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» sublimité des pensées. L'éloquence de Mas>> caron est fort différente de celle de Fléchier » et de Bossuet. Il n'a ni l'élégance de l'un, >> ni la force de l'autre; plus nerveux, plus » élevé, moins délicat, moins poli que le pre» mier; quelquefois aussi sublime que >> cond; moins judicieux que l'un et l'autre... >>

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HISTOIRE NATURELLE.

HISTOIRE

ISTOIRE naturelle, générale et particulière, par Buffon.

Georges-Louis Le Clerc, comte de Buffon, membre de l'académie française, membre et trésorier perpétuel de celle des sciences, intendant du jardin des Plantes, naquit le 7 septembre 1707 (*), et mourut à Paris le 16 avril 1788, à quatre-vingt-un ans, universellement aimé et respecté. Quoique lié d'amitié avec plusieurs philosophes modernes, il ne voulut jamais s'associer à eux dans leurs desseins secrets. Il déclara, avant de recevoir les sacremens, « que ses erreurs en matière de » foi avoient été celles de son esprit, mais » jamais celles de son cœur. »

«Peu d'hommes, dit Voltaire, ont été mieux » traités de la nature. Au corps d'un athlète,

(*) Le septième jour de la semaine, à sept heures du matin, baptisé à sept heures du soir. C'est Buffon luimême qui faisoit une plaisanterie de ce jeu de la nature et du hasard. On a remarqué que Linnée, le plus grand naturaliste qui ait existé après Buffon, étoit né aussi le 7 septembre, et en 1707.

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>> il joignoit l'ame d'un sage; et sa figure måle >> et noble annonçoit le caractère de son tempérament et de son génie.

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Son histoire naturelle est ce qu'il y a de plus achevé et de plus étendu sur cet immense sujet : mais des connoissances encore plus étendues et plus exactes, acquises dans l'histoire naturelle par les voyages qui ont été faits dans la dernière partie du siécle passé, ont fourni beaucoup d'articles à ajouter à l'ouvrage de Buffon, et montré des erreurs à y corriger.

On l'accuse de s'être laissé entraîner quelquefois par l'ardeur de son imagination, à laquelle on doit probablement attribuer quelques-uns de ses systêmes que la physique et la raison, autant que la religion, ont fait rejeter. Sa théorie de la terre, ses opinions sur les planètes, sur la formation des montagnes, sur le feu primitif, sur la reproduction des êtres vivans, ont été sévèrement critiquées. Il faut avouer que cette dernière opinion paroit une étrange chimère. Buffon trouvoit l'origine de tous les corps végétans et animés, dans les particules organiques universellement répandues dans les animaux et les végétaux, qui prennent, selon lui, la forme de chaque partie du corps organisé par les moyens de certains

moules intérieurs, et se réunissent ensuite dans un réservoir commun pour former l'animal ou la plante. Mais il falloit remonter à l'origine de ces particules organiques, avant de nous faire l'histoire de leurs voyages.

Avant lui on regardoit le miroir ardent d'Archimède comme une fable. M. de Buffon est le premier qui en ait prouvé la possibilité, en faisant faire un miroir qui fondoit le plomb et l'étaim à cent quarante pieds de distance, et qui allumoit le bois encore de beaucoup plus loin.

« Il est permis, en rendant hommage à >> Buffon, d'abandonner toutes ses erreurs, » dont les nouvelles découvertes nous désa» busent de jour en jour. Sa comète qui a » détaché les planètes du soleil, son feu cen»tral, le réfroidissement successif des diffé>> rentes parties du globe, et tant d'autres » hypothèses pourront subir le même sort >> que les brillantes rêveries de Platon; mais » il lui restera toujours la grandeur de ses » vues, l'élévation et la magnificence de son style. La plupart de ses continuateurs n'ont » été que ses copistes; et convenons qu'il est >> assez facile d'imiter ce style à demi-poéti» que, qui a fait dire à Voltaire, quand on

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>> lui parloit de l'histoire naturelle, pas si na» turelle. Ce reproche étoit injuste à l'égard » de Buffon, qui avoit eu le mérite de créer » sa manière, qui étoit riche sans effort, et » qui, lorsqu'il déployoit toute sa parure, ne »sembloit qu'adapter un style convenable à » la majesté de ses idées. Mais la critique >> reste dans toute sa force pour quelques-uns » de ceux qui l'ont suivi.... »

Comme écrivain, il faut le placer peut-être le premier sur la liste des auteurs français. « Correction, harmonie, propriété d'images, clarté continue, enchaînement dans les idées; il n'est aucune des qualités d'un grand écrivain dont il n'offre le modèle. Si des juges sévères ont paru desirer quelque chose dans sa diction, c'est la simplicité qu'exigeoit, selon eux, la matière qu'il avoit embrassée. » « Rousseau a été regardé comme un de nos plus grands écrivains en prose, et comme un des peintres les plus éloquens de la nature; mais Buffon méritera toujours de lui être préféré sous l'un et l'autre de ces rapports. Marchant sur les traces d'Aristote et de Pline, ce grand homme consacra sa vie entière à l'étude de la nature, et accumula cette multitude de matériaux nécessaires à l'édifice immense et

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