sur un >> théâtre où domine l'amour touchant, surtout >> quand il est malheureux; et toute amante aban>> donnée est tellement sûre d'exciter la pitié, >> que Médée elle-même, malgré tous ses crimes, >> ne laisse pas d'en inspirer. La conduite de Didon » est calquée moitié sur la Bérénice de Racine, » moitié sur l'opéra de Métastase. Le Franc a pris » du poète italien l'épisode d'Iarbe, qui, sous le » personnage d'un ambassadeur, vient déclarer >> son amour à la reine de Carthage, et lui laisse >> le choix de la guerre ou de la paix. Le Franc » lui doit aussi l'idée heureuse de faire triompher » Énée du roi de Gétulie, avant de s'éloigner de >> Carthage; en sorte que l'important service qu'il >> rend à Didon, couvre ce qu'il peut y avoir d'o» dieux à l'abandonner après les bienfaits qu'il en » a reçus. Achate fait auprès d'Énée le même >> rôle que Paulin auprès de Titus : Paulin oppose * >> à l'amour de son maître les lois de l'état et la » majesté de l'empire; Achate combat l'amour » d'Énée par l'intérêt des Troyens, et par les » oracles qui les appellent à régner en Italie. Les >> alternatives de la passion et du devoir sont ba>> lancées et graduées à peu près de même dans >> les deux pièces; mais la différence est grande » dans l'exécution, qui dépendait surtout de la poésie de style. Dans cette partie, l'auteur de » Didon, placé entre Virgile et Racine, ne pou>>> vait pas soutenir la comparaison; et ce qui fait >> bien sentir la supériorité de ces deux grands >> maîtres, c'est que l'imitateur, qui est si loin >> d'eux, n'est pourtant pas sans mérite. En géné» ral, il écrit avec assez de pureté, et quelquefois >> avec élégance et noblesse; mais si l'on excepte >> deux ou trois morceaux, où, avec l'aide de » Virgile, il s'élève jusqu'au pathétique, il est >> d'ailleurs rarement au-dessus du médiocre.... » Encouragé par l'accueil que le public fit à Didon, M. de Pompignan composa une autre tragédie sous le titre de Zoraïde, que les comédiens acceptérent d'abord, mais qu'ils refusèrent de jouer, à moins qu'elle ne fût soumise à une seconde lecture, et à des corrections qu'ils indiqueraient. Blessé de leur ton autant que de leurs objections, il leur écrivit la lettre suivante, dans laquelle on trouva qu'il s'exprimait avec une hauteur ridicule, « Je suis fort surpris, Messieurs, que vous exigiez une seconde lecture d'une tragédie telle » que Zoraïde. Si vous ne vous connaissez pas » en mérite, je me connais en procédés; et je me › souviendrai assez long-temps des vôtres, pour >> ne plus m'occuper d'un théâtre où l'on distin-' >> gue si peu les personnes et les talents. » Je suis, Messieurs, autant que vous méritez » que je le sois, votre, etc.>> Il tint parole, il abandonna entièrement le théâtre Français; mais il donna au théâtre Italien sa comédie des Adieux de Mars, qui obtint de grands applaudissements. Elle contient une peinture fidele des mœurs, avec une critique fine et du meilleur goût. Il essaya aussi le genre lyrique, et donna avec succès l'opéra de Léandre et Héro. Une traduction qu'il fit de la Prière universelle de Pope, qui parut en 1741, lui attira une lettre de reproches du chancelier d'Aguesseau, qui croyait voir dans cet ouvrage un systême de déisme très caractérisé. Pompignan s'empressa de se justifier auprès de ce vertueux magistrat. Dans une lettre qu'il fit imprimer dans le Journal des Savants, il ne laissa subsister aucun doute sur ses sentiments religieux, et par-là il se réconcilia parfaitement avec les dévots et le chancelier. Il a traduit de Dion Cassius le discours de Mécénas à Auguste, pour le conjurer de ne pas abdiquer l'empire, et celui d'Agrippa, pour rendre la liberté à Rome. On voit par cette traduction, qui est très élégante, que Pompignan aimait mieux le gouvernement monarchique que le républicain. Plusieurs deses ouvrages ont assurément du mérite; mais sa tragédie de Didon, et l'odesur la mort de Rousseau, dont j'ai donné un extrait, sont, à mon avis, de tout ce qu'il a écrit, ce qu'il a fait de mieux, et ce qu'on revoit avec plus de plaisir. Son Voyage en Languedoc est incontestablementinférieur à celui de Chapelle et Bachaumont; on y admire le tableau qu'il fait des spectacles des Romains, ainsi que les combats de gladiateurs. mais Là, nos yeux étonnés promènent leurs regards Sur les restes pompeux du faste des Césars. Venait d'un front serein, et de meurtres avide, |